En septembre 2009, les représentants des 20 principales économies mondiales adoptaient à Pittsburgh une déclaration appelant, entre autres, à "la suppression et à la rationalisation à moyen terme des subventions inefficaces aux énergies fossiles", c'est-à-dire les subventions accordées au charbon, au pétrole et au gaz. Il s'agissait en particulier des subventions qui "encouragent la surconsommation, réduisent la sécurité énergétique, entravent les investissements dans les énergies propres et minent les efforts associés à la menace du changement climatique" précisait le texte adopté lors du G20. Une position réaffirmée au sommet de Toronto en juin 2010.
À trois jours du sommet, l'Agence internationale à l'énergie (AIE) publiait son World Energy Outlook 2010 (WEO 2010) qui revient sur cette mesure. Selon les experts de l'Agence, "l’engagement pris par les dirigeants du G20 […] pourrait, du moins en partie, compenser la déception créée à Copenhague." L'édition annuelle du rapport de référence sur l'énergie présente, à la demande du G20, les impacts qu'auraient une telle mesure. "La suppression des subventions à la consommation de combustibles fossiles, dont le montant total a représenté 312 milliards de dollars en 2009, pourrait grandement aider à atteindre les objectifs de sécurité énergétique et de protection de l’environnement, y compris en ce qui concerne la réduction des émissions de dioxyde de carbone et autres rejets de gaz à effet de serre", indique le rapport. S'agissant en particulier des avantages environnementaux, l'AIE estime que "l’élimination complète de ces subventions réduirait les émissions de CO2 de 5,8 %, soit 2 milliards de tonnes, à l’horizon 2020." De plus, les sommes libérées pourraient être allouées au soutien des énergies renouvelables.
De la même manière, le rapport du Groupe consultatif de haut niveau sur le financement de la lutte contre le changement climatique pointe l'intérêt de la mesure. Si elle était appliquée dans les pays industrialisés, cela permettrait de lever 8 milliards de dollars par ans pour financer la lutte contre les changements climatiques dans les pays du Sud. Les experts mandatés par l'ONU trouvent par ailleurs deux intérêts à la mesure : elle est rapidement applicable et elle n'impacte pas les finances publiques.
Les ONG jugent incomplet le bilan dressé par le G20
En juin 2010, un rapport sur les subventions aux énergies fossiles a été remis au G20. Rédigé conjointement par l'AIE, la Banque mondiale, l'OCDE et l'OPEP, il passe en revue les mesures prises par les membres du G20. Il apparaît que douze pays (Allemagne, Argentine, Canada, Corée, Espagne, Etats-Unis, Inde, Indonésie, Italie, Mexique, Russie et Turquie) ont présenté des stratégies et des calendriers de retrait de leurs subventions. Le Brésil et la Chine ont présenté pour leur part les mesures qu'ils comptent prendre, tout en soulignant que les subventions qu'ils versent ne constituent pas des "subventions inefficaces" aux énergies fossiles. Enfin, six pays (Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Australie, France, Japon et Royaume-Uni) ont indiqué ne pas verser de subventions répondant critères aux établis lors du G20 de Pittsburgh.
Pour les ONG Oil Change International et Earth Track, "il y a des oublis importants dans la liste des subventions en faveur des énergies renouvelables et aucune nouvelle mesure n'a été adoptée par les membres du G20 à la suite de leur engagement." Dans un rapport sur l'élimination des subventions aux énergies fossiles publié début novembre, elles listent une série de raisons invoquées par les Etats du G20 pour exclure certaines subventions de la réforme. C'est le cas, entre autres, des subventions en faveur de certaines énergies fossiles au prétexte qu'elles sont moins carbonées que d'autres, de certaines subventions déguisées derrière des mesures fiscales et des subventions dont l'objectif est la création d'emploi ou le développement rural. Au final, le rapport conclut que les membres du G20 n'ont pas modifié sensiblement leur politique.
À la veille du sommet coréen, les Amis de la Terre partagent cet avis et ajoutent par ailleurs, que les pays du G20 "oublient systématiquement de prendre en compte les soutiens publics à l'industrie fossile via la Banque mondiale et les agences publiques de crédit à l'exportation", comme la Coface en France. "Pourtant, ces fonds publics soutiennent des projets très émetteurs en gaz à effet de serre, souvent destructeurs pour les pays hôtes, et qui profitent généralement à des multinationales déjà richissimes" poursuit l'ONG. Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre, appelle à ce que la Banque Mondiale "ne [finance] plus les énergies fossiles, et qu'elle [redirige] ses prêts vers l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables." C'est une question de volonté politique, estime l'ONG, puisque les membres du G20 détiennent la majorité des droits de vote à la Banque mondiale.