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[SMCL] « Naturellement, il y a déjà une forme de résilience dans les territoires »

La crise sanitaire a mis en évidence la notion de résilience. Pour Christophe Bouillon, président de l'Association des petites villes de France et maire de Barentin, cette notion permet de structurer une politique aux multiples bénéfices.

Interview  |  Gouvernance  |    |  F. Roussel
Actu-Environnement le Mensuel N°418
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°418
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[SMCL] « Naturellement, il y a déjà une forme de résilience dans les territoires »
Christophe Bouillon
Président de l’Association des petites villes de France
   

Actu-Environnement : La crise sanitaire de la Covid-19 a mis en exergue la fragilité de certains modèles et la notion de résilience, notamment des territoires. Pensez-vous que les collectivités territoriales doivent se saisir de ce sujet ?

Christophe Bouillon : Naturellement, il y a déjà une forme de résilience dans les territoires. Inondations, canicule, risques industriels… Je pense que les collectivités ont subi des chocs et la notion de résilience fait référence à leur absorption, à la manière dont on s'en relève et comment on s'améliore. Il y a donc une forme de résilience vécue qui n'est pas forcément pensée, si ce n'est à travers les plans communaux de sauvegarde (PCS). Je remarque d'ailleurs que ces outils assez récents ont été revisités à l'aune de cette crise. Les collectivités ont transformé cette exigence « administrative » en un véritable outil qui permet d'organiser une continuité des services publics, d'intégrer d'autres enjeux, de faire preuve de plus d'agilité, d'élargir les scénarios du possible, et même de les cumuler en un « scénario du pire ». On revisite nos modèles.

Certains programmes d'action prennent aussi déjà en compte la vulnérabilité des territoires, comme le programme des « Petites villes de demain » qui répond à la question de l'attractivité des petites villes, accentuée depuis la crise sanitaire. Avec le télétravail et le besoin de quitter les grands centres urbains, les petites villes attirent mais doivent aussi proposer une offre de services importante, des solutions alternatives à l'autosolisme et une offre de soins de proximité, par exemple. L'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), qui pilote ce programme, a d'ailleurs mis en place des formations sur la résilience, c'est nouveau et bon signe. On peut faire de la résilience sans le savoir, ce n'est pas forcément conceptualisé. La formation apporte la méthode pour savoir ce qu'on fait et où l'on va.

AE : Les collectivités ont-elles les marges de manoeuvre nécessaires pour agir ?

CB : C'est dans les territoires que les solutions émergent. On l'a bien vu avec le programme des territoires à énergie positive (Tepos), le niveau d'engagement dans les petites intercommunalités est élevé. Mais ce qui coince le plus souvent, c'est la question de l'ingénierie. Contrairement aux grandes agglomérations, qui ont les moyens financiers et humains pour mener leurs projets, pour les plus petites villes, c'est compliqué. C'est ce qui nous limite dans la participation aux appels à manifestation d'intérêt ou autres appels à projets, des outils très utilisés en ce moment.

Nous sommes accompagnés par certains opérateurs comme l'ANCT, le Cerema, l'Ademe ou la Banque des territoires, mais je constate qu'ils ne répondent qu'en partie à nos besoins. Le deuxième frein, c'est le financement. Il existe des dispositifs, mais attention à ne pas les réserver aux grandes collectivités. Je milite depuis plusieurs années pour qu'une partie de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) revienne aux territoires. Cela pourrait prendre la forme d'une dotation globale de fonctionnement verte (DGF verte) abondée par la fiscalité écologique.

AE : Les attentes des Français sur les questions écologiques se sont renforcées avec la crise. Constatez-vous ce phénomène à votre échelle ?

CB : Oui, clairement. Entre 80 et 90 % des Français considèrent que les enjeux écologiques sont prioritaires. D'ailleurs, c'est plus facile pour un élu d'évoquer ces sujets aujourd'hui, même si les citoyens sont de plus en plus exigeants. Le regard a changé aussi du côté des élus. Alors que vient de débuter un cycle municipal, on voit bien que le volet transition écologique est très marqué. Dans notre association, on a d'ailleurs élargi nos approches car nous sommes à la croisée de quatre transitions : démocratique, écologique, numérique et démographique. Avec des interactions entre elles. Il y a eu une sorte de renversement. Jusqu'alors les élus voulaient « éduquer les habitants » aux questions d'écologie. Maintenant on n'en est plus là, les citoyens veulent aller plus vite.

AE : Selon vous, comment les élus doivent-ils répondre à ces attentes ?

CB : Nous sommes parfois face à des injonctions contradictoires : les citoyens veulent plus d'écologie, mais lorsque ça touche leur quotidien, ça devient difficile. Les élus et leurs équipes ont un rôle à jouer pour essayer de mettre tout ça en cohérence. Nous avons notamment un rôle d'exemplarité important en mettant en place les solutions sur nos équipements. On est entré dans une forme de dialogue avec les citoyens où les deux parties se défient. Et je constate que la transition écologique permet à certains territoires, notamment ceux avec une empreinte industrielle forte, d'écrire un nouveau récit commun, une identité territoriale, une fierté retrouvée, qui va de pair avec une nouvelle attractivité. On recrée un récit local où tout le monde se retrouve.

Avec la crise sanitaire, on a parlé du « monde d'après ». Rappelons que la résilience fait référence à une reconstruction, à un retour à l'équilibre. Pourtant il ne s'agit pas de revenir à la situation d'avant, mais bien d'aller plus loin. Il ne faut pas que le soufflé retombe. Il y a un impératif écologique. Ma crainte, c'est qu'on passe ensuite à autre chose, or il ne faut pas lâcher l'affaire !

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