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Fessenheim : l'ASN donne son feu vert pour le renforcement du radier

Dans une lettre datée du 19 décembre, l'ASN donne son accord à EDF pour le renforcement du radier du réacteur 1 de Fessenheim, mais émet des réserves sur l'efficacité de cette solution en cas de présence d'eau dans le puits de la cuve.

Risques  |    |  S. Fabrégat
Fessenheim : l'ASN donne son feu vert pour le renforcement du radier

Après deux inspections sur site, les 18 juillet et 11 décembre, pour vérifier le respect des prescriptions imposées pour la poursuite d'exploitation du réacteur n°1 de Fessenheim jusqu'à quarante ans, l'Autorité de sûreté nucléaire a donné le 18 décembre son feu vert (1) pour le renforcement du radier, tel qu'envisagé par EDF en s'appuyant sur une analyse de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et sur une expertise complémentaire relative à la résistance du béton.

Cependant, l'ASN émet plusieurs réserves (2) pour ce renforcement qui "doit être réalisé avant le 30 juin 2013", notamment sur l'efficacité du renforcement du radier en cas de présence d'eau dans la cuve.

Renforcer la résistance du radier en cas d'accident grave

L'ASN rappelle d'abord la prescription relative au radier : "La modification vise à augmenter à la fois l'épaisseur et la surface de la zone d'étalement du corium (3) en cas d'accident grave avec percement de la cuve. Elle permet d'« augmenter très fortement » la résistance du radier au corium".

“ Une présence importante d'eau pourrait perturber l'étalement du corium et limiter le bénéfice de la modification  ” IRSN

"L'IRSN avait souligné que, dans certains cas d'accidents graves, le radier des réacteurs de Fessenheim pourrait être percé dans un délai inférieur à 24 h", indique l'institut dans son avis (4) .

Pour y répondre, EDF envisage d'épaissir de 50 cm le radier dans le local "puits de cuve" et de "permettre en cas d'accident grave avec percement de la cuve, via un tunnel ménagé à cet effet, un étalement du corium sur le radier du réacteur dans une zone de collecte [elle-même épaissie] incluant le local R147 et ainsi significativement plus importante que le puits de cuve seul" (cf. schéma ci-dessous). EDF a indiqué dans son dossier que ces travaux permettraient de multiplier par un facteur supérieur à 3 la durée minimale de percement du radier en cas d'accident grave et de perte de moyens d'alimentation électrique et de refroidissement.

"La modification consiste à épaissir le radier et à permettre l'étalement du corium dans le puits de cuve et dans un local adjacent. Elle permet de porter le délai de percement au-delà de 40 heures [44h exactement], lorsque le corium, après percée de la cuve, s'écoule dans un puits de cuve « sec » ou ne contenant que peu d'eau", précise l'IRSN, qui ajoute : "En revanche, l'IRSN a considéré qu'une présence importante d'eau pouvait perturber l'étalement du corium et limiter le bénéfice de la modification et a donc recommandé qu'EDF prenne les dispositions nécessaires pour éviter cette situation".

Ce point fait donc partie des réserves émises par l'ASN, réserves qui doivent être prises en compte par l'exploitant avant tout travaux.

Un renforcement affaibli en cas d'inondation

L'ASN indique avoir eu un échange de courrier avec l'exploitant sur cette question précise. L'exploitant, dans sa réponse, n'a pas précisé "si la gestion de l'arrivée d'eau dans le puits de cuve au cours d'un accident grave pouvait être optimisée de manière à maximiser l'efficacité de la solution retenue".

L'ASN lui demande donc d'évaluer, sous un an, "quelle gestion de l'eau permet, en cas d'accident grave avec percement de la cuve, de maximiser l'efficacité de la solution mise en œuvre".

De plus, l'ASN souhaite qu'une instrumentation soit mise en place afin de vérifier, en cas d'accident grave, que l'étalement du corium se déroule conformément à ce qui est prévu suite à la modification.

Le béton et la radioprotection à surveiller

L'ASN demande également à l'exploitant d'attacher une attention particulière à la composition chimique du béton qui sera utilisé pour l'épaississement du radier. "La teneur en oxyde de calcium est un paramètre déterminant pour la température de fusion du béton, ainsi que pour son enthalpie de fusion. Ainsi, ce paramètre est à maîtriser tout particulièrement pour la composition du béton utilisé".

Enfin, l'ASN demande, avant fin 2012, des précisions sur la radioprotection envisagée pour les travailleurs intervenant sur ces travaux.

1. Consulter la décision de l'ASN
http://www.asn.fr/index.php/Les-actions-de-l-ASN/La-reglementation/Bulletin-Officiel-de-l-ASN/Decisions-de-l-ASN/Decision-n-2012-DC-0328-de-l-ASN-du-11-decembre-2012
2. Consulter la lettre de l'ASN adressée le 19 décembre au directeur de la centrale
http://www.asn.fr/index.php/content/download/36251/268249/file/Accord-sous-reserves-mise-en-oeuvre-modification-materielle.pdf
3. Le corium est le mélange de combustible et de matériaux de structure fondus formé lors de la fusion du cœur d'un réacteur nucléaire.4. Consulter l'avis de l'IRSN
http://www.irsn.fr/FR/expertise/avis/Documents/AVIS-IRSN-2012-00519.pdf

Réactions12 réactions à cet article

‎12 000 000 000
C'est le nombre de kWh produits par les 2 unités depuis le 01/01/2012.
La fille ainée du parc Nucléaire français est en pleine force de l'âge.
Cela correspond à :
- 1,7 million de foyers éclairés
- 18518 fois le tour de la tessestres en train
- La production de 2736 éoliennes terrestres
- 12 milliards de tonnes de CO2 économisés

livier68 | 19 décembre 2012 à 21h45 Signaler un contenu inapproprié

Estimation: 20 millions d'euro, cela veut dire que cela coutera au final de 30 à 40 millions pour un prolongement de 10 ans de la durée de vie. EDF ayant toujours sous évalué les coûts pour les rendre "acceptables". Mais de toutes façons il faudra la démenteller, que ce soit maintenant ou dans une dizaine d'année. Cela pose la problèmatique de l'intêret de cet investissement. A moins qu'EDF par son refut de vouloir prévoir le démentellement d'une VRAI centrale n'avoue qu'il ne sait pas faire et repousse donc l'échéance inévitable. Il ne nous reste plus qu'à expérer qu'un scénario catastrophe ne se produise pas , car en lisant les prévisions de l'ASN sur la résistance du radier aprés travaux, les habitants proches auront au mieux 2 jours pour évacuer.... A condition qu'ils soient prévenus à temps.
Monsieur le Présidant "gouverner c'est prévoir" prévoyez donc le pire et maintenez donc votre décision de commencer à dementeller cette centrale.

Claude Duport | 20 décembre 2012 à 08h09 Signaler un contenu inapproprié

Au lieu d'investir à fonds perdus, il faut la FERMER tout de suite cette antiquité si les "ingénieurs" savent ... (voir la centrale nucléaire de Brennelis, en démantèlement depuis 25 ans !). Ce n'est pas 50 cm de béton supplémentaires qui arrêteront le corium. A Fukushima, le radier fait 2 mètres d'épaisseur, le corium a traversé le radier puisque les autorités ne l'ont pas retrouvé.

Rémifasol57 | 20 décembre 2012 à 10h02 Signaler un contenu inapproprié

Là n'est le débat livier68.

Peut importe sa production, après usure le risque d'accident augmente, qu'on le veuille ou non. Et à force de vouloir toujours tirer sur la corde, les ennuis arrive, qui auront des impacts bien plus important et des coûts bien plus fort que les mesures de colmattage actuels.

pizza29 | 20 décembre 2012 à 12h01 Signaler un contenu inapproprié

Encore une démonstration "hautement scientifique" du concept : ce qui fut, sera. On n'a pas encore une vraie estimation de ce qu'a coûté et surtout de ce que va coûter cette technologhie "miraculeuse"
Faut-il maintenir à tout prix ces croyances et illusions. Car la seule certitude et finalité de cette espèce de "fanatisme de l’atome", ce sont les déchets. Je ne conteste pas l'intérêt de la dissuasion nucléaire, mais de là à en construire un modèle de développement miraculeux…
Simple aveuglement ou prépondérance du courtermisme économique ? Les risques sont à la hauteur de l’orgueil. Même Einstein s’est trompé face à Bohr, alors cette croyance en la maitrise technologique est plus proche de la méthode Coué, que de la science.
Le Japon en a malheureusement déjà testé les limites.
L’EPR en démontré l’inefficience économique du modèle.
Vu les engeux et les risques, l’histoire jugera ce comportement. Au mieux de l'inconscience, au pire du cynisme : "après moi le déluge".

Velka | 20 décembre 2012 à 13h34 Signaler un contenu inapproprié

Bien sûr, les expérimentations pour la prévention des accidents nucléaires ,sont nécessaires, mais le faire après bientôt 40 ans de fonctionnement, au lieu de l'avoir fait longtemps avant, n'est pas très rassurant pour les riverains! On devait le faire dans des sites abandonnés pour tester les effets de la porosité du béton en simulant différentes compositions chimiques ? Vouloir à tout prix prolonger de 10ans en prenant des risques , doit être décidé par l'A.S.N.

arthur | 20 décembre 2012 à 18h05 Signaler un contenu inapproprié

Etude du cabinet Syndex : La fermeture de la centrale de Fessenheim aura un impact sur 2 200 emplois directs, indirects et induits. Elle affecterait également fortement le tissu économique et social des secteurs de Colmar et de Mulhouse.
les syndicats de la centrale de Fessenheim le répètent depuis maintenant des mois : ils ne se battent pas seulement pour les quelque 750 salariés du CNPE. Leur combat contre la fermeture annoncée du site dépasse largement le cadre de l'usine. Et pour cause : un arrêt de la centrale aurait, selon eux, des répercussions sur une bonne partie du tissu économique haut-rhinois.
C'est également ce que démontre l'étude de Syndex,
« L'arrêt du fonctionnement du CNPE contribuerait [...] à accentuer la désindustrialisation du territoire alsacien », affirme-t-elle, chiffres à l'appui. (*). » Les analystes du cabinet d'expertise ont fait le calcul : « L'impact sur l'emploi (direct, indirect et induit) d'une fermeture de Fessenheim serait de l'ordre de 2 200 postes sur les zones d'emploi de Colmar et de Mulhouse, soit trois fois les effectifs du seul CNPE ».
Cela représente, précisent-ils, plus de la moitié des emplois de la communauté de communes. En plus de ses salariés (734 en 2011), le centre nucléaire a en effet fourni l'an passé du travail à 789 entreprises qui lui ont facturé au total 135 millions d'euros de prestations liées notamment à une longue période de visite décennale.

livier68 | 21 décembre 2012 à 21h58 Signaler un contenu inapproprié

Ces dépenses ont généré indirectement 1 693 emplois qui se base sur un ratio d'un emploi pour 80 000 euros de chiffre d'affaires. Certains sous-traitants ont d'ailleurs des salariés qui travaillent en permanence sur le site. Leur nombre, indique l'étude, va « de 200 à 300 personnes en période basse à 1 500 à 1 700 en période haute ». Parmi ces sous-traitants et fournisseurs, ils sont 43 –localisés dans la zone d'emploi de Mulhouse– à réaliser avec le CNPE un chiffre d'affaires supérieur à 100 000 euros. À l'image d'Endel, pour qui la centrale représente 70 % de l'activité. Ce sont eux, estime le cabinet d'expertise, qui sont « susceptibles d'être les plus vulnérables à un arrêt d'exploitation de la centrale ». Par ailleurs, relève l'étude, l'ensemble des agents EDF du site (qui ont représenté en 2011 une masse salariale de 61 millions d'euros) et des salariés des sous-traitants, ainsi que leurs familles, sont aussi des consommateurs. À ce titre, « ils génèrent une activité économique au niveau local » qui « peut être estimée à 900 emplois sur les zones de Mulhouse et Colmar ». Les salariés de la centrale et leurs familles (1 924 personnes au total) sont également des administrés, qui vivent tous, zone d'astreinte oblige, dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale. Plus d'un quart d'entre eux est installé dans la seule commune de Fessenheim qui risque donc, en cas de départ de ces agents, d'être privée de 43 % de sa population.

livier68 | 21 décembre 2012 à 22h01 Signaler un contenu inapproprié

La fermeture du centre nucléaire aurait enfin un impact loin d'être négligeable sur le tissu économique et social. Le site d'EDF « contribue en effet à la vie locale à travers les impôts et taxes d'exploitation », relève l'étude de Syndex. « Ceux-ci ont représenté plus de 49 millions d'euros en 2011 » dont 10 % reviennent au conseil général, 13 % aux communes et 2 % à la Région. En définitive, conclut le cabinet d'expertise, c'est une population de plus de 5 000 personnes sur les zones d'emploi de Colmar et Mulhouse qui est aujourd'hui concernée par l'activité d'exploitation du CNPE de Fessenheim ». Et qui pourrait donc demain être affectée par sa fermeture. (*) La Comcom Essor du Rhin comprend les communes de Fessenheim, Blodelsheim, Hirtzfelden, Munchhouse, Roggenhouse, Rumersheim-le-Haut et Rustenhart

livier68 | 21 décembre 2012 à 22h02 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour

Vous pouvez oublié vos chiffres en cas d'accident à Fessenheim, ainsi que les régions voisins. C'est ça votre avenir ? Non merci !

Fledmark | 08 janvier 2013 à 09h10 Signaler un contenu inapproprié

"car en lisant les prévisions de l'ASN sur la résistance du radier aprés travaux, les habitants proches auront au mieux 2 jours pour évacuer.... A condition qu'ils soient prévenus à temps."

Vous plaisantez?

À Fukushima, aucune évacuation face à cette soi-disant "menace" corium n'est nécessaire, 2 ans après.

simple-touriste | 17 septembre 2013 à 00h08 Signaler un contenu inapproprié

"L’EPR en démontré l’inefficience économique du modèle." Comment écrire un truc aussi stupide? Aucun EPR n'est en service, le cout d'un réacteur de tête de série n'est pas un critère définitif. Si on applique ce raisonnement on ne peut rien inventer ou améliorer, les premiers modèles étant toujours plus couteux (imprévu, apprentissage). C'est un argument totalement absurde.

"le démentellement d'une VRAI centrale n'avoue qu'il ne sait pas faire et repousse donc l'échéance inévitable" => Main Yankee
Je suis toujours sidéré par les gens qui balancent des grandes vérités sans s'informer sur la question. C'est un grand échec de l'éducation je suppose.

Karg se | 25 octobre 2013 à 23h28 Signaler un contenu inapproprié

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