« La "guerre contre le feu" ne sera gagnée qu'au prix d'un effort impliquant toutes les politiques publiques et faisant une plus large part à la prévention », affirment les sénateurs des commissions des affaires économiques ainsi que de l'aménagement du territoire et du développement durable. Le 3 août, ces derniers ont rendu un rapport d'information (1) sur l'intensification du risque de feux de forêt en France. « L'efficacité de la stratégie de lutte qui a fait de la France un modèle partout en Europe et dans le monde ne suffira pas face à l'émergence de feux hors norme. »
Ce travail a commencé en mai 2022 et a assisté aux « méga-feux » en Gironde, responsables d'un triste record. Selon les chiffres du Système européen d'information sur les feux de forêt (Effis (2) ), plus de 47 000 hectares de végétation ont été brûlés en sept mois. C'est plus qu'une année entière depuis le début des relevés de l'Effis en 2006 (mais encore relativement loin des estimations historiques de l'année 1976). Et à en croire les projections rapportées par les sénateurs, les chiffres de l'année 2022 ne seront pas isolés. D'ici à 2050, près de la moitié des landes et forêts de l'Hexagone seraient concernées par un risque incendie élevé (contre un tiers en 2021). Et les surfaces brûlées en région méditerranéenne pourraient augmenter de 80 %, transformant progressivement les bois en maquis.
Meilleure gestion pour une meilleure prévention ?
Un nouvel outil d'évaluation du risque incendie en Europe
Le 5 août, la Commission européenne s'est dotée d'un nouvel outil numérique d'évaluation des risques d'incendie de forêt : l'Effis Wildfire Risk Viewer. S'appuyant sur des données compilées depuis les vingt dernières années, il donne facilement un aperçu des risques (bas, moyen ou haut) structurels actuels, favorisant potentiellement les feux de forêt. « Il apporte une réponse à l'emploi de différentes méthodes d'évaluation des incendies utilisées pour différents territoires, ce qui peut constituer un obstacle à l'évaluation des risques dans certaines régions, en particulier dans celles où les incendies transfrontaliers affectent plusieurs pays simultanément », souligne la Commission.
L'ensemble de ces recommandations législatives devrait être pris en compte dans l'élaboration d'une stratégie nationale interministérielle de prévention et de sécurité relative aux feux de forêt. Cette dernière est vouée à être traduite dans une proposition de loi dès la rentrée parlementaire, en octobre prochain, « (une fois) enrichie par les retours d'expérience des incendies de l'été 2022 ».