« Les Européens ont vu des images effroyables de feux de forêt sur la côte ouest des États-Unis, en Sibérie, en Australie et en Amazonie, mais les forêts d'Europe ont également été durement touchées par des incendies », relève Virginijus Sinkevičius, commissaire européen chargé de l'environnement, des océans et de la pêche.
Pourtant, les chiffres présentés le 30 octobre par le Centre commun de recherche (JRC) de la Commission européenne, à travers la 20e édition de son rapport annuel sur les feux de forêt, ne sont pas si mauvais. Il en ressort que quelque 400 000 hectares (ha) d'espaces naturels ont brûlé sur le vieux continent en 2019.
Les pays les plus touchés ont été l'Espagne (83 963 ha), le Portugal (42 084 ha), l'Italie (36 034 ha) et la France (23 477 ha). Les superficies brûlées doivent être relativisées par rapport aux statistiques relevées depuis 40 ans. Si la superficie totale est presque le double de celle de 2018, l'année 2019 reste la quatrième année la plus basse depuis 1980. « Grâce à une meilleure préparation et une réaction plus efficace, la saison 2019 a été l'une des plus positives en matière de prévention des accidents et des pertes de vies humaines », se félicite la Commission européenne.
« Le risque d'incendie devrait augmenter »
Selon le système européen d'information sur les feux de forêts (Effis), les sites protégés du réseau Natura 2000 ont en revanche payé un lourd tribut. « Avec 159 585 ha brûlés en 2019, c'est près de la moitié de la superficie totale brûlée dans l'UE qui se trouvait dans ces zones de biodiversité essentielles », pointe la Commission européenne. La Roumanie (6 673 ha) a été la plus impactée. Viennent ensuite la France (26 640 ha), puis l'Espagne (25 959 ha).
« Pour éviter que cela ne se produise à une échelle aussi dévastatrice, une partie de la réponse consiste à protéger et gérer nos forêts de sorte à les rendre moins vulnérables aux incendies, en permettant à la nature de se protéger par elle-même », explique Virginijus Sinkevičius.
Une stratégie dédiée à la forêt
La stratégie européenne pour la biodiversité, présentée en mai dernier et sur laquelle le Conseil vient de se positionner, prévoit « des actions visant à améliorer la santé des forêts européennes ainsi qu'à renforcer notre résilience face aux incendies forestiers », rappelle l'exécutif européen. Elle fixe aussi l'objectif de planter au moins 3 milliards d'arbres d'ici 2030. Des objectifs qui paraissent en phase avec le rapport que la députée française Anne-Laure Cattelot a remis au Premier ministre le 17 septembre.
Fondée sur la stratégie biodiversité, la Commission européenne en prépare une autre spécifiquement dédiée à la forêt. Elle vient de la soumettre aux contributions des parties prenantes avant d'ouvrir une consultation publique à la fin de l'année. « La stratégie visera à garantir des forêts saines et résilientes qui contribuent à la biodiversité, aux objectifs climatiques et à la sécurité des moyens de subsistance, et qui soutiennent une bioéconomie circulaire. Elle se concentrera sur la protection, la restauration et la gestion durable des forêts de l'UE », annonce Bruxelles.
Parmi les objectifs affichés figurent la résilience des forêts face à la fréquence et à l'étendue des incendies, mais aussi le soutien à la restauration des zones endommagées et des écosystèmes dégradés, en tenant compte des projections en matière de changements climatiques. Pour cela, l'exécutif européen annonce notamment une meilleure utilisation de la diversité génétique des arbres.
Reste à voir si les autres objectifs fixés dans cette stratégie, comme celui de « maximiser la fourniture de leurs multiples fonctions, tout en améliorant leur capacité de production », n'entrent pas en conflit avec les précédents.