Le ministère de la Transition énergétique compte doubler le nombre de pompes à chaleur géothermiques et augmenter de 40 % le nombre de projets en profondeur dans les prochaines années, grâce au « coup de pouce chauffage » et à un effort cartographique.
En déplacement à Clamart (Hauts-de-Seine) sur un site de production de chaleur géothermique, ce jeudi 2 février, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, et le haut-commissaire au Plan, François Bayrou, ont présenté le plan d'action du Gouvernement en faveur de la géothermie. Ce plan, annoncé une première fois à l'occasion du Salon des maires et des collectivités locales en novembre dernier, mise sur une exploitation renforcée de cette « ressource toujours disponible, inépuisable et renouvelable » pour décarboner la chaleur consommée en France.
Une ressource renouvelable à la traîne
« Les objectifs de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), votée en 2015, sont clairs, a rappelé Agnès Pannier-Runacher. Nous devons porter la part des énergies renouvelables à 38 % de la consommation finale de chaleur d'ici à 2030 et multiplier par cinq la quantité de chaleur et de froid issus d'énergies renouvelables et de récupération livrée par les réseaux entre 2012 et 2030. » Or, la géothermie, l'une des solutions retenues par la France pour y parvenir, reste loin d'atteindre ses objectifs.
La géothermie dans le mix énergétique français
La géothermie ne représente aujourd'hui qu'une partie infime de l'énergie finale consommée sous forme de chaleur : 1 % (ou près de 7 TWh) sur 45 à 50 %. D'autant qu'environ 60 % de cette chaleur est encore produite par le biais d'énergies fossiles et importées, en particulier du gaz naturel ou du fioul. À l'échelle des réseaux de chaleur (en excluant donc les pompes à chaleur, la géothermie (le plus souvent, profonde) n'occupe que 5 à 6 % du mix, soit 2 TWh.
La Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) souhaite porter la quantité de chaleur produite par la géothermie à 2,9 térawattheures (TWh) en 2023, puis à 4 ou 5,2 TWh d'ici à 2028. Aujourd'hui, la capacité géothermique française dépasse à peine les 2 TWh, et ce, depuis 2018.
« Notre rythme annuel reste clairement insuffisant pour remplir nos objectifs, atteste une source proche du ministère de la Transition énergétique.
Ce plan doit ainsi servir à solutionner toutes les causes de ce retard. » Son ambition ?
« Permettre de produire en quinze à vingt ans suffisamment de chaleur géothermale pour économiser (à terme) l'équivalent de 100 TWh par an de gaz naturel. »
Deux fois plus de PAC géothermiques
Le plan d'action du Gouvernement se donne deux principaux objectifs. Le premier consiste à doubler le nombre d'installations de pompes à chaleur (PAC) géothermiques chez des particuliers d'ici à 2025, en comparaison des 3 220 vendues en 2021 dans le secteur résidentiel individuel et des quelque 200 000 en fonctionnement, tous secteurs confondus. Dans cette optique, la prime « Coup de pouce chauffage », délivrée dans le cadre des certificats d'économies d'énergie (CEE), passera dès le mois de mars à 5 000 euros, quel que soit le revenu du ménage souhaitant remplacer sa chaudière thermique par une PAC géothermique (contre 2 500 à 4 000 euros jusqu'ici, et sur un coût moyen par installation de 18 000 euros). Par ailleurs, s'agissant du secteur tertiaire, le Gouvernement parie sur la signature par l'Agence de la transition écologique (Ademe), d'ici à juillet prochain, de six contrats patrimoniaux et territoriaux incluant des projets de géothermie avec de grandes entreprises.
Miser sur la géothermie profonde à l'échelle nationale
Carte des aquifères profonds en France métropolitaine (et des installations en fonctionnement).
© BRGM
En parallèle, le plan se donne comme second objectif d'augmenter de 40 % le nombre de projets de géothermie profonde pour la production de chaleur d'ici à 2030, sur la base des 78 installations actuellement en fonctionnement. Pour cela, le Gouvernement attend de l'Ademe et du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de cartographier l'ensemble des gisements inexploités. Cette année, ils devront d'abord focaliser leur recherche sur les aquifères profonds des bassins aquitains, du Sud-Est ou des poches encore disponibles en Île-de-France. En incluant la cartographie régionale des zones de géothermie de surface dite « de minime importance » (GMI), le ministère de la Transition énergétique doit y consacrer 10 millions d'euros pour continuer leurs travaux cartographiques sur les trois à cinq prochaines années. Sur le plan financier, le plan d'action prévoit de pérenniser et d'étendre, au-delà du bassin parisien, le fonds de garantie géothermie afin de lui permettre de
« couvrir une part plus importante du risque géologique ». Il sera doté de 45 millions d'euros en fonds de dotation initiale. Une révision des critères d'éligibilité et un renforcement du budget du Fonds chaleur sont aussi en cours.
Rien, cependant, n'est prévu pour gérer les éventuels risques sismiques qui peuvent accompagner les forages géothermiques. Le type de géothermie ciblée, vouée uniquement à la production de chaleur plutôt que d'électricité (qui nécessite une très haute température, rencontrée le plus souvent au-delà de quatre kilomètres de profondeur, contre quelques milliers dans l'autre cas), « n'est pas concerné », assure le ministère.
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Note Télécharger le plan d'actions Plus d'infosArticle publié le 02 février 2023