La Pologne pourrait se voir condamnée prochainement par la justice européenne pour destruction de la forêt primaire de Bialowieza. Selon l'avocat général de la Cour de justice de l'UE (CJUE), qui a rendu ses conclusions ce mardi 20 février, les décisions de gestion forestière portant sur ce site classé Natura 2000 enfreignent le droit communautaire.
En effet, les décisions prises par les autorités polonaises sont susceptibles d'aboutir à une détérioration des sites de reproduction des espèces protégées et violent du même coup les directives "oiseaux"et "habitats", selon l'avocat général.
Le ministre polonais de l'Environnement avait autorisé en 2016 le triplement de l'exploitation de bois dans le district forestier de Bialowieza, ainsi que des coupes sanitaires, des opérations de reboisement et des coupes de rajeunissement dans des zones jusque-là vierges de toute exploitation. Ces opérations avaient été autorisées en raison de la propagation d'un insecte coléoptère ravageur, le Bostryche typographe. En 2017, le directeur de l'Office des forêts avait autorisé l'abattage des arbres colonisés par ce parasite dans les trois districts forestiers constituant le site Natura 2000. Au final, 34.000 hectares sur 63.000 ont été impactés.
Reste maintenant à la Cour à se prononcer. La décision devrait intervenir dans les semaines qui viennent. La Cour suit les conclusions de l'avocat général entre deux tiers et trois quarts du temps. Si le manquement est constaté par la juridiction européenne, l'Etat polonais devra se conformer à sa décision dans les meilleurs délais, sans doute en retirant toutes les autorisations d'exploitation violant les directives européennes."Rien ne changera le fait que la forêt de Bialowieza a été dévastée", déplore toutefois Robert Cyglicki de Greenpeace Pologne, selon des propos rapportés par l'AFP.
A la demande de la Commission européenne et par une décision du 20 novembre dernier, la CJUE avait enjoint Varsovie de cesser immédiatement les atteintes à la forêt de Bialowieza, sous astreinte de 100.000 euros par jour. Le ministre polonais de l'Environnement, remplacé depuis, avait annoncé le retrait des engins forestiers dans la foulée de la décision, alors qu'il était resté sourd à une première injonction de la Cour fin juillet 2017.