La gazéification apparaît à ce titre comme une alternative à l'incinération car le rendement de conversion d'un ensemble gazéification/turbine à gaz est souvent bien meilleur que celui d'un ensemble incinération/chaudière/turbine à vapeur. Alors qu'avec un incinérateur 20% de l'énergie contenu dans les déchets est récupérée, ce taux peut atteindre 40% avec la gazéification suivant les technologies employées et le type de déchets. Ceci permet au final de diminuer le rapport CO2 émis par kWh produit. De plus, les éléments organiques étant tous convertis en gaz, cette technique ne rejette quasiment pas de dioxines et de furanes souvent mis en cause dans le cas des incinérateurs traditionnels.
Il reste toutefois en sortie des résidus minéraux dont la composition varie en fonction du déchet de départ. Ces résidus appelés également mâchefers, suivent les mêmes voies de traitement que les mâchefers d'incinération et sont, en fonction de leurs caractéristiques, soit enfouis en décharge soit utilisés en remblais pour les travaux routiers. Pour une tonne de déchets entrants, il faut compter entre 100 et 150 kg de mâchefers en sortie contre 250 kg de mâchefers et 50 kg de résidus issus du traitement des fumées (REFIOM) dans le cas de l'incinération. Par conséquent, la problématique du devenir de ces résidus subsiste même si ces volumes sont moindres.
Actuellement en France, la gazéification de déchets est encore rare mais face au rejet de plus en plus marqué de l'incinération, plusieurs industriels et instituts de recherche tentent d'adapter cette technologie au traitement des déchets ménagers. Des projets sont actuellement en cours d'étude aux Etats-Unis et au Canada. En France, un projet mené par la société Europlasma va notamment voir le jour à Morcenx dans les Landes. Spécialisée dans la technologie de la torche à plasma, la société a associé cette technologie à celle de la gazéification.
La technologie de la torche à plasma à elle seule est déjà utilisée pour vitrifier des déchets spéciaux (amiante), des mâchefers ou des cendres mais également directement des déchets ménagers même si c'est encore rare. Dans le cas de Morcenx, elle permettra de chauffer les déchets à très haute température (1.200°C) afin de produire un gaz puis de l'électricité. Chaque jour, le site accueillera 130 tonnes de refus de tri non recyclables contenant en mélange du papier, des cartons, des plastiques, de la ferraille, etc. Ces déchets sont issus de déchets industriels banals provenant de la région qui jusqu'à présent étaient mis en décharge ou brûlés dans des cimenteries. En fonction de leur composition physico-chimique, les mâchefers seront directement revendus pour une utilisation en remblais ou vitrifiés dans un four à plasma (1.400°C). L'énergie produite grâce au gaz sera revendue à EDF en tant qu'énergie de source renouvelable.
Les demandes de permis de construire et d'autorisation d'exploiter sont déjà lancées. La mise en route est programmée pour juillet 2009. L'usine représente un investissement de 25M€ financé par Europlasma et dont la Caisse des Dépôts et Consignations souhaite être partenaire ainsi qu'un pôle bancaire. Par ailleurs, elle ne nécessite pas de subvention et s'appuie sur l'obligation d'achat par EDF pour assurer sa rentabilité.