Cafouillage ou reculade ? Il est en tout cas difficile de comprendre la position de la France sur le glyphosate tant les positions émises par les ministères concernés sont différentes voire contradictoires. Un vote sur le renouvellement de la licence de ce fameux herbicide, dont les effets cancérogènes font l'objet de débats houleux, doit avoir lieu début octobre à la Commission européenne. La France avait fait savoir par le biais de son ministre de la Transition écologique qu'elle se prononcerait contre. Cette position a provoqué la fureur de la FNSEA, le syndicat majoritaire de la profession agricole, dont le principal argument est qu'il n'existe aucune alternative fiable au glyphosate et que son retrait définitif du marché aurait des conséquences désastreuses sur les rendements agricoles.
Vendredi 22 septembre, une manifestation rassemblant plus de 250 agriculteurs a eu lieu à Paris pour dénoncer la possibilité d'importer de l'étranger des produits traités au glyphosate et la concurrence déloyale qu'ils représenteraient face aux fruits et légumes français. Est-ce cette pression qui a conduit le ministre de l'Agriculture à suggérer depuis que l'herbicide pourrait être ré-autorisé pour 5 à 7 ans ? Quoi qu'il en soit la question du glyphosate pose un sérieux problème de société et de modèle économique : les agriculteurs peuvent-ils se maintenir tout en se passant de produits pesticides ? Herbicides, fongicides et insecticides, les phytosanitaires sont des moyens rapides de débarrasser les cultures de certaines pathologies et des adventices. Mais cette accoutumance est-elle viable quand on sait les effets néfastes que ces produits de synthèse provoquent sur la santé et l'environnement ?
Autant de questions que Marie Jo Sader a souhaité posé à deux syndicats agricoles majeurs, soit la FNSEA et la Confédération paysanne. Actu-Environnement reçoit sur ce plateau :
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Emmanuel Aze Membre du comité national de la Confédération paysanne |
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Eric Thirouin Président de la commission environnement de la FNSEA |
Dans cette émission, nos invités ont pu réagir au focus que nous avons choisi de faire sur les études menées par le CNRS à Chizé dans les Deux-Sèvres. Une expérimentation inédite sur 450 Km2 de territoire rural, soit 16.000 parcelles suivies depuis 1994. Les résultats qui en ressortent sont surprenants. Ils montrent que diviser par deux l'usage des pesticides n'affecte pas les rendements agricoles, voire peut même faire augmenter les revenus des agriculteurs grâce à l'économie réalisée en réduisant l'achat de phytosanitaires mais aussi grâce aux services écosystémiques rendus par la nature.
Découvrez l'expérience en image: