Alors qu'un règlement européen interdit depuis mars 2013 l'importation et la production de bois illégal, l'ONG Greenpeace annonce avoir saisi le 8 janvier une cargaison de bois illicite sur le port de Caen (14).
Mercredi à 8h30, 15 militants de Greenpeace en combinaisons siglées "Brigade de Vérification du Bois" se sont introduits à bord d'un camion-grue dans le port. Ces derniers ont saisi une grume d'environ 7,50m de long en provenance de la République démocratique du Congo, vendue par la compagnie Sicobois. Ce bois, importé par la société française Peltier Bois, "est illégal. Greenpeace a tous les éléments pour le prouver", affirme Frédéric Amiel, chargé de campagne forêts pour l'ONG.
Les militants ont été rapidement interpellés après être parvenus à charger cette grume. Ils ont été entendus par les gendarmes à la demande du parquet de Caen. Une plainte a été déposée contre les militants par le port de Caen pour intrusion dans un site sécurisé. De son côté, Greenpeace a porté plainte contre X pour importation illégale de bois.
La France hors la loi ?
L'ONG comptait déposer cette grume devant le ministère de l'Agriculture à Paris alors que les députés viennent de débuter l'examen du projet de loi d'avenir de l'agriculture. Or, l'article 33 du projet de loi prévoit "deux ans d'emprisonnement et 100.000 € d'amende" à l'encontre des entreprises en cas de non-respect des dispositions du règlement européen en vigueur. Ce règlement oblige les importateurs à mettre en place des systèmes de surveillance pour éviter l'entrée de ces produits illicites sur le marché européen. Les commerçants qui achètent ou vendent du bois déjà sur le marché doivent quant à eux identifier leurs fournisseurs et leurs clients dans un registre - à l'exclusion des particuliers - afin d'assurer la traçabilité des produits.
"Le projet de loi d'avenir sur l'agriculture, l'alimentation et la forêt, en discussion en ce moment au Parlement, doit donner les moyens à la France de lutter efficacement contre le trafic de bois illégal. Aujourd'hui le projet est trop faible : imprécis sur le régime de sanctions, sans moyens de contrôle supplémentaires", estime Frédéric Amiel.
"La France n'applique pas une règlementation qui devrait l'être depuis 10 mois. Le projet de loi en l'état ne changera rien à la situation actuelle", a-t-il ajouté. Greenpeace demande donc au ministère et aux députés "d'améliorer ce texte".
