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L'exploitation et la maintenance des parcs, le prochain défi de l'industrie éolienne

La jeune industrie éolienne française cherche à optimiser sa production. La fonction exploitation et maintenance des parcs éoliens devient essentielle et pousse les différents acteurs à se réorganiser sur le terrain, non sans difficulté.

Energie  |    |  F. Roussel
   
L'exploitation et la maintenance des parcs, le prochain défi de l'industrie éolienne
   
Selon les dernières données du Syndicat des Energies Renouvelables (SER) la France comptait fin 2009 quelque 3.500 éoliennes sur son territoire d'une puissance d'environ 4.500 mégawatts. Les objectifs de développement issus du Grenelle prévoient l'installation de plus de 20.000 MW supplémentaires d'ici à 2020 soit plusieurs milliers de nouvelles éoliennes.
Sur le terrain un nouvel enjeu se dessine déjà, celui de l'exploitation et de la maintenance des parcs. Même si le SER s'inquiète du rythme de croissance actuel, qui selon lui ne suffira pas à respecter les objectifs, la jeune industrie éolienne est appelée à prendre de l'ampleur dans les prochaines années et une meilleure structuration des rôles et des responsabilités de chaque acteur s'avère nécessaire.

L'organisation actuelle de l'industrie éolienne est le fruit d'un développement récent axé sur la course aux mégawatts installés. Résultat, la fonction d'exploitant en est encore à ses débuts et doit se faire une place dans le schéma industriel. Historiquement, la maintenance des parcs a été confiée aux constructeurs d'éoliennes, les plus à même d'assurer la réparation de leurs équipements dans le cadre d'une ''garantie constructeur''. Pour rassurer les investisseurs et les propriétaires de parcs, ces derniers se sont engagés à maintenir les éoliennes en état de marche pendant une certaine période de l'année (notion de disponibilité technique d'un site). Désormais la fonction d'exploitation et de maintenance évolue avec, comme philosophie, l'optimisation de la production électrique des parcs. Cette évolution peut se traduire sur le terrain par des problèmes de communication et de méfiance entre les acteurs.

Des divergences d'intérêts entre exploitants et constructeurs

À l'occasion d'une conférence organisée par le cabinet Wind Prospect, des exploitants ont témoigné des difficultés qu'ils rencontrent dans leur relation avec les constructeurs. Dans certains cas, les exploitants regrettent de ne pas disposer de toutes les informations nécessaires pour optimiser la production des parcs : causes des arrêts des machines, réparations prévues par le constructeur, mot de passe pour accéder au réseau du parc et régler les machines, voire difficultés pour obtenir les clefs d'accès au site. Ces questions sont d'autant plus cruciales lorsque le site sort de la garantie constructeur et que l'exploitant doit reprendre la main sur la maintenance des machines.
Ces difficultés traduisent en réalité une divergence d'intérêt entre exploitants et constructeurs. Alors que le constructeur cherche à limiter ses frais de maintenance tout en respectant ses engagements en termes de disponibilité du site, l'exploitant réfléchit en termes de coût de maintenance par rapport à la production d'électricité du parc. Résultat, le second aura tendance à vouloir intervenir rapidement pour ne pas perdre de production tandis que le premier n'interviendra que si l'arrêt de la machine est de son ressort et met en péril son engagement en termes de disponibilité technique.

Mais dans l'éolien, les arrêts des machines ne sont pas toujours dus à une panne de l'éolienne : pas de vent, vitesse de vent insuffisante ou trop élevée, problème de connexion au réseau électrique, etc. Les deux acteurs doivent donc se mettre d'accord sur les responsabilités de chacun lorsque les éoliennes sont à l'arrêt. ''Il est essentiel de savoir quelle est la cause première de l'arrêt d'une machine pour définir si cela est du ressort du constructeur ou pas'', prévient Jean-Christophe Thomas, Responsable Exploitation Maintenance chez Wind Prospect. Dans certains cas, les constructeurs peu sérieux peuvent jouer sur ces arrêts pour ne pas s'imputer certains problèmes et ''s'arranger'' pour qu'au final la disponibilité du site soit celle prévue dans leur contrat. ''Ces différences d'interprétation des formules de calcul compliquent l'analyse des deux acteurs'', explique Jean-Christophe Thomas en pointant du doigt des conflits d'intérêts : ''le problème c'est que le constructeur mesure lui-même sa propre performance avec ses outils et selon ses propres règles''.

À chacun sa stratégie

Les exploitants ont déployé plusieurs stratégies suivant la situation de chaque parc éolien. EDF-EN par exemple a choisi de sous-traiter la maintenance aux constructeurs pour certains de ses parcs seulement. Bénéficiant de son expérience dans d'autres secteurs en tant que producteur d'énergie, la société décline ses procédures au monde de l'éolien. Son poids dans la filière favorise sans aucun doute ses relations avec les constructeurs.
La société Boralex a quant à elle choisi d'internaliser l'exploitation et la maintenance de certains de ses parcs à l'occasion des sorties de garantie constructeur. ''Nous étions confrontés à des délais d'intervention trop longs sur nos parcs isolés, nous avons donc choisi de monter nos propres équipes de maintenance sur place pour privilégier la maintenance préventive'', explique Benoit Vantourout, responsable d'exploitation chez Boralex. L'entreprise a dû former le personnel et mettre en place de nouvelles relations avec le constructeur pour la fourniture des pièces. Même si ce ne fut pas chose facile, la société ne regrette pas ce choix : ''nous avons réussi à augmenter la disponibilité et la production de nos sites'', témoigne Benoit Vantourout.
La société Eole-RES a également choisi de sortir complètement du giron du constructeur à la fois pour les pièces et la maintenance même si elle reconnaît ''que pour les parcs hors garantie, il faut prévoir deux à trois fois plus de travail''. Pour s'organiser, elle a opté pour la mise en place d'un logiciel de GMAO (Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur). ''Cet outil nous a permis d'améliorer la prestation mais le plus difficile reste à convaincre de l'intérêt de renseigner tous les actes effectués'', explique Marc Holtz, ingénieur exploitation maintenance chez Eole-RES.

Vers une clarification des rôles et des responsabilités

Selon Jean-Christophe Thomas de Wind Prospect, il semble important que chaque acteur trouve sa place dans ce secteur en voie d'industrialisation : ''l'exploitant doit assurer la supervision du parc, la gestion des stocks des pièces de rechange et planifier les travaux tandis que le constructeur doit s'engager sur des délais d'intervention, fournir les pièces nécessaires et proposer des retrofits'', explique-t-il. ''Nous sommes dans une phase de transition vers ces nouveaux rôles mais la mutation est en bonne voie''. Cela devrait se traduire par le développement d'autres formes de contrat de maintenance.

Notes

1 - Crédit photo Ouestacro, spécialisée dans l'emploi des techniques de travaux sur cordes et la sécurité des hommes en hauteur.

Réactions1 réaction à cet article

maintenance

C'est bien prévisible, les éoliennes nécessitent beaucoup de maintenance car leurs pales sont en mouvement. Donc les roulements peuvent se détériorer. De plus et surtout les forces centrifuges auquels sont soumises les pales engendrent d'autres forces. Il y a donc un véritable pb de résistance des matériaux. Le solaire n'a pas ces inconvénients, car les panneaux sont fixes. A titre de comparaison: la radio cassette: la radio dure longtemps mais la cassette non.

salem | 12 mars 2010 à 17h21 Signaler un contenu inapproprié

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