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France-Allemagne : une convergence énergétique est-elle possible ?

Tandis que le Bundestag vient de confirmer le consensus politique sur la sortie du nucléaire de l’Allemagne d’ici à 2022, les acteurs français du marché de l’électricité s’interrogent sur les implications de cette révolution énergétique.

Energie  |    |  A. Sinaï
   
France-Allemagne : une convergence énergétique est-elle possible ?
   

La décision allemande de ne pas redémarrer les sept centrales nucléaires sous moratoire et d'arrêter la dernière centrale au plus tard fin 2022 fait grincer des dents du côté français. Lors d'un débat organisé par Europanova le 29 juin à Paris, le député de la Somme et secrétaire national à l'énergie de l'UMP, Alain Gest, n'y est pas allé par quatre chemins : pour lui, l'Allemagne a réagi émotionnellement à la catastrophe de Fukushima et se trouve "sous le coup de la peur". Le risque qu'elle court est de payer son électricité plus cher et d'émettre plus de gaz à effet de serre, la réaction allemande est irrationnelle : "comparer la sismicité des territoires japonais avec la France et l'Allemagne paraît délicat", a ironisé le député.

Présent à ce débat, Christian Hey, secrétaire général du German Adisory Council on the Environnement, a nuancé les propos de M. Gest en rappelant des éléments de contexte : la décision allemande est préparée de longue date, les éléments de la transition énergétique sont en place, "il y a un grand consensus dans toute l'Allemagne qui va libérer les énergies pour résoudre la transition".

L'Allemagne couvre ses besoins…pas plus

Selon l'Agence allemande des réseaux, l'Allemagne n'est plus exportatrice d'électricité et couvre tout juste ses besoins depuis qu'elle a mis à l'arrêt ses plus anciens réacteurs nucléaires. "Cela fluctue mais depuis nous sommes à l'équilibre alors qu'auparavant nous étions nettement exportateurs d'électricité", explique Matthias Kurth le Président de l'agence allemande.

Bien qu'il soit conscient que cette situation inquiète les pays voisins et surtout ceux qui comptaient beaucoup sur l'électricité allemande, Matthias Kurth renvoie la balle dans le camp de ces voisins en leur reprochant de n'avoir pas fait ce qu'ils avaient à faire pour assurer leur sécurité énergétique.

S'il se dit inquiet pour l'Allemagne pour la prochaine saison hivernale, M. Kurth a reconnu qu'il était "faux de croire que l'Allemagne importerait beaucoup d'électricité nucléaire de France" car "les Français se chauffent beaucoup à l'électricité et n'auraient rien à nous vendre".
M. Hey s'appuie sur une étude du German Advisory Council on the Environnement publiée en janvier 2011 qui démontre qu'à long terme, les coûts des systèmes énergétiques durables seront acceptables par la société. Le coût de cette électricité sera plus bas en 2050 que celui de tout autre système décarboné. "Alors pourquoi ne pas opter pour ce choix ?", pointe M. Hey, qui rappelle que l'Allemagne s'est engagée vers un objectif de 80% d'énergies renouvelables d'ici à 2050 antérieurement à Fukushima. Selon cette étude, une électricité 100% renouvelable en Europe d'ici à 2050 est possible, sous réserve que le stockage et les réseaux se développent. Le temps de planification et de construction des lignes électriques en Allemagne devra passer de dix à quatre ans en moyenne, a annoncé le ministre fédéral allemand de l'économie, M. Rösler.

Sur le marché de l'électricité, l'Allemagne est souveraine de ses décisions, mais interconnectée à ses voisins. Le président de RTE (Réseau de transport d'électricité) Dominique Maillard pense que le modèle énergétique allemand implique le renforcement des interconnexions, donc la multiplication des ouvrages aériens et souterrains, qui supposent l'acceptation des riverains. Il déclare ne pas être inquiet pour les périodes d'été, où le photovoltaïque pourra fournir suffisamment d'électricité. "Mais en hiver, c'est différent : le photovoltaïque ne répondra pas à la pointe, et la production éolienne ne coïncidera pas forcément avec les pics. C'est là que les 8.000 MW de fourniture allemande en moins se feront sentir. La situation cet hiver sera plus tendue que les hivers précédents surtout s'il y a des vagues de froid". Si la France importait il y a cinq ans environ 10 terawatts à l'Allemagne dans un contexte de marché, il est probable qu'à l'avenir la France aura un solde exportateur vers l'Allemagne, selon M. Maillard.

Une situation transitoire

Le débat sur l'opportunité de sortir du nucléaire se cristallise autour de la question des gaz à effet de serre et du recours transitoire à des centrales à gaz et à charbon en Allemagne. La France, du point de vue de M. Gest, est désormais en meilleure position que l'Allemagne pour soutenir une politique climatique. Une position binaire qui insiste sur l'offre plutôt que sur la demande, selon Barbara Sellier, responsable de la coordination des politiques auprès de la direction générale de l'énergie, à la Commission européenne : "Travailler sur la demande est la priorité actuelle de l'Union européenne, par le biais des politiques d'efficacité énergétique. Sur ce point, il y a une vision commune de l'énergie en Europe". Mme Sellier a également souligné le potentiel thermodynamique de la cogénération dans les centrales à gaz à cycle combiné, outils de la transition énergétique allemande.

Pour M. Hey, l'Allemagne va augmenter ses émissions de CO2 de manière transitoire, mais cette situation sera à court terme bénéfique au marché de quotas européens, car la sortie du nucléaire en Allemagne va entraîner une hausse du prix du carbone, qui ne pourra qu'encourager les acteurs économiques européens à émettre moins de gaz à effet de serre. A moyen terme, les énergies renouvelables vont jouer un rôle important à l'échelle de l'Europe. Un tiers de l'électricité sera d'origine renouvelable d'ici à 2020, selon les engagements du Paquet énergie-climat de 2008. L'Allemagne va doubler sa production d'électricité renouvelable, qui passera de 17% à 35% voire 38% d'ici à 2020.

Les convergences entre France et Allemagne s'affirmeront sur le long terme, à mesure que les renouvelables monteront en puissance dans chacun des deux pays. Et, ajoute M. Hey, "il y aura probablement un débat en France sur la continuation du nucléaire en France". En France aussi, la durée de vie limitée des centrales nucléaires finira par demander une décision.

Réactions2 réactions à cet article

Il était une fois un couple...

Mr LaFrance était fonctionnaire, job tranquille, vie pépère. Bien que ses ambitions aient fini par faire place à la désillusion.
Mme LAllemagne avait un passé en dent de scie, mais de ce passé était finalement sortie grandie.
Un jour Madame eût un projet, à son propre compte elle souhaitait se lancer.
Pour toutes réponses qu'elle reçût, de son conjoint n'émanait que le refus.
Hé oui, le couple aurait à se sacrifier, plutôt que de profiter d'une certaine tranquillité.
L'histoire continua et des heures sombres, le couple en traversa.
Les choix de Madame sans cesse ressortis, à chaque occasion, tel une ignominie.
Cependant, avec le temps, l'affaire de Madame, d'épreuve passa à revenu fleuve.
Offrant confort de vie, accomplissement et ressources infinies.

Et Monsieur réalisa fort tard que Madame était en fait son Avatar.
Que cette volonté déployée était comme un pied de nez à sa lâcheté.
Et lorsqu'il s'avoua ceci, la promesse de ne plus la médire il se fît...

(C'est mieux que de sans cesse chouiner)

Hannicare | 05 juillet 2011 à 15h53 Signaler un contenu inapproprié

Le choix de l’Allemagne n’est pas la manifestation d’une émotion mais résulte (comme à leur habitude) d’un choix pragmatique et très sérieusement évalué (ce qui est logique et évident s’agissant d’une économie dont l’essentiel du PIB vient de l’industrie et export).
Le pragmatisme serait, s’agissant de la France (pays surendetté et dont l’économie tient pour une grande sur le tourisme et les produits de luxe) de réfléchir sur l'impact d'un accident nucléaire (statiquement inévitable) sur son image et l’équilibre de son économie !
S’ajoute enfin que le lobbying de la France afin de retirer des stress-test les crashs d’avions et attentats rendait intenable pour toute grande démocratie, de justifier d’un retrait progressif.
L’insistance à maintenir en activité une centrale construite sur 3 frontières, le long d’un fleuve, sur une zone sismique et inondable, avec un cœur à 1 m d’une nappe phréatique, montre bien qui dans cette affaire est irrationnel et imprévoyant.

Outofboxfailure | 07 juillet 2011 à 08h07 Signaler un contenu inapproprié

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