Les métaux rares sont des composants essentiels au fonctionnement de nombreux objets du quotidien comme les smartphones, ordinateurs, voitures, voire les éoliennes.
"1,8 milliard de smartphones sont produits par an, ce qui a des répercussions sur la demande en métaux rares. D'autant que les matières premières mobilisées sont de plus en plus diversifiées. La production de smartphones mobilise à elle seule, 13 % de la production mondiale de palladium, 11 % de la production mondiale de cobalt, 3 % d'argent et environ 1% d'autres métaux" détaille Patrice Christmann, directeur adjoint de la Stratégie du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières).
Le choix de l'importation
La France a fait le choix de l'importation de matières premières, sans chercher à exploiter les terres et métaux rares existant sur le territoire national. Le géologue Patrice Christman s'inquiète d'un déficit des terres rares lourdes, expliquant qu'il pourrait limiter le développement des énergies vertes. "La France a négligé la politique des ressources minérales. Et aujourd'hui il y a de moins en moins de spécialistes en ingénierie des mines, ce qui peut poser problème dans les années à venir" assure le géologue.
Cependant, pas d'épuisement des ressources à l'horizon. Pour Patrice Christmann, il suffit de mieux exploiter les ressources disponibles en France et en Europe. "Le potentiel exploitable dans les trois premiers kilomètres de l'écorce est énorme, et il est sous exploité. La France dispose des technologies pour exploiter à cette profondeur" déclare-t-il. Il faut utiliser les technologies de prospections modernes pour mieux explorer la France et l'Europe, telle la géophysique aéroportée selon le géologue.
"En 1992, tous les efforts d'exploration moderne des ressources minérales ont cessé, avec la fin de l'inventaire minier. Les technologies de prospections modernes n'ont jamais été utilisées pour explorer au-delà de la partie superficielle des gisements" explique Patrice Christmann.
Le groupe d'expertise sur les métaux rares ERECON (European Rare Earth Competency Network) mandaté par la Commission européenne, est chargé de définir une politique garantissant l'approvisionnement en terres et métaux rares à l'échelle européenne. Le groupe ERECON se divise en trois. Le premier groupe cherche de nouvelles zones à explorer, et travaille sur les barrages à la production de terres rares en Europe. Le deuxième groupe se concentre sur le recyclage des terres rares dans l'UE. Quant au troisième groupe, il tente de trouver des solutions au défi que posera le tarissement des terres et métaux rares dans les années à venir. Les groupes de travail ont quasiment finis leurs travaux, qui seront présentés dans un document commun à Milan, le 13 octobre 2014.
Droits de douane et quotas chinois
Dès 2010, la Chine a mis en place des droits de douane et des quotas élevés, afin d'avoir la main mise sur les ventes mondiales de terres rares. Pour le justifier, Pékin avance des raisons environnementales. Comme l'UE dépend en majorité des importations, cette décision est interprétée comme une forme de concurrence déloyale. En effet, à l'époque Pékin maintient des prix nationaux très bas, tandis que les prix internationaux augmentent.
"L'industrie européenne dépend entièrement des importations de terres rares en provenance de Chine, qui détient un quasi-monopole en contrôlant 95 % de la production mondiale" déclarait le Parlement européen en 2011. La Chine a été condamnée à deux reprises par l'OMC pour ses pratiques trompeuses sur les terres rares, d'abord en juillet 2011, puis en mars 2014. La première fois, Pékin a été condamné en raison de l'application de taxes sur l'exportation de neuf types de terres rares. La deuxième fois c'est sur la mise en place de quotas sur l'exportation du tungstène et du molybdène chinois que Pékin est condamné.
Actuellement les droits de douane pratiqués par la Chine sur les terres rares sont de 15 à 25 % selon la Commission européenne. Véritable violation des règles du commerce international, la pratique de quota et de droits de douane élevés sur l'exportation des terres rares a entrainé la délocalisation de plusieurs entreprises européennes.
"Plusieurs industries de fabrication européenne qui se situent en aval de la chaîne de la production ont délocalisé leurs activités en Chine afin de profiter des terres rares aux prix locaux. Le secteur de la fabrication d'aimants permanents a particulièrement été touché par ce mouvement de délocalisation" explique la Commission à EurActiv.