Le 24 août 2011 à l'occasion d'un séminaire organisé dans le cadre de le Semaine mondiale de l'eau organisée par l'Institut international de l'eau de Stockholm (Suède), le fonds souverain norvégien, la Norges Bank Investment Management (NBIM), a présenté une étude sur la prise en compte par les entreprises des risques associés au manque d'eau.
Le premier fonds souverain mondial, par la taille des actifs gérés, s'inquiète du fait que "l'accès limité à une eau propre représente un risque grandissant pour un nombre croissant d'entreprises" dans lesquelles il a investi.
432 entreprises évaluées
"En tant qu'investisseur de long terme, NBIM attend des entreprises qu'elles évaluent et rendent compte des risques qui pèsent sur leurs activités et leurs chaînes logistiques du fait d'un approvisionnement de plus en plus rare en eau et de la pollution", explique le fonds qui a évalué la prise en compte de cette question par 432 entreprises sélectionnées parmi les 865 entreprises de son portefeuille jugées vulnérables.
Ces entreprises représentent les secteurs jugés les plus exposés : papier et foresterie (30 entreprises), mines (117 entreprises), production électrique et énergétique (105 entreprises), fourniture et traitement de l'eau (30 entreprises), pharmacie (50 entreprises) et alimentaire et boisson (99 entreprises).
Les entreprises devaient indiquer dans quelle mesure elles prennent en compte neuf critères dans leur évaluation des risques associés à l'eau et le reporting de leur gestion du précieux liquide. Parmi les critères évalués figurent la "clarté" de la stratégie de gestion de l'eau, la prise en compte de l'empreinte eau dans l'analyse des risques et la qualité de la mise en œuvre et du suivi des indicateurs de consommation d'eau.
Trop peu d'entreprises fournissent une information adéquate
Force est de constater que les entreprises interrogées ne prennent pas réellement en compte l'eau dans leur stratégie : bien que sélectionnées pour leur forte dépendance à cette ressource, les entreprises obtiennent une note moyenne de 2,7 sur un maximum possible de 9. Pire, 131 entreprises obtiennent un zéro pointé quand seulement 10 se hissent à la note maximale.
Parmi les bons élèves, cinq entreprises proviennent du secteur des boissons et de l'alimentaire. Deux représentent le secteur de la production électrique et énergétique et une entreprise appartient à chacun de ces trois secteurs : fourniture et traitement de l'eau, pharmacie et industrie minière.
"Trop peu d'entreprises fournissent une information adéquate sur les facteurs de risques associés à l'eau, en particulier s'agissant de leur chaînes d'approvisionnement", regrette Magdalena Kettis, responsable des questions sociales et environnementales du fonds, ajoutant que pourtant "la façon dont les entreprises tiennent compte de ces risques deviendra de plus en plus importante pour les investisseurs alors que les problème d'eau progresseront." Le fonds de gestion rappelle que selon les prévisions des Nations unies, près de la moitié de l'humanité vivra en 2030 dans des régions soumises au stress hydrique ou à la pénurie d'eau et qu'une étude de McKinsey estime que la demande totale en eau dépassera de 40 % la ressource disponible.
Un critère stratégique de sélection des actifs
Pour les gérants des pétrodollars norvégiens les entreprises les moins bien préparées font faces à de très nombreux risques, comme des ruptures d'approvisionnement, une hausse des coût de traitement de l'eau, des risques réglementaires, des conflits avec les populations locales ou des groupes d'activistes opposés au entreprises fortement consommatrices d'eau, des perte de licences d'exploitation ou la mise en cause de leur responsabilité pour les dommages qu'elles causeraient du fait d'une mauvaise gestion de l'eau.
Preuve de l'importance que porte le fonds à cette question, la gestion de l'eau est l'un des six domaines stratégiques prioritaires identifiés en 2009.