Jusqu'à maintenant Tepco, l'opérateur de la centrale de Fukushima, estimait probable la fonte d'environ un tiers du combustible des réacteurs endommagés. Quant au confinnement des installations, si Tepco avait évoqué de possibles fuites des enceintes, les cuves des réacteurs étaient considérées intactes.
Fonte du cœur et cuve percée
Par ailleurs, Naoto Kan a estimé que le Japon devait repenser sa politique énergétique de fond en comble, utiliser davantage les énergies renouvelables et promouvoir un usage plus modéré de l'électricité. En conséquence, la décision de construire 14 réacteurs supplémentaires semble aujourd'hui compromise.
Quant à la capacité de production nucléaire du pays, elle est tombée en avril à 50,9% de la capacité totale, contre 66,9% en mars, selon Reuters. Ce niveau est le plus bas depuis avril 2008.
C'est à la suite de la réparation d'une jauge que Tepco a réévalué la situation et a constaté que le niveau d'eau à l'interieur du réacteur est inferieur de cinq mètres au minimum requis pour noyer les barres de combustible.
En conséquence, Junichi Matsumoto, le directeur général de la centrale, a expliqué qu'"il y a forcément une fuite importante." Celle-ci, bien que limitée à "quelques centimètres", aurait entrainé la fuite de 3.000 m3 d'eau hautement radioactive vers les sous-sols de la centrale. Cependant, afin d'accélérer le refroidissement, Tepco a augmenté d'environ 50% le volume d'eau injecté dans le cœur, le portant à 10 m3 par heure, assumant le risque d'accroître les quantités d'eau radioactive dans le bâtiment. Tepco estime qu'actuellement 500 m3 d'eau s'ajoutent quotidiennement aux 90.000 déjà présents dans les bâtiments.
Mardi 17 mai, Tepco a jugé "probable" que les réacteurs 2 et 3 aient subi des dommages comparables avec une fonte totale des barres de combustible et des fuites sur les cuves. Les données du réacteur 3 semblent confirmer cette hypothèse car après avoir été stabilisée à 90°C, la température a augmenté début mai pour atteindre 200°C le 7 mai. Elle est actuellement d'environ 140°C selon l'opérateur qui a jugé possible qu'il n'y ait plus d'eau dans le réacteur.
Retour de l'hypothèse du sarcophage
Malgrès tout, Tepco maintient son calendrier et envisage toujours une stabilisation des installations en janvier 2012. La raison de cet "optimisme" tient dans le fait que la fuite n'a pour l'instant pas empéché l'opérateur de maintenir la température du réacteur 1 entre 100 et 120°C.
Cependant, Reuters rapporte les doutes d'experts américains qui jugent que ces nouvelles informations hypothèquent les chances d'atteindre un refroidissement stable du réacteur. En conséquence ils préconnisent d'enmurer le réacteur, relançant ainsi l'hypothèse du sarcophage. Une construction qui pourrait s'étaller sur plusieurs années étant donnée la présence probable de radiations extrèmement élevées à proximité des réacteurs.
Par ailleurs, cette option ne devrait pas être limitée au réacteur 1. La première étape serait de creuser une tranchée autour des trois réacteurs endommagés. D'une profondeur allant jusqu'au lit rocheux situé à environ 15 mètres de profondeur, cette tranchée serait remplie de zéolithe afin d'absorber le césium radioactif.
Quant aux experts japonais, ils émettent eux aussi des doutes sur le bon déroulement des opérations planifiées par Tepco. "À moins que l'on puisse évacuer les substances radioactives [en filtrant l'eau], la contamination va s'étendre et il deviendra impossible de réaliser les travaux prévus", a concédé Takashi Sawada, le vice president de la Société japonaise à l'énergie atomique.