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Actu-Environnement

“De forts gains énergétiques peuvent être obtenus par l'optimisation de l'exploitation du bâti tertiaire”

Le projet de loi Logement confirme un nouveau décret tertiaire visant une réduction des consommations de 40% du parc dès 2030. Hélène Bru, de la société de conseil BHC Energy - Société Greenflex, souligne les gains énergétiques générés rapidement en optimisant l'exploitation du bâtiment.

Interview  |  Bâtiment  |    |  R. Boughriet
Environnement & Technique N°381
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°381
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“De forts gains énergétiques peuvent être obtenus par l'optimisation de l'exploitation du bâti tertiaire”
Hélène Bru
Responsable du pôle Bâtiment et Energies renouvelables chez BHC ENERGY - Société Greenflex
   

Actu-Environnement : Le décret "rénovation du parc tertiaire" refait surface dans le projet de loi Logement présenté le 4 avril en conseil des ministres. Que pensez-vous du nouveau texte ?

Hélène Bru : On attendait le retour rapide de l'obligation de travaux dans le tertiaire après la suspension du précédent décret par le Conseil d'Etat. Il n'y a toutefois pas de calendrier de mise en œuvre fixé dans le projet de loi Logement. L'obligation de 25% d'économies d'énergie en 2020 a été supprimée. Un premier objectif de réduction de 40% des consommations à l'horizon 2030, par rapport à 2010, est désormais fixé à plus long terme. Pourtant, les acteurs peuvent atteindre facilement l'objectif initialement défini pour 2020. Nos retours d'expérience démontrent qu'une réduction de 20% des consommations énergétiques peut, dans bien des cas, être atteinte rapidement en travaillant sur l'optimisation de l'exploitation du bâtiment et la modernisation des systèmes techniques.

Si dans le décret initial, le niveau global d'amélioration en 2020 paraissait assez réaliste, ses modalités d'application prêtaient cependant à interprétation. Il est nécessaire de publier un nouveau texte plus complet précisant s'il s'agit bien d'énergie finale, si l'on inclut toutes les consommations, y compris les usages propres aux occupants des bâtiments. Les bâtiments abritant des centres de données ou des centres informatiques par exemple seront de fait plus énergivores que d'autres.

Il faudrait que les dispositions réglementaires clarifiant l'obligation sortent vite pour donner de la visibilité aux acteurs. Il faudrait également que le nouveau décret garde le principe de fixer des étapes intermédiaires de réalisation d'actions de progrès, de manière à créer un processus d'amélioration progressif et à valoriser les acteurs déjà engagés. Quoi qu'il en soit, les acteurs, qui se prépareront et procéderont à des améliorations énergétiques au fil de la vie de leur bâtiment, parviendront à remplir leur obligation finale, de la façon la plus pertinente possible et la moins coûteuse.

AE : Le nouveau décret déterminera les bâtiments concernés en fonction de leur surface et du type d'activité exercée. Les objectifs de réduction des consommations pourront être modulés. Le gouvernement revoit-il ses ambitions à la baisse ?

HB : Le précédent décret s'appliquait de façon indifférenciée aux hôtels, aux commerces, aux bureaux, aux bâtiments d'enseignement et aux bâtiments administratifs de plus de 2.000 m2.

Adapter les objectifs aux différents types de bâtiments, cela peut avoir un sens. Il y a des bâtiments qui sont intrinsèquement plus consommateurs, qui ont des leviers d'amélioration plus significatifs que d'autres. Il peut y avoir aussi des écarts de consommations au sein d'une même typologie de bâtiments, selon le mode de gestion et de maintenance du bâtiment. Concernant l'aspect surface, il est vrai qu'il est coûteux d'intervenir sur les plus petits bâtiments. Il y a toujours des coûts d'études et de mise en œuvre de projets qui ont du mal à être absorbés sur la facture énergétique des petites surfaces.

Quand nous dialoguons avec des maîtres d'ouvrage, des propriétaires immobiliers ou des gestionnaires techniques de parcs, ces derniers associent encore très souvent l'efficacité énergétique à de la rénovation globale portant sur l'enveloppe du bâtiment, en se basant sur des temps de retour sur investissement souvent très longs. Cela est lié aux défauts de certains audits énergétiques pratiqués dans le bâtiment qui se focalisent sur ces aspects mais pas assez sur l'optimisation de l'exploitation du bâti. Or, si l'on procède à des travaux par petits pas en s'adaptant au cycle de vie du bâtiment, la performance du bâtiment pourra être améliorée sur le moyen terme, sans que cela ne coûte significativement cher.

AE : Selon l'Observatoire de l'immobilier durable, 66% des bâtiments de bureaux sont encore aujourd'hui classés E, F et G et loin d'atteindre l'objectif 2030. Comment inverser la tendance pour ce type de bâti ?

HB : Le simple fait d'inclure des clauses de performance énergétique dans les contrats d'exploitation de ces bâtiments génère en moyenne 18% d'économies d'énergie, notamment en optimisant les consommations de chauffage. De nombreuses actions efficaces et simples sont rarement mises en œuvre lorsque l'exploitant n'est pas incité à travailler sur la performance énergétique. Par exemple, le pilotage des débits ou des plages de fonctionnement des systèmes de ventilation en fonction de l'occupation réelle du bâtiment peut réduire d'une dizaine de pourcents la consommation de chauffage en diminuant les pertes thermiques associées au renouvellement d'air. Introduire dans un contrat d'exploitation un objectif de performance associé à un régime de bonus et de pénalités indexé sur les économies ou surcoûts énergétiques constatés va naturellement inciter l'exploitant à procéder à ce type d'optimisation.

Les acteurs peuvent réaliser des audits dits de "rétro-commissionnement" axés sur tous les paramètres de l'exploitation. Ce n'est pas le type d'audit qui est pratiqué par défaut dans le cadre des audits réglementaires. La partie exploitation est souvent traitée de manière un peu légère et sans donner toutes les pistes aux propriétaires immobiliers pour qu'ils puissent se rendre compte des économies d'énergie mobilisables à faibles coûts.

AE : Comment les acteurs peuvent-ils valoriser ces démarches ?

HB : Différents labels existent pour valoriser les démarches de performance énergétique post-construction. La certification HQE Bâtiment Durable peut être demandée en phase exploitation. La certification en exploitation Breeam-In-Use peut aussi être octroyée. L'obtention de ces certifications dépend de la façon dont est géré le bâtiment au regard de différents critères environnementaux. L'énergie fait partie des aspects de ces certifications. Nous incitons également les sociétés que nous accompagnons à se structurer en système de management de l'énergie, selon la norme ISO 50001. C'est une démarche efficace, poussée par la directive européenne sur l'efficacité énergétique, qui permet aux sociétés de prendre en charge tout leur processus d'amélioration énergétique.

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