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Géothermie profonde : l'offre française doit se structurer rapidement pour ne pas rater l'envol du marché

La France dispose de compétences dans le domaine de l'électricité géothermique. Mais faute d'offre globale, elle n'est pas assurée de tirer profit du doublement attendu du marché mondial d'ici 2023. Rien n'est perdu, mais le temps presse…

Gouvernance  |    |  P. Collet
Géothermie profonde : l'offre française doit se structurer rapidement pour ne pas rater l'envol du marché

Alors que le marché mondial de l'électricité géothermique pourrait plus que doubler d'ici 2023, "les industriels français ont les cartes en main pour profiter de l'essor de la géothermie d'ici à 10 ans", à condition de structurer l'offre française d'ici trois ans. Telle est la principale conclusion d'une étude de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), conduite en collaboration avec les professionnels de la filière géothermie et Capgemini Consulting.

Intitulée "Les marchés export de la production d'électricité géothermique", cette enquête rafraichit l'étude "marché" réalisée par l'Ademe en 2009, cartographie les compétences françaises, recherche les fournisseurs susceptibles de renforcer le savoir-faire français et propose un plan d'action opérationnel pour dynamiser l'offre française à l'international.

Marché revu à la baisse

Selon l'étude, le grand avantage de l'électricité géothermique est d'être "la seule électricité renouvelable de base (…) compétitive". Le coût est estimé de 60 à 120 dollars par mégawattheure (MWh), quand le coût du nucléaire est compris entre 80 et 140 dollars par MWh, celui du charbon entre 60 et 145, et celui du gaz entre 60 et 100. Dans ce contexte, le marché devrait doubler pour atteindre en 2023 quelque 3,3 milliards de dollars par an pour l'installation de 835 mégawatts (MW) de capacité répartis en une vingtaine de projets de par le monde. Pour comparaison, la capacité installée est actuellement de 11.000 MW, pour un marché annuel de 1,4 milliards de dollars et 350 MW de nouvelles capacités.

Néanmoins, ce doublement est plutôt une mauvaise nouvelle par rapport aux précédentes estimations. "Le choc pétrolier d'août 2008 a pu faire penser que le marché allait quintupler sur la prochaine décennie", rappellent les auteurs de l'étude, citant une enquête rédigée en 2009 par Energy Emerging Research. Las, "vu de 2013, la multiplication de la taille du marché par 5 est surestimée".

Quant aux régions les plus dynamiques, Capgemini identifie l'Afrique (avec un marché multiplié par 9), l'Asie-Pacifique (x4), l'Amérique centrale – Caraïbe (x2) et, dans une moindre mesure, l'Amérique du Nord (x1,5) et l'Europe (x0,5). Par ailleurs, l'étude distingue l'Indonésie et les Philippines, deux pays pour lesquels l'électricité géothermique "peut représenter jusqu'à 10 ou 20% de la production électrique et un marché annuel de plusieurs centaines de millions de dollars".

Quand l'armement bénéficie à la géothermie…

Le rapport pointe "une astuce" qui pourrait permettre aux entreprises françaises de remporter des marchés : "l'électricité géothermique s'insèrerait bien dans les marchés de compensations (offset packages) par exemple en Indonésie, Chili, Colombie, Turquie, Inde". En clair, certains contrats pétroliers, militaires ou technologiques imposent au vendeur des clauses de compensation visant à créer de la valeur dans le pays acheteur. Et le marché n'est pas négligeable puisque pour les seules ventes d'armes, la compensation représentera 424 milliards de dollars sur la période 2012-2021.
La corruption est toutefois un point d'attention pour un management rigoureux de ces marchés", prévient l'étude qui cite les indices Transparency International déplorables de certains des marchés les plus porteurs pour les acteurs français : 118 pour l'Indonésie, 94 pour la Colombie ou 94 pour l'Inde…
Des compétences mais pas d'offre structurée

Reste que les projets de production d'électricité par géothermie présentent "un profil de risque financier et de temps de développement qui nécessitent des savoir-faire spécifiques techniques, commerciaux et des outils de financement appropriés", indique l'Ademe. Le marché est donc plutôt favorable aux entreprises pouvant porter l'ensemble du projet, du financement à l'exploitation.

Or, la France dispose d'atouts et de compétences en matière d'exploration, d'ingénierie, d'équipements, d'exploitation et de maintenance, ce qui laisse entrevoir un possible développement à l'international. Mais attention, la concurrence s'annonce rude avertit l'étude qui pointe l'avance prise par les concurrents : "l'Islande, l'Italie, les USA, le Japon sont des concurrents dynamiques sur le marché international, les trois premiers avec des offres d'ensembliers ; le dernier sur les turbines".

Cette concurrence sera d'autant plus rude que la France ne dispose pas de "major" de la géothermie, à l'image de l'islandais Reykjavik Energy, l'israélien Ormat Technologies ou l'indonésien Pertamina. Il s'agit là d'un point faible, surtout lorsqu'un industriel souhaite répondre à un appel d'offres dans un pays peu mature en terme de production électrique géothermique, car ils "exigent une offre packagée « amont » ou « amont/aval » incluant des solutions de mutualisation et financement du risque exploratoire", préviennent les auteurs de l'étude.

Structurer les clusters d'ici 3 ans

La France n'est donc pour l'instant dotée que d'atouts théoriques, qu'il reste à concrétiser. Rien d'impossible, estiment les consultants de Capgemini, puisqu'"en peu d'années des acteurs avec une bonne offre peuvent conquérir des positions de plusieurs centaines de MW à la barbe des majors". Pour cela, il "reste à transformer en cluster capable de gagner des marchés" les acteurs français aujourd'hui isolés.

Concrètement, l'étude propose d'"organiser « l'offre France » en 2-3 offres clés autour de 2-3 développeurs, avec un fonds de mutualisation du risque géologique et une identification de fournisseurs sur les quelques points actuellement faibles". Pour cela, il faut notamment se focaliser sur le renforcement de sept points clés mal maîtrisés : l'étude des gradients géothermiques et les forages de sondage, les forages tests d'exploitation, le business model et la prise de décision, la sécurité du contrat public-privé, le financement, le forage des puits de production et de réinjection, ainsi que les pompes de production.

Il s'agit maintenant de ne pas perdre de temps et "d'aider les acteurs français à se fédérer et à s'organiser pour enclencher une dynamique de succès commerciaux sous 12 à 48 mois", conclut l'Ademe.

Réactions1 réaction à cet article

Bien sûr, le potentiel pour la Géothermie Profonde existe depuis toujours en France ,dont on a bien répertorié les zones de captage . On cite toujours le Bassin Parisien, mais d'autres sont connus, comme celui de Rhin Supérieur, d'ailleurs mieux étudié par nos voisins outre-rhin. A quand l'Europe Géothermique ? Jamais ,car Nucléaire et Charbon d'abord,les ENR n'étant qu'au stade des Champignons!

arthur | 13 juillet 2013 à 12h54 Signaler un contenu inapproprié

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