
Selon cette étude réalisée pour Greenpeace et publiée dans la revue américaine à comité de lecture Archives of Environmental Contamination and Toxicology**, des rats de laboratoire nourris pendant 90 jours avec le maïs transgénique MON863 produit par la société Monsanto présenteraient des troubles au niveau des reins et du foie. Rappelons que le MON 863, autorisé en Europe pour l'alimentation animale depuis août 2005 et pour l'homme depuis janvier 2006, fait l'objet de débats depuis trois ans.
L'étude a analysé les tests toxicologiques du maïs OGM MON863 menés par la société Monsanto elle-même, et dont les résultats avaient été transmis à la Commission européenne lors de sa demande d'autorisation de mise sur le marché. Suite à l'obtention des données brutes de Monsanto par voie judiciaire (recours de Greenpeace Allemagne en Cour d'Appel), les résultats ont été réexaminés par une équipe scientifique chapeautée par le Professeur Gilles-Eric Séralini, Professeur de biologie moléculaire à l'Université de Caen, et Président du Conseil scientifique CRII-GEN. Pour Greenpeace, les conclusions de ses travaux sont sans appel. Notre étude démontre que les ''anomalies'' relevées il y a trois ans correspondent bien à des lésions hépato-rénales, affirme Arnaud Apoteker. Le MON863 comporte donc un risque réel de toxicité, ajoute-t-il.
Greenpeace appelle donc l'Union européenne à procéder immédiatement au retrait du maïs MON863 du marché communautaire et à réviser les procédures d'autorisation des OGM dont notamment l'évaluation de leurs risques sanitaires. Il faut plus que jamais appliquer le principe de précaution et décréter un moratoire sur les OGM, réclame Arnaud Apoteker. Les Verts et CAP 21 demandent également l'arrêt immédiat de la culture d'OGM en plein champ. Ces éléments sont suffisants pour exiger d'autres études et pour que nous demandions le retrait du maïs OGM MON 863 autorisé à la consommation humaine et animale, indique dans un communiqué Eric Delhaye, Porte-parole de CAP 21. Il souhaite de ce fait la généralisation des études sur la santé avant commercialisation, la publication de toutes les études existantes et le lancement d'une vaste expertise publique.
Interrogé par Reuters, Monsanto-France s'est déclaré prudent et confiant. J'ai confiance dans les autorités scientifiques qui ont donné l'autorisation d'importation. On est en train de lire en détail l'étude de Greenpeace, a précisé Yann Fichet, directeur des relations extérieures de Monsanto-France.
Au-delà de l'Europe, le maïs MON863 est également autorisé à la commercialisation en Australie, au Canada, en Chine, au Japon, au Mexique, aux Philippines, en Corée, à Taiwan et aux Etats-Unis.
Si le débat autour du MON863 dure depuis 3 ans, et que le CRII-GEN réclame depuis toujours un accès libre aux résultats des études toxicologiques des organismes génétiquement modifiés, les résultats de cette étude tombent à pic. En effet, tandis que le décret sur les OGM devrait être publié prochainement, les associations demandent un moratoire aux candidats à l'élection présidentielle. Rappelons que si Nicolas Sarkozy reste évasif sur le sujet, Ségolène Royal et François Bayrou se déclarent favorables à un moratoire.
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