Elle fait peu parler d'elle et sa part dans la consommation de gaz, 1 % du total en 2021, reste bien modeste. Mais parmi toutes les énergies renouvelables, la méthanisation est celle qui se porte le mieux. Avec l'injection de 4,3 TWh dans les réseaux, l'année dernière, elle a presque doublé son résultat de 2020 et sa capacité installée atteint désormais 6,4 TWh produits par an. « En 2022, ce sera donc le minimum produit », explique Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz, le principal opérateur du réseau de gazoducs français.
Le nombre de sites de production a presque suivi la même courbe, passant de 214, en 2020, à 365, fin 2021, dont 46 pour le réseau de GRTgaz. Cette dynamique devrait se poursuivre à un rythme soutenu, puisque la filière prévoit de développer 19 TWh de plus dans les prochaines années, grâce à plus d'un millier de nouveaux chantiers, quand la Programmation pluriannuelle de l'énergie lui fixe un objectif de 6 TWh, en 2023, et entre 14 et 22 TWh, en 2028.
Quelques incertitudes pour 2024 et 2025
Le tout à des prix comparables à ceux du marché pour les gaz fossiles, certes particulièrement élevés en ce moment, et sans impacter significativement les productions alimentaires. Afin d'éviter les « sorties de route », un travail de labellisation, en cours, s'ajoutera au décret limitant déjà à 15 % les apports produits à titre de culture principale. Pour tirer parti des productions excédentaires de gaz vert en les réinjectant vers d'autres zones de consommation de gaz plus éloignées, GRTgaz a, par ailleurs, modifié ses réseaux en les équipant de cinq postes dits « de rebours ». Ils devraient être complétés de 32 nouveaux sites de ce type en 2022.
Mais une dynamique certaine à l'horizon 2050
Particulièrement dynamique, la filière de la pyrogazéification compte déjà une quinzaine de projets connus, à l'étude, pour une mise en service entre 2024 et 2025, et d'autres sont encore en négociation, dont certains à l'échelle industrielle. Une opportunité, très attendue, par les gestionnaires de déchets de valoriser les combustibles solides de récupération (CSR), comme une alternative à l'enfouissement. Quant à la gazéification hydrothermale, une première installation industrielle de grande taille vient d'être mise en route aux Pays-Bas. La filière française se mobilise aussi : un projet de démonstrateur, GHAMa, se prépare notamment à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Cette hausse de la production sera nécessaire pour faire face aux besoins de chauffage, comme pour la mobilité lourde et l'industrie. En France, déjà plus de 15 000 véhicules lourds roulent au bioGNV, soit trois fois plus qu'il y a cinq ans. Ce carburant alimente aussi près d'un bus neuf sur deux mis sur le marché en 2021.