L'Agence européenne des produits chimiques (Echa) a jugé ce mercredi 15 mars que les connaissances scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate comme substance cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction (CMR). Elle a en revanche maintenu la classification de la substance active du célèbre herbicide Roundup en tant que substance toxique pour la vie aquatique et provoquant des lésions oculaires graves.
"Cette classification de l'Echa est totalement incompréhensible car le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a montré clairement qu'au moins sept études montrent une incidence accrue de certains cancers chez des animaux de laboratoires exposés au glyphosate", s'indigne François Veillerette, porte-parole de l'association Générations futures.
L'Echa a mis en ligne le résumé des études sur lesquelles elle s'est fondée pour élaborer son avis. L'eurodéputée écologiste Michèle Rivasi considère toutefois qu'il ne s'agit là que de "bribes d'études" et annonce une probable saisine de la Cour de justice de l'UE.
Le Circ, rattaché à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a reconnu le glyphosate comme cancérogène probable en mars 2015. En revanche, l'Institut allemand pour l'évaluation des risques (BfR), puis l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), ont adopté une position contraire en août et en novembre 2015. De son côté, l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses) avait jugé limité le niveau de preuve de cancérogénicité dans un avis de février 2016.
Un renouvellement d'autorisation facilité ?
"Un classement comme cancérogène probable par l'Echa aurait signifié un retrait du marché européen du glyphosate", estime Générations futures. L'avis rendu aujourd'hui pourra au contraire influencer la Commission et les Etats membres en faveur du renouvellement de son autorisation comme substance active dans les herbicides. "Les preuves scientifiques pour appuyer le renouvellement du glyphosate sont aujourd'hui écrasantes. S'ils prennent en compte cette dernière évaluation rigoureuse, les Etats membres ne peuvent plus faire obstacle à l'autorisation du glyphosate dans l'UE", estime ainsi Richard Garnett, président du groupe de travail sur le glyphosate mis sur pied par les agrochimistes.
Cette autorisation avait été prolongée fin juin 2016 pour une durée de 18 mois et les Etats membres vont devoir de nouveau se positionner d'ici la fin de l'année. De son côté, Générations futures invite "plus que jamais les citoyens européens à signer l'initiative citoyenne européenne demandant l'interdiction du glyphosate" afin de marquer leur mécontentement. Cette initiative nécessite un million de signataires pour contraindre la Commission européenne à se prononcer sur la demande.