Est-ce un signe de la désindustrialisation ? Sur les vingt dernières années, les exportations hexagonales de déchets recyclables ont doublé, faisant de la France le premier exportateur européen net en quantités. Dans le même temps, les importations sont en baisse régulière. Conséquence : le solde affiche un excédent de 4,5 milliards d'euros en 2021. L'essentiel des exportations est composé de métaux (60 % du total) et de papiers et cartons (22 %). Les pays européens frontaliers sont les principaux partenaires commerciaux.
Telles sont les principales conclusions tirées d'une analyse (1) réalisée par le Commissariat général au développement durable (CGDD) et portant sur les échanges commerciaux français de matières premières de recyclage (MPR), de 1990 à 2021.
Doublement des volumes exportés
Entre 1990 et 2021, le volume des exportations de déchets valorisables a quasiment doublé, passant de 5,6 à 11,9 millions de tonnes (Mt). Ce volume place aujourd'hui la France en troisième position des pays européens exportateurs, derrière l'Allemagne (13,7 Mt) et les Pays-Bas (12,0 Mt). L'essentiel de cette croissance a été enregistré avant 2010, les exportations s'étant stabilisées depuis cette date autour de 11 Mt.
Côté importations, les volumes « déclinent de 2,0 % par an sur la période, passant de 5,1 Mt en 1999 à 3,3 Mt en 2021 ». Ces deux évolutions aboutissent, en 2021, à un solde exportateur de 8,7 Mt, ce qui constitue un record et place l'Hexagone en tête des exportateurs nets européens. La France devance, de loin, la Pologne (environ 3 Mt), les Pays-Bas, la République tchèque et le Danemark (entre 2 et 3 Mt pour ces trois pays). Inversement, l'Italie est importatrice nette, tout comme l'Espagne (4,1 Mt), le Luxembourg (2,2 Mt) et l'Autriche (1,7 Mt). Ces pays importent des métaux ferreux (6,5 Mt pour l'Italie, 4,1 Mt pour l'Espagne et 2,2 Mt pour le Luxembourg) ou des papiers-cartons (2 Mt pour l'Espagne et 1,7 Mt pour l'Autriche).
Sur le plan financier aussi, la progression est nette. Les exportations françaises bondissent de 1 à 4 milliards d'euros (Md€) entre 1990 à 2019, puis à 6,2 Md€ en 2021. La hausse des volumes s'est aussi accompagnée d'une hausse des prix, qui conduit à une progression de 8,1 % par an de la valeur exportée. Ce rythme est cinq fois plus soutenu que celui enregistré sur l'ensemble des biens. Finalement, en 2021, l'excèdent commercial généré par les MPR s'élève à 4,5 Md€.
Des échanges vers l'Europe
Plus globalement, le CGDD constate que la France exporte vers 161 pays et importe depuis 114 pays (même si ces données sont à manier avec précaution car le pays d'origine ou de destination peut être un pays de transit). Pour l'essentiel, les exportations françaises sont à destination de l'Union européenne (83 % des quantités et 84 % de la valeur), et principalement vers l'Espagne, la Belgique et l'Allemagne, qui « totalisent plus de la moitié des exportations françaises ». L'Allemagne (37 %), la Belgique (22 %), le Royaume-Uni (7 %), l'Espagne (7 %) et la Suisse (6 %) fournissent aussi l'essentiel des MPR importées.
Hors Europe, « la part de l'Asie orientale (Chine, Inde, Malaisie, Japon, Corée, etc.) dans les exportations régresse, passant de 7 % en 2017 à 3 % en 2021 ». En quatre ans, les volumes exportés ont fondu de 90 % et la valeur de 46 %. Et de constater que la Chine est passée du rang de 7e partenaire (5 % des volumes exportés) au rang de 15e (0,5 %). La fermeture des frontières chinoises, à partir de fin 2017, puis d'autres pays d'Asie, « a particulièrement affecté les plastiques ainsi que le papier, dont le prix de vente moyen est passé de 148 euros par tonne (€/t) en 2017 à 103 €/t en 2019 », explique le CGDD.