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Actu-Environnement

Le gouvernement japonais annonce une sortie du nucléaire étalée sur 30 ans

Le gouvernement japonais vient d'annoncer sa volonté de sortir du nucléaire sur une trentaine d'années. Cependant, le plus important reste à faire : proposer une méthode et un calendrier détaillés.

Energie  |    |  P. Collet

Ce vendredi 14 septembre 2012, le gouvernement japonais a annoncé un arrêt progressif du recours à l'énergie nucléaire. "Le gouvernement va instaurer toutes les mesures possibles pour amener la production nucléaire à zéro pendant les années 2030", indique le nouveau plan énergétique japonais, rapporte l'AFP.

L'Allemagne prête à soutenir le Japon

Le gouvernement allemand a proposé ce vendredi son aide et ses conseils au Japon, rapporte l'AFP.
"Le Japon vient de décider d'emprunter une voie similaire à celle de l'Allemagne depuis quelques temps, et je peux très bien m'imaginer qu'il existe un vaste champ d'échange d'expériences entre l'Allemagne et le Japon, de conseils ou de soutien mutuel", a déclaré le porte-parole gouvernemental, Steffen Seibert, ajoutant que "les Japonais savent, et nous savons, que c'est un grand défi politique et sociétal qu'ils viennent de se lancer [mais] cela vaut le coup pour le peuple qui choisit cette voie".
Fixer les grandes lignes

Dix-huit mois après la catastrophe de Fukushima, les autorités japonaises ont donc totalement revu leur stratégie énergétique pour les trois prochaines décennies, faisant volte-face sur le nucléaire. Le précédent plan, présenté avant la catastrophe du 11 mars 2011, prévoyait de porter la part du nucléaire d'environ 30 % de la production électrique à 53 % de celle-ci en 30 ans.

"Il s'agit d'une stratégie visant à créer un nouveau futur", indique un document officiel repris par Reuters, ajoutant qu'"il ne s'agit pas d'une chimère mais d'une politique concrète". Une appréciation qui devra se matérialiser dans l'avenir puisqu'en fait de "politique concrète", le gouvernement ne propose pour l'instant que les grandes lignes de sa stratégie : limiter à 40 ans la durée de fonctionnement des réacteurs et renoncer à toute nouvelle construction. Les unités n'ayant pas atteint la limite d'âge devraient pouvoir redémarrer après avoir été auditées par les autorités de sûreté nucléaire.

En l'état, le gouvernement semble vouloir donner des gages à une population de plus en plus ouvertement opposée à l'usage de l'atome, alors que se profilent des élections anticipées à l'automne.

Tripler la part des renouvelables

Pour compenser, le Japon entend réduire sa consommation énergétique d'au moins 10 % à l'échéance du plan, par rapport à 2010. Il escompte ensuite tripler la part des énergies renouvelables dans la production électrique, pour la porter à 30 % du total. L'effort est d'autant plus important qu'en dehors de l'hydroélectricité, la part des énergies renouvelables se limite en réalité à 1 % de la production électrique.

La semaine dernière, le gouvernement a annoncé que les investissements engagés depuis deux mois dans les énergies renouvelables s'élèvent à presque 2 milliards d'euros, selon des informations rapportées par Reuters. Le ministère de l'Industrie a précisé que 33.695 entreprises et foyers japonais ont déjà fait des demandes pour bénéficier du tarif entré en vigueur le 1er juillet 2012 et fixé à environ 42 centimes d'euros par kilowattheure (kWh) sur 20 ans.

Hiroshi Komiyama, président de l'institut de recherche de Mitsubishi, estime pour sa part que le pays du soleil levant devrait cette année doubler sa capacité de production photovoltaïque, la faisant passer de 5.000 à 10.000 mégawatts (MW). Quant au gouvernement, il espère qu'aidés par les tarifs d'achat les investissements s'élèveront à près de 600 milliards d'euros d'ici 2030. Les fabricants japonais de panneaux solaires se frottent déjà les mains, à l'image de Solar Frontiere qui devrait vendre plus de panneaux au Japon qu'à l'exportation pour la première fois depuis 2007.

Et importer du gaz

Pour le solde, le Japon s'en remettra aux hydrocarbures et tout particulièrement au gaz naturel liquéfié dont il est déjà le premier importateur mondial. Selon une estimation présentée la semaine dernière par le gouvernement nippon, la sortie du nucléaire devrait rehausser la facture annuelle des importations d'hydrocarbures de quelque 3.100 milliards de yens (soit un peu plus de 30 milliards d'euros). Il semble que le Japon puisse conserver sans grande difficulté sa première place d'importateur de gaz liquéfié.

Akira Ishii, un analyste du secteur des hydrocarbures rappelait à Reuters, qu'outre un rendement énergétique élevé, les centrales à cycle combiné gaz (CCG) avait un grand avantage : il faut 3.000 fois plus d'espace pour une centrale photovoltaïque comparativement à une centrale CCG. Un argument qui est loin d'être négligeable pour l'un des pays les plus densément peuplés au monde. En conséquence, l'expert juge illusoire que les renouvelables fournissent plus de 20% de l'électricité nippone.

Enfin, concernant l'arrêt définitif des réacteurs nucléaires, la stratégie gouvernementale, si elle n'est pas amendée, implique dés maintenant le déclassement des premiers réacteurs mis en service en 1973 et avant : Tsuruga 1 (1) (mis en service en 1970, pour une puissance de 340 MW), Mihama 1 (2) (1970, 320 MW), Mihama 2 (3) (1972, 470 MW). Le dernier réacteur arrêté devrait être la troisième tranche de centrale de Tomari (4) (866 MW) mise en service en 2009. Quant aux deux réacteurs actuellement en construction, Shimane 3 (5) (mis en chantier en 2007, 1.325 MW) et Ohma (6) (2010, 1.325 MW), les travaux devraient être abandonnés.

Pour rappel, le Japon disposait de 54 unités avant la catastrophe de Fukushima. Ce total a été ramené à 50 après le déclassement des quatre réacteurs de Fukushima Daiichi ravagés par le tsunami. Actuellement, seules les unités 1 et 2 de la centrale d'Ohi fonctionnent.

1. Voir le détail sur le site de l'AIEA
http://www.iaea.org/PRIS/CountryStatistics/ReactorDetails.aspx?current=355
2. Voir le détail sur le site de l'AIEA
http://www.iaea.org/PRIS/CountryStatistics/ReactorDetails.aspx?current=366
3. Voir le détail sur le site de l'AIEA
http://www.iaea.org/PRIS/CountryStatistics/ReactorDetails.aspx?current=386
4. Voir le détail sur le site de l'AIEA
http://www.iaea.org/PRIS/CountryStatistics/ReactorDetails.aspx?current=856
5. Voir le détail sur le site de l'AIEA
http://www.iaea.org/PRIS/CountryStatistics/ReactorDetails.aspx?current=862
6. Voir le détail sur le site de l'AIEA
http://www.iaea.org/PRIS/CountryStatistics/ReactorDetails.aspx?current=867

Réactions1 réaction à cet article

J'espère qu'il se trouvera des "experts des EnR" pour rappeler à l'"expert des hydrocarbures" (Akira Ishii) que les renouvelables : ça se passe aussi dans la mer : éoliennes offshore et hydroliennes ... mais le Japon est aussi un pays qui pêche beaucoup (peut-être moins après l'accident nucléaire + les problèmes de surpopulation de méduses géantes mais ça doit surement rester un pilier important de l'économie) il faudra donc négocier avec les pêcheurs.

Lionel | 18 septembre 2012 à 15h00 Signaler un contenu inapproprié

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