Or selon une étude réalisée à la demande de l'ADEME par le cabinet In Numeri et publiée dans son Stratégie&études de juillet 20101, les évolutions observées depuis 2007, date de référence, ne sont pas en accord avec ces cibles. L'objectif de baisse de 15% des quantités incinérées et stockées aurait dû se traduire par une diminution de 6% en 2009 par rapport en 2007 mais l'ADEME remarque une baisse de seulement 4,4%. Le recyclage des déchets d'emballages ménagers est lui aussi en retard sur la voie menant à l'objectif de 75 % de taux de recyclage en 2012 puisque l'ADEME prévoit un taux de 64,8% pour 2009 pour une trajectoire à 66,8 %. ''Une correction significative de trajectoire sera donc nécessaire pour atteindre les objectifs fixés pour 2012, d'autant plus que la crise économique a contribué à diminuer les quantités totales de déchets produits en 2009'', prévient l'ADEME.
En revanche, l'objectif de réduction à la source semble sur une meilleure voie : ''la situation 2009 devrait se révéler meilleure (- 3,1 %) que le chemin linéaire (- 2,8 %) amenant à l'objectif de réduction de 7% sur 5 ans'', remarque l'ADEME. Le taux de déchets ménagers orientés vers le recyclage est quant à lui déjà arrivé à sa cible 2012 de 35 % (contre 34,1 % en 2007) tandis que le recyclage des déchets non dangereux des entreprises est légèrement en avance sur la trajectoire avec 68,7 % prévus pour 2009, pour une estimation de trajectoire à 68,3 %. Toutefois, rien ne permet de savoir si ces évolutions prometteuses sont structurelles et durables ou bien liées à la crise économique.
Pour l'ADEME, il est donc évident que de gros efforts restent à faire surtout pour respecter les échéances de 2012 mais également celles de 2015 : ''un infléchissement de tendance important sera nécessaire pour tenir l'objectif de 45 % de déchets ménagers orientés vers le recyclage en 2015''.
L'agence mise notamment sur la prévention et un renforcement ''très significatif''' des capacités de traitement des biodéchets. Ces actions sont prévues dans le plan d'action déchet présenté par le gouvernement en septembre 2009. Ce plan prévoit plusieurs mesures visant à accentuer les efforts de prévention et notamment l'introduction d'ici 5 ans d'une part variable liée au volume de déchets produits dans la tarification du service de collecte et de traitement. Le plan national vise également à développer le traitement biologique des biodéchets via le soutien au compostage domestique et en obligeant les gros producteurs comme les cantines scolaires à trier leurs déchets.
La grande inconnue reste la sortie de crise : ''l'impact [de la crise] sur les quantités de déchets produites, en particulier pour les déchets d'entreprise, et leur mode de traitement a certainement joué sur les indicateurs dans un sens favorable à l'atteinte des objectifs'', prévient l'ADEME. ''La gestion de la sortie de crise est l'un des autres enjeux importants du Plan déchets'', ajoute-t-elle.
Un marché tiré par les installations de traitement biologique
Si les objectifs du Grenelle sont atteints, certaines filières vont être amenées à se développer (collecte, tri) tandis que d'autres devraient décroître (incinération, stockage). Le traitement biologique, notamment la méthanisation, connaît déjà un développement rapide et une croissance supérieure aux besoins du Grenelle poussé par la nécessité de limiter l'incinération. Selon l'ADEME, la construction de ces installations pourrait donc devenir le moteur de l'activité de construction du secteur. Elle devrait déjà représenter 70% du chiffre d'affaires en 2009.
Le renouvellement des bacs de collecte dans les collectivités deviendrait également un marché dynamique. Les bacs à puces notamment pourraient être dopés par la généralisation de la tarification incitative.