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Actu-Environnement

La forêt française manque de plantations et de financements

La forêt française subit depuis plusieurs années un manque de plantation. Les acteurs de la filière cherchent des financements notamment privés pour reboiser et augmenter la production afin d'assurer les besoins futurs.

Biodiversité  |    |  F. Roussel

Le forêt française couvre un tiers du territoire national soit 17 millions d'hectares. Avec une surface en hausse régulière (+0,6% par an), elle se porte bien et attire les convoitises. Puits de carbone à préserver pour certains, matière première d'une filière industrielle à développer pour les autres, la forêt est au cœur de nombreux enjeux : climat, biodiversité, économie, emploi… Pour le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, le stockage de carbone est l'intérêt majeur de cet écosystème. Et pour maximiser son potentiel, pas question de laisser la forêt en friche. "Il faut augmenter le rendement de nos forêts car une forêt non gérée c'est un stockage de carbone quasi nul". Le ministre mise surtout sur le prélèvement de bois pour des usages de long terme afin de maintenir le carbone dans le bois (construction, ameublement), rappelant que "la valorisation énergétique du bois relargue le CO2 stocké". Les acteurs de la filière en sont également convaincus : "D'ici 2030, la forêt française pourrait compenser jusqu'à 40% des émissions contre 15% aujourd'hui", estime Cyril Le Picard, président de France Bois Forêt, l'interprofession nationale.

Une forêt à doper

Pour faire de la forêt française un véritable puits de carbone, la filière mise sur la relance des plantations pour renouveler une ressource plantée il y a plus de 50 ans. "Aujourd'hui, on plante 40% d'arbres en moins que dans les années 2000. La France plante 70 millions d'arbres par an contre 300 millions en Allemagne et un milliard en Pologne, constate Stéphane Hallaire président fondateur de Reforest'Action, une société qui finance des projets de plantation d'arbres et de régénération naturelle assistée. Et avec les changements climatiques attendus, il faut replanter pour adapter nos forêts, les besoins sont énormes".

Une stratégie forestière pour 2030

Afin d'établir une véritable stratégie forestière à l'horizon 2030, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a lancé des travaux de prospectives à l'image du projet Innovation 2025 pour l'agriculture (N25513). Cette réflexion devra aborder les innovations techniques, les modèles d'exploitation, les modes de financement, les process, les marchés. Elle devra être terminée pour le prochain salon de l'agriculture.
Selon la filière Forêt-bois, 100.000 hectares par an doivent être renouvelés afin de "sortir" des parcelles forestières 10 millions de mètres cubes de bois supplémentaires d'ici huit à dix ans, qui s'ajouteraient aux 41,4 millions de m3 extraits en moyenne sur les années 2005-2013. Les forêts publiques comme privées sont concernées. Or, les financements manquent. La filière doit recueillir 150 millions d'euros de capitaux par an pour la reconstitution des espaces et assouvir des besoins en bois toujours croissants.

Si la forêt publique bénéficie encore d'aides de l'Etat et des collectivités, la forêt privée est moins soutenue depuis l'abandon du fonds forestier national en 2000. Pourtant, 75% de la surface forestière française est aux mains de 3,5 millions de propriétaires. "Alors que l'Etat subventionnait à hauteur de 50% les plantations, aujourd'hui les propriétaires sont dans une situation compliquée : des coûts de gestion et d'exploitation en hausse, un prix du bois divisé par deux en 30 ans et une évolution culturelle qui rend difficilement acceptable un retour sur investissement dans 50 voire 120 ans, quand les arbres auront poussé", explique Eric Toppan, directeur général adjoint en charge des affaires économiques de Fransylva, la fédération des propriétaires forestiers.

A la recherche de fonds privés

Dans le cadre de la loi d'avenir agricole de 2014, le ministère de l'Agriculture a créé un nouveau fonds baptisé "fonds stratégique" doté de 10 millions d'euros par an, issus du budget du ministère. Face à ce faible montant, la filière a décidé de chercher des financements privés.

Fransylva a, par exemple, noué un partenariat avec la société Reforest'Action pour trouver des entreprises intéressées pour financer la plantation d'arbres dans le cadre de leur politique RSE. Reforest'Action fait l'intermédiaire entre les propriétaires ayant des parcelles à reboiser pour cause de tempête, maladie, incendie et les entreprises qui cherchent à investir localement. "Nous ne finançons qu'à la condition que le reboisement ne se fasse pas suite à une coupe à blanc. Il faut également que la forêt soit multifonctionnelle et accueille plusieurs essences d'arbres", détaille Stéphane Hallaire, son fondateur.

L'ensemble de la filière forêt bois veut aller plus loin et cherche à séduire les investisseurs privés. Elle organise pour cela un colloque le 5 novembre prochain pour "démontrer aux investisseurs qu'ils est intéressant de financer la forêt", explique Cyril Le Picard de France Bois Forêt. La filière compte s'appuyer sur le soutien de l'association des sociétés et groupements fonciers et forestiers (Asffor). Créée par les principaux établissements financiers français, l'Asffor assure la promotion du placement foncier agricole ou forestier. "Le mode de financement actuel de la forêt n'est plus adapté aux enjeux. Il est indispensable de le faire évoluer. Mais ce sera un effort de très long terme", prévient Pierre Achard, président de l'Asffor. Selon lui, tout reste à créer : nouveaux produits d'appel à l'épargne, tableau de bord et indicateurs… Mais Pierre Achard est confiant : "Les investissements forestiers sont contracycliques. Ils offrent une stabilité sur le long terme que d'autres actifs n'ont pas".

Vers la reconnaissance des services environnementaux rendus

Au cours des deux dernières années, de nouveaux mécanismes de financement ont vu le jour. C'est notamment le cas du Compte d'investissement forestier et d'assurance (CIFA). Ce CIFA doit permettre aux propriétaires forestiers de se constituer une épargne de précaution, afin de faire face aux sinistres touchant leurs peuplements. Les pouvoirs publics ont également décidé de reconduire jusqu'en 2017 le dispositif d'encouragement fiscal à l'investissement foncier (DEFI Forêt). Cette mesure consiste en une réduction de l'impôt sur le revenu ou un crédit d'impôt pour les contribuables domiciliés en France et réalisant des investissements forestiers. Depuis 2014, la forêt bénéficie également d'un groupement forestier d'investissement (GFI) qui permet à des particuliers d'acquérir des forêts en souscrivant ou en acquérant des parts avec des avantages fiscaux à la clef.

Les acteurs de la forêt souhaitent désormais bénéficier de financements additionnels qui reconnaissent le rôle d'intérêt général de la forêt et notamment le stockage de carbone. Jusqu'en 2020, les crédits forestiers ne sont pas éligibles au système européen des échanges de quotas. Les propriétaires forestiers ne peuvent donc pas valoriser financièrement ces tonnes de carbone stockées. La filière a prévu de créer un label national de certification et de créer en 2016 un fonds de compensation qui proposerait des projets forestiers de compensation carbone.

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