Sacrifier les vieux chênes pour accélérer l'adaptation des forêts aux changements climatiques ? La solution pourrait s'avérer pertinente, selon des chercheurs de l'Inrae, de l'ONF, du CEA, des universités d'Uppsala (Suède) et de Zhejiang (Chine). En mettant leurs observations en relation avec les périodes de froid et de sécheresse extrêmes des trois derniers siècles, ces experts ont étudié les variations génétiques de 600 chênes issus de trois forêts françaises (Tronçais, dans l'Allier, Réno Valdieu, dans le Perche, et Bercé, dans la Sarthe), répartis en quatre cohortes selon leur âge moyen : 340, 170, 60 et 12 ans.
Les changements repérés dans le génome de ces arbres, très différents selon leur âge mais pas selon leur forêt d'origine, prouvent que les chênes sont capables d'évoluer très rapidement, en quelques générations seulement, pour s'adapter aux transformations du climat. Selon cette étude, publiée le 5 janvier dernier dans le magazine scientifique Evolution Letters, les gestionnaires forestiers auraient donc tout intérêt à rajeunir les populations de chênes en supprimant les plus anciennes générations susceptibles de féconder des jeunes pousses mal adaptées, puis en favorisant ensuite la régénération naturelle des forêts.
Cette question de la vulnérabilité des forêts, réservoirs de biodiversité et sources de captage du carbone, mais aussi celle de leur vitesse d'évolution et d'adaptation sont particulièrement cruciales dans le contexte de l'accélération du réchauffement climatique. Quant aux chênes, très résistants à la sécheresse, ils se révèlent même capables de coloniser des zones climatiques arides.