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Gestion de l'eau : les leçons de la sécheresse de 2022

Une mission d'inspection a analysé la gestion de crise de l'été 2022. Celle-ci repose avant tout sur une approche saisonnière, quand la multiplication des épisodes secs impose une vision annuelle de la ressource en eau et une anticipation des crises.

Eau  |    |  S. Fabrégat
Gestion de l'eau : les leçons de la sécheresse de 2022

« Le pire a été évité lors de la gestion de la sécheresse 2022 grâce, d'une part, à la mobilisation exceptionnelle de l'ensemble des acteurs et, d'autre part, à un niveau de remplissage élevé des nappes et des retenues à la sortie de l'hiver 2021-2022. De telles conditions pourraient ne plus être réunies si un phénomène similaire se reproduisait dans les prochaines années, voire dès 2023 », prévient la mission d'inspection (1) mandatée par le Gouvernement pour tirer les leçons de l'épisode exceptionnel de sécheresse de 2022.

Dans son rapport, publié le 12 avril, la mission regrette que de nombreux acteurs restent dans une gestion saisonnière de l'eau, une gestion de crise, « sans raisonner selon les principes d'une gestion continue d'une ressource qui se fait rare ». Il faudrait au contraire basculer vers une gestion annuelle, voire interannuelle, comme le font quelques grands opérateurs habitués à gérer et arbitrer entre plusieurs usages.

La mission dresse 18 recommandations pour améliorer la connaissance de l'état de la ressource et de ses prélèvements, anticiper les crises via des modélisations, des études de vulnérabilité des territoires, des plans de sobriété par filière, et améliorer la communication auprès de tous les usagers de l'eau.

Le Cese propose des mesures ciblées par usage

Comptage des prélèvements en temps réel, connaissance permanente de l'état des nappes, utilisation plus large des eaux non conventionnelles…
Dans un avis pour une gestion durable de l'eau, adopté le 11 avril, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) formule bon nombre de recommandations similaires.
En outre, le Cese propose également des mesures ciblées vers les usages. Ainsi, il recommande de mettre en place une irrigation de résilience et d'accélérer la transition agroécologique pour réduire l'impact quantitatif et qualitatif de l'agriculture sur l'eau. Il préconise de rendre responsables les industriels de l'ensemble du traitement de leurs rejets, en privilégiant le recyclage des eaux usées. Enfin, il propose de lancer un débat public sur la tarification de l'eau, « visant à la mise en place d'une tarification sociale et progressive de l'eau, à l'interdiction des tarifs dégressifs et à l'adoption d'une tarification dissuasive de la surconsommation d'eau ».

« La mission préconise donc qu'un travail interministériel s'engage rapidement, à "haut niveau" (directions centrales, hauts fonctionnaires de défense et de sécurité), afin, d'une part, de mettre en place un vrai suivi du phénomène "sécheresse" et de ses effets (eau potable, production d'électricité, sécurité civile...), d'autre part, d'élaborer un plan de résilience national adapté à la prise en charge de populations importantes ou de nombreuses petites collectivités (problématique intégrant la priorisation des usages et la préservation des réserves incendie) », souligne-t-elle. Plusieurs de ces recommandations figurent dans le Plan eau, présenté par Emmanuel Macron, fin mars.

Améliorer les connaissances et le partage pour anticiper les crises

Dans un premier temps, la mission recommande d'améliorer la connaissance sur la ressource, les prélèvements, mais aussi sur les épisodes secs et leurs impacts. Cela passe par un dispositif de suivi des impacts des sécheresses « en temps quasi-réel et en différé », pour mesurer les impacts sur l'eau potable, les milieux et les activités économiques. Le réseau hydrométrique de l'État devrait, quant à lui, développer la prévision des étiages et des nappes, surveiller et bancariser les températures.

Une meilleure connaissance des prélèvements et des usages est également nécessaire. Cela passe par la généralisation, d'ici cinq ans, des compteurs télérelevés pour les usages agricoles, industriels, l'eau potable, les forages domestiques (au-delà de 250 m3 annuels). Par ailleurs, il faut poursuivre la recherche et la régularisation des forages non déclarés, en communiquant d'abord, puis en contrôlant et sanctionnant, note la mission.

Les crises devront être mieux anticipées en réunissant, dès la sortie de l'hiver, les comités eau pour réaliser le bilan de la recharge hivernale et partager les prévisions. L'objectif étant d'engager, le plus tôt possible, une phase de vigilance plutôt que d'attendre la phase d'alerte pour enclencher des actions.

La gestion des retenues et de modulation des volumes pour lisser les effets de la sécheresse doit également être engagée le plus tôt possible. Dans les cours d'eau réalimentés, la mission préconise de « demander aux gestionnaires des retenues de mettre en place des points d'étape systématiques permettant aux préfets d'assurer le suivi de la ressource et des besoins quels qu'ils soient (eau potable, industriels, agricoles...), afin d'établir une stratégie permettant d'optimiser la gestion de l'eau ».

La remontée d'informations en cas de crise doit enfin être mieux organisée, via un outil de rapportage interministériel commun. Des scénarios d'anticipation et un plan de résilience en cas de sécheresse et de rupture d'alimentation en eau potable à grande échelle doivent être élaborés.

Un cadre national revu pour des réponses locales harmonisées

Si la gestion des crises doit se faire à une échelle territoriale, la mission recommande néanmoins à l'État de retravailler les directives nationales, pour harmoniser les réponses locales. Pour les mesures de restriction et de dérogations, les lignes directrices nationales devront être renforcées, « conçues dans un objectif de transparence, d'efficacité et de cohérence et assorties de contreparties significatives ». Les délais de prise de ces mesures ne devront pas dépasser quatre jours (jusqu'à sept aujourd'hui) en cas de dépassement de seuils.

Le guide national sécheresse devra être revu pour harmoniser, d'ici à 2025, les conditions de déclenchement des différentes phases de gestion de la sécheresse et généraliser progressivement les zones d'alerte réservées à l'eau potable. Les mesures de restriction doivent également être plus claires, plus accessibles et mieux contrôlables/sanctionnables. Un « Ecowatt de l'eau » est en cours de développement pour améliorer la communication auprès les usagers sur la situation, les alertes et les mesures prises. Une méthode d'évaluation de l'efficacité des mesures de restriction en temps quasi-réel devra être expérimentée dès l'été 2023 dans les services déconcentrés volontaires, avant d'être généralisée.

“ La mission préconise qu'un travail interministériel s'engage rapidement, à "haut niveau" ” Mission d'inspection

Il faudra également avoir terminé la mise à jour, d'ici à l'été 2023, des arrêtés-cadres départementaux sécheresse et, d'ici à l'été 2024, des arrêtés-cadres interdépartementaux (à l'échelle des bassins), en cohérence avec les préconisations du guide national sécheresse.

Réduire, réutiliser, économiser

À plus long terme, la mission recommande d'élaborer des plans sectoriels de sobriété pour chaque usage de l'eau suivant l'objectif de réduction de 10 % d'ici à 2024 et 25 % d'ici à 2034. Selon elle, les dérogations ne devraient, à terme, être accordées qu'aux acteurs engagés dans une trajectoire de sobriété. Idem pour les retenues de substitution.

De même, les conventions et la gouvernance des retenues d'eau les plus importantes devront être réexaminées. Il s'agira de clarifier les obligations de lâchers d'eau pour le soutien d'étiage, d'évaluer la cote critique dans le cadre d'usages touristiques en cas d'étiage sévère et d'envisager une révision des débits réservés au regard des évolutions climatiques. La politique de réutilisation des eaux usées (Reut) devra être accélérée, avec la finalisation du projet de décret et le déploiement d'une liste positive d'usages autorisés.

Enfin, l'État devra encourager la réalisation de diagnostics de vulnérabilité de l'alimentation en eau potable, afin d'engager les investissements nécessaires à la sécurisation d'approvisionnement et d'envisager un dispositif de tarification progressive.

1. Consulter le rapport d'inspection
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/014714-01_rapport-publie_cle5e1617.pdf

Réactions3 réactions à cet article

Tout ceci est très positif ; il suffira de mettre la FNSEA à ce diapason .

sirius | 14 avril 2023 à 11h07 Signaler un contenu inapproprié

La révision des débits réservés c'est ce que demande, entre autres, le président de la chambre d'agriculture de l'Ariège, qui en voudrait carrément l'abandon. Les espèces, le tourisme, l'eau potable, il s'en fout : le maïs d'abord! Et quand même les cours d'eau seront à sec et les nappes avec, que fera-t-il ? Comme quoi c'est toujours pareil : le lobby de l'agriculture intensive voudrait "créer de la ressource", sans se rendre compte que seule la pluviométrie peut faire cela. On ne peut "créer de la ressource", on ne peut que la prendre! Et même la voler comme on le voit avec les bassines destinées à quelques privilégiés. Le CESE vient de préconiser que les réserves dites "de substitution", qui n'en ont d'ailleurs que le nom, ne puissent être créées avec de l'argent public.

petite bête | 14 avril 2023 à 17h45 Signaler un contenu inapproprié

l'eau est recyclable à 100% et à l'infini mais pas en France 0.8% ! La plante qui "consomme" le plus d'eau l'été donc qui climatise le mieux et qui alimente le cycle de l'eau c'est l'arbre ( le feuillu) , il est techniquement impossible d'évaporer plus d'eau qu'une forêt mais il ne faut surtout pas en évaporer moins sinon provoque les sécheresses et les canicules !
La France va construire des milliers de méga-bassines pour mettre aux normes les méga-villes qui polluent toutes les rivières et pour enfin recycler l'eau, la France va construire des milliers de réserves collinaires (Sivens et Caussade) pour lutter contre les inondations et APRÈS on ne manquera plus JAMAIS d'eau !

laurent | 14 avril 2023 à 19h50 Signaler un contenu inapproprié

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