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Fret ferroviaire : la France prend un train de retard

Alors que le ministère des Transports annonce des avancées lors du comité de suivi de l'engagement national pour le fret ferroviaire et que la SNCF confirme sa stratégie d'abandon du wagon isolé, les associations et les industriels s'inquiètent.

Transport  |    |  S. Fabrégat
   
Fret ferroviaire : la France prend un train de retard
   
Comme d'autres engagements du Grenelle, l'objectif de croissance de 25 % de la part du non routier et du non aérien dans le transport de marchandises d'ici 2012 ne devrait rester qu'une douce utopie. Car si le ministère des Transports, tout comme la SNCF, se veulent rassurant, voire enthousiastes quant à l'avenir du fret ferroviaire, les associations et les chargeurs sont plutôt pessimistes, voire alarmistes. ''On marche sur la tête, on va à l'inverse de ce qu'il faut faire, constate Olivier Louchard, coordinateur du Réseau Action Climat. Alors que le non routier représentait 14 % du transport de marchandises en 2006, on est passé à 12 % en 2009. On décroît au lieu de progresser''.

Engagement national pour le fret ferroviaire : un train sans locomotive ?

Le compte rendu publié à l'issue de la deuxième réunion du comité de suivi de l'Engagement national pour le fret ferroviaire, organisée et présidée par Dominique Bussereau le 8 juillet, dresse un bilan d'étape optimiste de l'avancement des mesures engagées depuis le 16 septembre 2009, ''date de l'annonce de cet ambitieux programme d'actions représentant un montant de 7 milliards d'euros d'investissements de l'Etat''.
Dominique Bussereau ''s'est félicité des appels d'offres en cours pour les autoroutes ferroviaires Atlantique et Alpine, ainsi que de l'augmentation du nombre de trains sur l'autoroute ferroviaire Perpignan - Luxembourg, dont la fréquence est désormais de 3 allers-retours quotidiens''. D'après le communiqué de presse, il ''a également mentionné que le transport combiné est en plein essor et bénéficie désormais d'une aide de l'Etat augmentée de 50 %. Il a insisté sur l'importance de la mise en service des opérateurs ferroviaires de proximité (OFP) dès 2010''.
Du côté des participants, c'est un tout autre son de cloche. ''Un an après le lancement de ce plan, il y a eu beaucoup de paroles mais pas beaucoup de choses faites. Comme l'a rappelé Dominique Bussereau, les objectifs initiaux risquent fortement de ne pas être atteints. Face à ce constat, aucune décision énergique n'est prise, on se trouve face à un gouvernement indifférent qui, pendant ce temps-là, fait des cadeaux au transports routiers'', constate à regret Michel Dubromel, responsable transports à France Nature Environnement (FNE). L'autorisation des 44 tonnes pour le transport de produits agricoles (''alors que le fret ferroviaire se prêtre très bien au transport de céréales''), le report d'une année de la taxe poids lourd, l'autorisation de trois nouveaux projets d'autoroutes (''dont la mise en concession autoroutière de la RN154 qui relie Chartres au port de Rouen et sur laquelle on sait qu'il y a un important trafic de céréales'') restent en travers de la gorge des défenseurs du rail.
Parallèlement, ''si le ministère admet que la mise en place des OFP a été ''sabotée'' (il y aurait eu des manœuvres pour l'empêcher), aucune mesure est annoncée pour y remédier. Le ministère se contente d'annoncer que trois projets sont en cours'', regrette Michel Dubromel. Nous pensons pourtant que c'est une véritable solution pour faire du fret de proximité, sans passer par des structures lourdes''.
Enfin, si le communiqué de presse du ministre se réjouit de l'avancement des projets d'autoroute ferroviaire, Michel Dubromel est plus réservé : ''on travaille vraiment à petit pas. Pour le projet Atlantique par exemple, où le flux est important, les études préliminaires sont encore en cours''.

SNCF : la difficile mise en train de l'offre multilots-multiclients

Parallèlement, la SNCF confirme sa stratégie d'abandon à 60 % du service ''wagon isolé'' annoncée en septembre 2009 dans son plan Fret, au grand dam des chargeurs et des associations. L'unité Fret SNCF subit de lourdes pertes et l'entreprise a donc décidé de redéfinir son offre. Finie l'offre à la carte, place désormais à une offre de rotations régulières de trains ''multilots-multiclients'' (expérimentée à partir de juillet sur 3 axes). Les industriels, dans un communiqué commun (FFA, UIC, CCFA...), ont demandé un report de cette réforme, peu compatible avec la flexibilité de leurs commandes. Pierre Blayau, directeur général chargé de SNCF Geodis, a affirmé dans les Echos du 5 juillet qu'il n'y aurait pas de suspension de la réforme. En réponse, un front réunissant syndicats de cheminots, associations de protection de l'environnement et élus de gauche s'est organisé. Une manifestation, rassemblant 350 personnes selon les participants, était organisée le 6 juillet devant l'Assemblée nationale*. ''Nous demandons un moratoire sur la décision d'abandon à 60 % du wagon isolé. Car cet abandon partiel pourrait rapidement se transformer en abandon total, explique Olivier Louchard du RAC. Ce serait une véritable catastrophe d'un point de vue environnemental. Avec un report sur la route, on s'orienterait vers un rejet de 300.000 tonnes de CO2 par an. On va à l'inverse des objectifs de transport modal : au lieu de passer de la route au rail, on passe du rail à la route…Lors de notre rencontre avec Jean-Louis Borloo et Dominique Bussereau, nous n'avons absolument pas été rassurés. Nous n'avons pas eu de réponse. Le front uni continu''.
Sentiment partagé par les utilisateurs. Pour l'association des utilisateurs de transport de fret (AUTF), ''si ce scénario est privilégié, les perspectives de développement du fret ferroviaire semblent alors bien compromises, ouvrant la porte à un engrenage baissier inéluctable. Il est donc aujourd'hui urgent de stopper l'hémorragie et de préserver le périmètre ferroviaire actuel interdisant à Fret SNCF de poursuivre le détricotage de son activité. Difficile en effet de relancer par la suite ce mode de transport avec un outil ferroviaire réduit à sa plus simple expression, même si d'aucuns semblent vouloir nous faire croire que le salut de ce mode de transport réside dans le développement des autoroutes ferroviaires''. Et d'encourager la SNCF à veiller ''à préserver les volumes du fret ferroviaire conventionnel de clients qui ne souhaitent pas basculer leurs trafics sur la route plutôt que de miser sur un hypothétique maillage d'autoroutes ferroviaires qui permettrait de capter une partie de la clientèle du mode routier''.

* A l'appel de Réseau Action Climat, Agir Pour l'environnement, WWF, Greenpeace, FNAUT, Les Amis de la Terre, FNE, CGT, CGT Transports, CGT Cheminots, CFDT, FGTE CFDT, UNSA Cheminots).

Réactions1 réaction à cet article

Comment faire couler un projet en 2 leçons

Pour favoriser le développement d'un concept, on se doit de communiquer sur ce concept, on appelle ça la PUB, mais il faut aussi avoir des prix compétitifs surtout par les temps qui cours.
Personnellement, je suis sur un marché porteur depuis 4 ans et souhaitais importer d'un pays de la zone euro, un produit bien spécifique, en trois mois
j'ai trouvé mes produits, mes fournisseurs, mais je n'ai pas réussi à avoir le moindre renseignement sur le fret SNCF. Alors, que les politiques continuent à faire des réunions sans prise concrète de décisions, continuons à polluer c'est nous qui payons !!! Devenir compétitif ! ce n'est pas donné à tout le monde

lelou | 15 juillet 2010 à 11h03 Signaler un contenu inapproprié

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