Une équipe de scientifiques français (CNRS, université Paris-Saclay, Muséum national d'histoire naturelle et université de Rennes 1) a estimé les coûts engendrés par les espèces envahissantes en France. « En seulement vingt-cinq ans » (entre 1993 et 2018), ces espèces ont ainsi coûté entre 1,2 et 10,6 milliards d'euros au total, estiment les scientifiques. Ces chiffres ont été obtenus grâce à la base de données « InvaCost », développée par les chercheurs, qui répertorie ces espèces pour lesquelles les coûts ont été monétisés. Leurs travaux ont été publiés, le 29 juillet 2021, dans le journal NeoBiota (1) et présentés au congrès mondial de la nature qui vient de se clore à Marseille.
Cette étude, portant sur la France, regroupe plus de 1 500 coûts économiques causés par une centaine d'espèces exotiques envahissantes en métropole et en Outre-mer. Parmi elles, « le frelon asiatique décime les abeilles domestiques, le moustique tigre propage la dengue et le chikungunya, la jussie entraîne la disparition des plantes aquatiques qui lui sont voisines… », indique Christophe Diagne, chercheur post-doctorant à l'université Paris-Saclay. « Pertes agricoles ou forestières, dégâts sur les infrastructures, coût pour la santé ou le tourisme, les secteurs d'activité impactés ne manquent pas », explique-t-il. Par exemple, l'ambroisie à feuille d'armoise provoque de nombreuses allergies par son pollen et entraîne également des pertes de rendements agricoles.
Et « il ne s'agit là que de la partie émergée de l'iceberg » car ces coûts sont sous-estimés, préviennent les scientifiques. En effet, « on ne connait des coûts que pour une petite fraction des plus de 2 500 espèces exotiques présentes en France », souligne le professeur David Renault, de l'université de Rennes 1. De même, « certains secteurs lourdement touchés n'ont encore aucune quantification des pertes dues aux invasions biologiques », ajoute Christophe Diagne.
Pour rappel, en mars dernier, les chercheurs français avaient déjà réalisé la première étude de coûts, au plan mondial, générés par ces espèces depuis 1970, dont le cumul total s'élève à 1 288 milliards de dollars US.