Hélène Pelosse : L'IRENA est une agence intergouvernementale pour les énergies renouvelables. L'objectif est d'amener les pays à coopérer entre eux afin d'avancer dans le développement des ENR. L'IRENA sera un centre d'expertise international qui conseillera les pays dans leurs choix stratégiques et leur apporteront des réponses, notamment dans la définition des différents outils à mettre en œuvre (réglementaires, incitatifs, financiers…) afin de faciliter le déploiement de ces technologies.
AE : L'Agence internationale de l'énergie (AIE), le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE)… travaillent déjà en partie sur les énergies renouvelables. Pourquoi créer une nouvelle agence ?
HP : Aucune agence aujourd'hui ne s'occupe des ENR à temps plein. Que ce soient le PNUE, l'AIE… toutes abordent cette question mais ne la traitent pas à la hauteur des enjeux actuels. De plus, l'IRENA est la seule agence à réunir pays pauvres, pays riches, pays producteurs de pétrole et pays consommateurs. Historiquement, les agences ont été construites autour de conflits. L'IRENA réconcilie les Etats membres et a une vocation universelle. C'est une agence qui va venir en soutien aux Etats. On ne va rien imposer à personne, on s'appuiera sur la coopération.
AE : Quelles sont vos priorités, à peine nommée à la direction générale de l'agence ?
HP : L'agence a désormais une maison, un toit et un capitaine. Tout le reste est à monter ! Nous devons recruter les équipes, faire venir des talents du monde entier. Le budget moyen s'élèvera à 20 millions d'euros par an en moyenne. Nous nous appuierons également sur les acteurs qui existent déjà : les laboratoires de recherche, les ONG, les universités, les fédérations professionnelles…
AE : L'IRENA semble vouloir soutenir en priorité les pays du Sud…
HP : Oui, car ce sont les plus démunis face à ce défi. La bonne nouvelle avec les énergies renouvelables, c'est que l'on peut les développer partout. Au Bangladesh, par exemple, une expérience a été menée avec succès par la GrameenBank pour électrifier des milliers de foyers à l'aide de panneaux photovoltaïques. Nous devons organiser les transferts de technologies. On ne peut pas demander aux pays émergents de se développer proprement, sans leur fournir des technologies vertes. Il ne s'agit pas de mettre à leur disposition l'ensemble des technologies mais plutôt de regarder pays par pays quelles sont les solutions les plus adaptées, qui ne seront pas forcément les plus récentes, les plus avancées. Il va falloir que les coûts baissent, que le solaire photovoltaïque devienne un produit de grande consommation.
AE : Vous avez l'expérience des négociations internationales sur le climat. Quelle est votre sentiment sur l'aboutissement des discussions à Copenhague en décembre prochain ?
HP : Il faudra qu'on ait avancé. En 2012, le protocole de Kyoto prend fin. Il faut qu'on ait abouti à un nouveau protocole utile. Je suis assez optimiste. Avec le changement politique aux Etats-Unis, il y a eu des évolutions positives. Mais il faut encore travailler. Les pays industrialisés doivent donner un gage supplémentaire.