Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a émis un avis sur la distribution des pastilles d'iodes (1) dans le périmètre des installations nucléaires. Cet avis fait suite à une demande de la direction générale de la santé (DGS) et a pour but d'actualiser les recommandations relatives à la protection des populations par les pastilles d'iode en cas d'accident nucléaire.
Du fait de ses 58 réacteurs répartis sur tout le territoire, et des autres sites à risques comme les port militaires de Cherbourg, Toulon, Brest ou l'Institut Laue-Langevin à Grenoble, « la France est le pays le plus nucléarisé au monde », expose l'avis. D'après le Haut Conseil, tous les Français résident à moins de 200 km d'une installation nucléaire. Lors d'un accident nucléaire, de nombreux isotopes sont relâchés mais l'iode est particulièrement surveillé pour sa capacité à induire des cancers de la tyroïde, un organe essentiel à la synthèse d'hormones. C'est pourquoi les personnes qui vivent dans un périmètre de 20 km autour d'une installation nucléaire bénéficient de pastilles, qui ont pour rôle de saturer l'organe en iode. Celui-ci ne peut alors plus utiliser les ions instables, évitant ainsi d'endommager l'ADN des cellules tyroïdiennes.
Après avoir étudié l'état de l'art (essentiellement basé sur Tchernobyl et Fukushima), auditionné et demandé des contributions écrites à des spécialistes, le HCSP a rendu son avis sur quatre points clé : l'âge de la population concernée ; le goût, l'emballage du traitement et la gestion des stocks ; l'oragnisation des campagnes de distribution ; et enfin, la perception du risque par les populations. Dans les grandes lignes, l'avis s'attarde surtout sur les campagnes de distribution de pastilles. D'après le HCSP, 600 000 foyers n'ont pas retiré leurs pastilles alors qu'ils y avaient droit. L'instance préconise donc d'améliorer la sensibilisation des populations, notamment les 18/20 ans, en impliquant plus d'acteurs, en identifiant les périmètres qui échappent aux campagnes, ou encore en communiquant de la manière la plus simple et transparente possible. D'un autre côté, le HCSP demande à continuer les recherches pour faciliter la prise des comprimés iodés chez les nourrissons. En effet, leur goût naturellement désagréable rend leur administration très compliquée.