La mise en service du réacteur pressurisé européen (EPR) de Flamanville ne signera peut-être pas le top départ de la construction des suivants. L'achèvement de sa construction suffira, à en croire Agnès Pannier-Runacher. La ministre déléguée chargée de l'Industrie était, ce matin, au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV-RMC. Interrogée sur le rôle de l'énergie nucléaire dans la souveraineté énergétique de la France, à l'heure où les prix de l'électricité et du gaz flambent, elle a esquissé une réponse inédite sur l'échéance concernant les six nouveaux EPR souhaités par le gouvernement. Cette décision, déclare-t-elle, « peut-être nous la prendrons un peu en avance lorsque nous serons sûrs que l'EPR de Flamanville sera sur la bonne voie ». Puis, alors questionnée sur la date de livraison du réacteur nucléaire de troisième génération en construction sur la côte normande, elle précise que cela dépend de « facteurs industriels » : « Il entrera en service quand EDF aura terminé sa construction. Et si sa construction est terminée, nous prendrons la décision de construire de nouveaux EPR. »
Autrement dit, le gouvernement semble ne plus vouloir attendre le démarrage effectif du réacteur de Flamanville pour poser la première pierre des prochains EPR, comme l'assurait pourtant le président de la République. En décembre dernier, Emmanuel Macron avait en effet annoncé qu'une « décision définitive de construction de nouveaux réacteurs doit être préparée et devra être prise au plus tard en 2023, lorsque [l'EPR de Flamanville (Manche)] sera entré en service ». Pour rappel, EDF estime pouvoir charger le combustible nucléaire dans la cuve dès la fin de 2022.
Cette volonté apparente d'accélérer la construction de nouveaux réacteurs hérisse évidemment le poil d'associations comme Greenpeace. « L'EPR de Flamanville est un fiasco total avec plus de dix ans de retard et un coût multiplié par six, affirme Nicolas Nace, chargé de campagne Transition énergétique pour l'ONG, dans un communiqué. Revenir sur l'engagement du gouvernement d'attendre la mise en service éventuelle de l'EPR de Flamanville avant de faire ce choix déterminant pour la France reviendrait à imposer une décision dans un total déni de démocratie. » L'association Sortir du nucléaire qualifie, quant à elle, sur Twitter, ce changement d'échéance de « fuite en avant assumée » et de « mépris inacceptable de la démocratie et de la protection des populations ».