
C'est un accident industriel sur un site nucléaire, a indiqué Nathalie Kosciusko-Morizet, lors de son déplacement sur le site nucléaire de Marcoule (Gard), où une explosion a fait un mort et quatre blessés lundi, en milieu de journée. Aucune fuite radiologique, aucun risque pour la population riveraine, plus de peur que de mal, selon la ministre de l'Ecologie.
Trois enquêtes sont en cours, menées par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), les gendarmes et l'inspection du travail, pour déterminer les causes de l'accident. Si l'installation de traitement de déchets faiblement radioactifs faisait l'objet d'une surveillance accrue depuis 2008, l'explosion de lundi ne devrait pas a priori avoir de liens avec ces défaillances, selon l'ASN.
La Socodei, exploitant du site et filiale d'EDF, indique que c'est la première fois qu'un drame de cette ampleur se produit sur le site.
Cet accident a cependant relancé le débat sur le nucléaire, six mois après la catastrophe de Fukushima (11 mars 2011). Opposition, associations, élus ont un mot à la bouche : transparence.
Réactions également à l'international. Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), réunie depuis lundi à Vienne, a demandé des informations à la France concernant l'accident, ''conformément à la procédure classique''.
La Commission européenne a indiqué de son côté qu'elle suivra de près la situation en collaboration avec les autorités nationales.
Le centre de traitement de déchets faiblement radioactifs Centraco
Centraco traite des déchets nucléaires faiblement radioactifs en provenance des installations nucléaires d'EDF et d'Areva. Installée depuis les années 90 sur le site de Marcoule, elle emploie environ 250 personnes. Les déchets radioactifs solides ou liquides y sont incinérés. Les matériaux radioactifs métalliques y sont fondus dans un four de type sidérurgique.
C'est dans ce four que serait survenue l'explosion. Il contenait quatre tonnes de métaux dont la radioactivité était de 67.000 becquerels, selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Incidents : une attention particulière de l'ASN depuis 2008
Le site faisait l'objet d'une surveillance accrue depuis 2008. ''Devant le constat de lacunes dans la culture de sûreté au sein de l'installation Centraco, l'ASN a été amenée en 2008 à demander des engagements forts à l'exploitant. L'ASN a constaté, de par ses inspections et l'analyse d'une succession d'évènements au sein de l'installation, une insuffisance du contrôle des activités d'exploitation et de coordination, une connaissance insuffisante du référentiel de sûreté par les agents d'exploitation et un manque de culture de sûreté au sein de l'installation'', indiquait l'ASN dans son rapport sur la sûreté nucléaire 2008. Onze incidents dont un de niveau 1 ont été constatés en 2008. Ainsi, il avait été demandé à l'exploitant de mettre en place un ''plan d'actions d'envergure''.
''Lors d'une nouvelle réunion entre l'ASN et le directeur général de Centraco qui s'est tenue en fin d'année 2010, l'ASN a noté une réelle appropriation par l'exploitant de son plan d'action d'amélioration de la sûreté et un engagement au niveau de la direction pour le mettre en œuvre'', notait l'agence dans son rapport 2010.