Le comité opérationnel ''radiofréquences" a présenté le mardi 8 février, devant la ministre de l'Ecologie, les résultats de la première phase d'expérimentation de l'exposition aux ondes électromagnétiques des antennes-relais. Cette expérimentation a été menée dans six communes pilotes, ''représentatives des principales configurations d'exposition aux champs électromagnétiques : territoires ruraux et urbains, plaine et montagne, bâtiments anciens et modernes'', a précisé le comité opérationnel mis en place dans le cadre du Grenelle des Ondes en juillet 2009.
Des niveaux "inférieurs" au seuil réglementaire
Objectif de ce test : examiner ''la faisabilité technique'' d'un abaissement de l'exposition de la population aux ondes des antennes de téléphonie mobile. Etaient concernées les villes de Grenoble (Isère), de Paris (14ème arrondissement), de Thiers (Puy-de-Dôme), de Kruth (Haut-Rhin), de Grand Champ (Morbihan) et de Courbevoie (Hauts-de-Seine).
Résultats : le niveau médian d'exposition ''reste faible'', inférieur à 0,3 volt par mètre (V/m), selon le comité présidé par François Brottes, député-maire (PS) de l'Isère. Si quelques points, dits ''atypiques'', ont atteint des niveaux plus importants jusqu'à 12 V/m, ils sont toutefois ''nettement inférieurs aux 41 à 61 V/m fixés par la réglementation française", assure-t-il. Ce seuil est suggéré par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour protéger la population de l'échauffement des tissus du corps humain. Le ministère a précisé qu'il s'agit là "du seul effet biologique identifié aujourd'hui" alors que les associations écologistes jugent ces taux dangereux. Les ONG réclament un seuil d'exposition de précaution aux antennes-relais à 0,6 V/m.
Des taux d'émissions revus à la baisse ?
''Même si les seuils réglementaires d'exposition ne nécessitent pas de révision (…) le Grenelle des ondes a néanmoins considéré que, dès lors que l'exposition globale du public aux antennes-relais de téléphonie mobile peut être réduite, sans dégradation de la couverture ou de la qualité de service, et à des coûts économiquement acceptables, cette réduction doit être envisagée", a souligné Nathalie Kosciusko-Morizet.
Le ministère se veut prudent et attend les résultats de la seconde phase d'expérimentation (dite de modélisation de baisse des émissions), prévue en avril 2011, pour décider un abaissement ou non des seuils d'exposition. La poursuite de l'étude concernera 16 communes volontaires sélectionnées en janvier 2010. Les expérimentations (dont celles de terrain) devront être achevées à la fin de l'année 2011, a précisé le ministère.
NKM a aussi annoncé mardi qu'un nouveau cadre réglementaire permettant à tout riverain d'antennes-relais de faire mesurer gratuitement le champ électromagnétique dans son logement serait opérationnel dès 2012.
''Des résultats connus depuis longtemps'', déplorent les ONG
Mais les ONG Agir pour l'Environnement et Priartem ont déploré ''des premiers résultats'' déjà ''connus depuis deux ans'', lors du Grenelle des Ondes et dénoncé ''une perte de temps'' pour les riverains d'antennes-relais. Rien de nouveau donc, selon elles en affirmant effectivement ''que les niveaux d'exposition moyens sont relativement faibles'' tout en ajoutant ''qu'il existe environ 10% des points de forte, voir très forte exposition ; dans 88,8% des cas, la téléphonie mobile est la fréquence qui contribue le plus au champ global, loin devant la télévision et la radio''. Et de s'interroger sur la finalité de cette expérimentation : ''l'objet de cette expérimentation est-il de tenter de baisser les seuils d'exposition ou de gagner du temps afin de simuler le mouvement sans froisser les opérateurs ou, pire encore d'y puiser des arguments pour ne rien faire ?'', ont-elles fustigé.
Or, selon les ONG, si les niveaux d'exposition moyens sont faibles, ''ils montrent qu'il est tout à fait possible de respecter le seuil de précaution à 0,6 V/m''. ''Pour cela, il conviendrait d'agir sur les points chauds, environ 10% des sites actuels, où cette valeur est dépassée et de veiller, par la mise en oeuvre d'une réglementation protectrice, à ce que ce seuil ne soit dépassé en aucun lieu de résidence ou de travail'', expliquent-elles. ''L'heure ne doit donc plus être à la réunionite mais à l'action politique'', selon elles.
Si une précédente étude publiée en novembre 2009 par le député de la Somme (UMP) Alain Gest, à la demande de l'Opecst, estimait que la réglementation ''garantissait des niveaux d'exposition protecteurs'' et constatait ''un quasi-consensus sur l'innocuité des antennes-relais'', l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses, ex-Afsset) recommandait au contraire en octobre 2009 une réduction des expositions aux ondes en particulier émises du téléphone portable, dans un avis qui avait fait polémique. L'Anses lancera d'ailleurs durant le premier semestre 2011, un appel à projets de recherche sur les radiofréquences doté de 2 millions d'euros.