Selon une étude, dont l'Ademe vient de publier la synthèse, il est possible de produire des adhésifs verts sans formaldéhyde constitués de composés issus de sous-produits de la papeterie. Une alternative crédible à l'utilisation des colles actuelles qui libèrent du formaldéhyde.
Cancérogène certain
"Les mélanges urée-formol sont très largement utilisés dans la fabrication des colles pour panneaux de particules, de fibres, de contreplaqués, meubles et autres produits du bois, entraînant une libération de formaldéhyde", indique l'étude.
Or, le formaldéhyde a été classé comme "cancérogène certain" par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en juin 2004. La réglementation européenne le classe en CMR 1. Ce qui impose de fortes contraintes aux industriels, souligne l'étude : "ils doivent éliminer la substance de la formulation des produits vendus au grand public et trouver des produits et procédés de fabrication alternatifs".
Ce classement devrait conduire prochainement à l'interdiction de cette substance.
L'industrie de l'ameublement fortement impactée
"De très nombreuses applications pour les panneaux dans la construction et un panel entier de l'ameublement disparaîtraient ou ne seraient possible qu'avec d'autres molécules qui seront très probablement elles aussi visées dans un futur proche (isocyanates par exemple)", précise l'étude.
D'où la recherche de nouvelles formulations de colles moins toxiques par les industriels et la réalisation de l'étude financée par l'Ademe.
Cette étude, intitulée "Panneaux verts", a débuté en décembre 2007. Elle a associé des producteurs de pâtes à papier (Fibre Excellence et la Compagnie industrielle de la matière végétale-CIMV), des centres techniques industriels (CTP et FCBA), un laboratoire universitaire (LERMAB- ENSTIB), un industriel producteur de panneaux de particules (Interbois) et une société spécialisée dans l'analyse technologique et concurrentielle de l'innovation (Tecknowmetrix).
La production d'adhésifs verts est possible
Cette étude est arrivée à la conclusion qu'il était possible de produire des adhésifs verts sans formaldéhyde constitués de composés issus de sous-produits de la papeterie : tanins issus des écorces et lignine issues des liqueurs de cuisson.
"Le choix de développer une formulation basée sur les mélanges tannins-lignines a pu être confirmé comme intéressant, prometteur et innovant", confirme les signataires de l'étude.
Les teneurs en formaldéhyde relarguées par les panneaux fabriqués à partir des formulations développées se sont révélées très faibles.
L'utilisation de certaines formulations étudiées peut dès lors être envisagée industriellement. "Les viscosités des colles, les temps de gel déterminés, les propriétés rhéologiques des adhésifs correspondent aux besoins imposés pour un passage en machine de production de panneaux industriels", précise le rapport.
Prenant l'exemple d'une petite usine de pâte Kraft, l'étude montre "qu' il est possible d'envisager valoriser 15.000 tonnes de tanins et 80.000 t de lignine tout en veillant à perturber le moins possible la balance énergétique de l'usine". Des perspectives industrielles intéressantes.