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Améliorer les règles du GIEC et mieux les appliquer
Selon l'IAC, ''les procédures utilisées par le GIEC pour établir ses rapports d'évaluation ont été globalement couronnées de succès, néanmoins le GIEC doit réformer fondamentalement sa structure de direction et renforcer ses procédures pour faire face à des évaluations climatiques de plus en plus complexes et larges ainsi qu'à un examen public plus minutieux''. Globalement, la méthode de travail du GIEC est qualifiée de ''minutieuse'' et l'IAC estime qu'une ''application plus stricte des procédures d'examen du GIEC pourrait minimiser le nombre d'erreur''. Pour cela, le rapport encourage les éditeurs à exercer leur autorité pour s'assurer que les rédacteurs prennent en compte l'ensemble des remarques formulées par les relecteurs et que les éléments contradictoires soient représentés.
En matière de littérature grise, c'est-à-dire d'articles non publiés par une revue scientifique à comité de lecture, l'IAC juge que son utilisation ne devrait pas être proscrite. Cependant, il estime que les règles du GIEC sont ''trop vagues'' et il recommande qu'elles précisent quel type de document peut être utilisé. Par ailleurs ces règles devraient être mieux appliquées et les informations tirées de la littérature grise devraient être spécifiées. En janvier 2010 le GIEC avait reconnu que son estimation de la fonte des glaciers de l'Himalaya, qui ''pourraient disparaître d'ici 2035, voire avant'' selon le quatrième rapport, était erronée. Cette affirmation était justement fondée sur la littérature grise.
Par ailleurs, l'IAC propose d'améliorer la présentation des incertitudes scientifiques en uniformisant la démarche des trois groupes de travail. Actuellement, chaque groupe utilise des règles différentes et l'IAC note que le rapport du deuxième groupe de travail, traitant des impacts des changements climatiques, ''contient des informations présentées comme hautement sûres mais pour lesquelles il y a peu de preuves''. L'IAC propose donc d'établir une échelle qui indiquerait le nombre de preuves disponibles et le degré de certitude associés aux conclusions du GIEC. De même une échelle devrait évaluer la probabilité des événements considérés.
Améliorer la gouvernance du GIEC
S'agissant de la gouvernance du GIEC et de son fonctionnement, l'IAC juge que la communication est un élément ''critique'' pour le GIEC, notamment après les réponses ''lentes et inadéquates'' apportées suites aux différentes erreurs trouvées dans le quatrième rapport. De même, l'IAC fait état des critiques adressées aux dirigeants du GIEC qui ont dépassé leur mandat en ayant un discours trop prescriptif. Ainsi, l'IAC préconise l'élaboration d'une stratégie de communication qui mettrait l'accent sur la transparence et la rapidité. De plus, le rapport estime qu'il faudrait établir des règles définissant les personnes autorisées à s'exprimer au nom du GIEC.
S'agissant de la présidence du GIEC et des trois groupes de travails, l'IAC considère que ''la limite actuelle fixée à deux mandats de six ans est trop longue''. Il propose un unique mandat pour la durée de la rédaction d'un rapport ''afin de maintenir une variété de perspectives et une approche renouvelée à chaque rapport''. Par ailleurs, l'IAC propose que le GIEC ''développe et adopte une politique rigoureuse en matière de conflits d'intérêts'' et qu'elle s'applique à l'ensemble de ses membres. Indirectement, l'IAC répond aux controverses concernant Rajendra Pachauri, l'actuel président du GIEC, accusé d'alarmisme et de conflit d'intérêt.
Toujours en matière de Gouvernance, le rapport propose la création d'un comité exécutif constitué d'une douzaine de membres dont des hauts responsables du GIEC et des membres indépendants issus du milieu universitaire, des ONG et des entreprises. Ce comité validerait des corrections mineures relatives aux rapports publiés et approuverait de légères modifications relatives à la portée des travaux en cours. Cette mesure vise à palier l'intermittence du processus de décision du GIEC puisque celui-ci ne peut adopter des décisions, même minimes, que lors de ces réunions plénières. De même l'IAC recommande la nomination d'un directeur exécutif qui dirigerait le Secrétariat du GIEC et serait chargé des opérations courantes et de la communication. Actuellement, le Secrétariat du GIEC n'a aucune autonomie et n'a aucun pouvoir de décision.