Dimanche 6 décembre, Greenpeace a indiqué « [avoir] été destinataire de documents extrêmement détaillés portant sur tous les systèmes de protection de l'EPR de Flamanville (Manche) ». L'ONG estime que « le contenu de certains de ces documents et la manière dont ils sont parvenus à Greenpeace France révèlent des fragilités très inquiétantes dans le traitement et la circulation de données sensibles au sein d'EDF et de ses sous-traitants ». L'ONG juge que « la sécurité du site de l'EPR est aujourd'hui totalement remise en cause » et demande l'arrêt des livraisons de combustible nucléaire sur le site.
De son côté, EDF explique « [ne pas avoir] connaissance des documents et [ne pas pouvoir], de ce fait, les caractériser sur le niveau de confidentialité ».
Plan du site et disposition des caméras
Greenpeace explique avoir reçu « plusieurs milliers de pages de documents, comprenant des plans précis du site de l'EPR de Flamanville, la localisation des caméras de sécurité ou encore des descriptions du système électronique de surveillance ». Certains documents ont été validés par le Haut fonctionnaire de défense et de sécurité (HFDS) du ministère de la Transition écologique, qui joue le rôle d'autorité de sécurité nucléaire (L'ASN se chargeant de la sûreté (1) ).
Pour EDF « le fait de disposer des plans de la ZAC de Flamanville ou encore de disposer de l'emplacement des caméras ou de détecteurs n'est pas une information protégée ni classifiée, puisque ces informations sont visibles et peuvent être constatées à l'œil nu par tout à chacun sur les sites ».
Autre point mis en avant par l'ONG : « ces documents ont été remis à Greenpeace France sans sollicitation, recherche ou investigation de la part de l'association, par une personne qui n'avait aucune raison professionnelle d'y accéder, ne travaillant ni de près ni de loin pour l'industrie nucléaire ». Elle estime que cela « prouve que des informations détaillées touchant à la sécurité d'un site nucléaire circulent sur la place publique » et évoque des « défaillances structurelles » dans la sécurisation des informations du faits du nombre important d'entreprises sous-traitantes.
Greenpeace estime qu'il y a trop de personnes habilitées
L'ONG critique en particulier le fait que les documents reçus ont été mis à disposition « de nombreuses entités intervenant sur le chantier de l'EPR (...), sans précaution de confidentialité suffisante ». Pour Greenpeace, de nombreuses personnes travaillant à la sécurité du site de l'EPR n'ont pas été formées aux règles de confidentialité nécessaires.
Sur ce point, EDF rappelle que certains prestataires et salariés EDF peuvent être habilités à accéder à des informations classifiées, notamment en matière de secret défense. Conformément à l'instruction générale interministérielle traitant du sujet, ces habilitations sont délivrées après enquête de l'autorité ad hoc. « Le garant des informations confidentielles défense est d'abord celui qui possède le document, l'information, il doit veiller à les protéger en utilisant les matériels mis à sa disposition (coffre, codes confidentiels régulièrement modifiés, cryptage) ». Et de rappeler que le code pénal encadre aussi bien la divulgation d'informations classifiées que le fait d'en prendre connaissance ou possession sans habilitation.