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Actu-Environnement

Les gestionnaires de réseau électrique vont-ils prendre en main le stockage ?

Les gestionnaires de réseau électrique sont les mieux placés pour connaître les besoins de stockage. Ils pourraient donc déployer des batteries sur leur réseau. Mais cette stratégie pose d'importantes questions de concurrence et de transparence.

Energie  |    |  P. Collet

Implanter des dispositifs de stockage sur un réseau électrique ne s'improvise pas. La démarche doit notamment répondre aux besoins du réseau. Surtout, pour être rentable, elle doit apporter de la valeur à l'infrastructure électrique. Le développement du stockage ne peut donc pas se faire sans la collaboration des gestionnaires de réseau. Ces derniers doivent notamment mettre à disposition des opérateurs de stockage la carte de leur besoin. A moins qu'ils ne décident d'opérer eux-mêmes les installations de stockage… La tentation est grande de considérer que le stockage est une infrastructure de réseau, mais l'opposition du régulateur et des spécialistes du stockage promet d'être vive. Ces questions ont été discutées à l'occasion du colloque sur le stockage de l'énergie organisé les 15 et 16 novembre par l'Association technique énergie environnement (Atee).

Un dispositif piloté par le gestionnaire de réseau

Tout au long du colloque, les professionnels n'ont eu de cesse de répéter qu'ils devaient connaître les besoins du réseau électrique pour développer leur activité. L'exemple des zones non interconnectées (ZNI) l'illustre parfaitement. La loi de transition énergétique prévoit que le stockage d'électricité dans les ZNI puisse être rémunéré à hauteur des surcoûts de production qu'il permet d'éviter. Mais, pour en bénéficier, les installations doivent "être pilotées par le gestionnaire de réseau", insiste Adrien Thirion, qui s'occupe du dossier à la Commission de régulation de l'énergie (CRE).

Mais piloter n'est pas gérer. Dans les grandes lignes, les installations devront soutirer ou délivrer du courant en réponse aux appels du gestionnaire. Ce dernier est tenu d'optimiser ces appels en fonction des contraintes de son infrastructure. Le réseau est donc au centre du dispositif et son gestionnaire bénéficie d'une place de choix. Dans ces conditions, la CRE veut s'assurer que le gestionnaire n'utilise pas sa position au détriment de la concurrence. Pour que tous les projets de stockage puissent défendre leur dossier à armes égales, elle s'assurera que tous les candidats potentiels soient informés des services ayant le plus de valeur et des prescriptions techniques applicables pour la fourniture de ces services (temps de réaction, durée et fréquence d'appel, localisation, etc.). En clair, le gestionnaire de réseau devra publier une carte de ses contraintes et fixer des règles claires...

Les "lignes virtuelles" de RTE

On le voit bien, les informations dont dispose le gestionnaire de réseau lui procure un avantage essentiel sur les opérateurs de stockage. Didier Laffaille, chef du département technique de la CRE, pose l'enjeu dans "sa version hard" : "Est-ce que le gestionnaire de réseau peut être propriétaire des équipements de stockage ?". La question n'est pas anodine. Elle vise en particulier RTE qui étudie le déploiement de "lignes virtuelles" constituées de batteries disposées à des points clés du réseau pour renforcer les lignes engorgées. Lorsqu'une ligne sature, une batterie pourrait délivrer de l'électricité à proximité du point où la demande est forte et une seconde en stockerait simultanément à un autre point du réseau. Il y aurait alors un transfert virtuel entre les deux points qui rendrait un service équivalent à celui fourni par une ligne physique. Pour le réseau, la valeur de ces stockages est particulièrement élevée, puisqu'elle permet d'éviter un black-out local sans construire de nouvelles lignes…

Terna, l'homologue italien de RTE, est déjà autorisé à installer des batteries sur son réseau. Il a notamment acquis une batterie de 35 MW pour une capacité de stockage de 245 MWh. Le régulateur italien considère les batteries comme des actifs de réseau, au même titre que les lignes électriques ou les transformateurs. A ce titre, le stockage ouvre droit à une rémunération similaire à celle du réseau. Toutefois, la décision est loin de faire l'unanimité puisque le stockage d'électricité est considéré comme une activité concurrentielle. L'exploitation d'installations de stockage, comme la production électrique, doit donc être séparée des activités de gestion de réseau.

Concurrence entre les options techniques

La CRE n'ayant pas rendu d'avis sur le sujet, c'est donc à titre personnel que le responsable de la commission exprime son opposition au projet de RTE. Tout d'abord, il y a probablement des difficultés juridiques. En dehors du cas particulier des ZNI, la réglementation semble interdire la possession d'installations de stockage par les gestionnaires de réseau. Une des difficultés règlementaires réside dans l'absence de définition légale d'une unité de stockage. Est-ce un consommateur ? Est-ce un producteur ? "Ni l'un, ni l'autre, mais les deux à la fois", résume Cédric Thomas du ministère de l'Environnement. La CRE devrait rapidement lancer une consultation pour clarifier ce point.

Surtout, l'un des principaux arguments opposé aux lignes virtuelles concerne la concurrence. Pour RTE, le soutirage étant égal à l'injection, le dispositif n'entraîne pas de fluctuation du prix de l'électricité. L'opérateur de réseau n'intervient donc pas dans la concurrence entre les producteurs. Reste la concurrence entre les solutions de soutien au réseau. Plusieurs d'entre elles permettent de décongestionner les infrastructures électriques : construction d'unités de production, renforcement des lignes électriques, effacement de consommation, autoconsommation et, bien sûr, stockage de l'électricité. Le gestionnaire de réseau n'a pas à prendre part à cet affrontement, hormis pour ce qui le concerne : la création de lignes électriques. En l'occurrence, l'une des concurrences les plus fortes semble être celle qui voit s'affronter le stockage et l'effacement. D'une certaine manière, en implantant des batteries sur son réseau, RTE coupe l'herbe sous le pied des opérateurs d'effacement.

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