Comme chaque année le gestionnaire du réseau électrique français RTE a présenté ses prévisions de l'équilibre offre/demande d'électricité pour l'hiver prochain. Et comme chaque année, RTE se veut confiant et estime que le risque de rupture d'approvisionnement est "modéré".
Le gestionnaire s'attend à une consommation d'électricité en très légère croissance par rapport à l'hiver dernier. La pointe de consommation pourrait atteindre 84.500 MW dans le courant de la deuxième semaine de janvier. Cette estimation associée à une "bonne disponibilité du parc de production français" rassure RTE. Pour rappel, lors de la vague de froid de février 2012, la consommation avait atteint un pic historique de 102.100 MW le 8 février à 19h.
Une bonne disponibilité du parc français
De 4.500 à 10.000 MW supplémentaires seraient disponibles pour cet hiver selon les producteurs, surtout en novembre et décembre. En revanche, la disponibilité du parc de janvier à mars sera d'un niveau similaire à l'année passée. "L'arrivée de nouvelles centrales (principalement éoliennes et à cycle combiné gaz) compense un planning de disponibilité du parc de production en léger retrait sur cette partie de l'hiver", explique RTE. En effet alors que le parc éolien s'élevait à 6.576 MW fin septembre 2011, un an après, ce parc serait de 7.125 MW.
A cela s'ajoutent, selon les disponibilités transmises à RTE, 5.056 MW de centrales au gaz, 63.130 MW de nucléaire, 6.865 MW de charbon et 6.942 MW de centrales au fioul. De plus, les stocks hydrauliques sont à des niveaux proches de la moyenne des dernières années. RTE peut compter sur 13.875 MW d'hydraulique de lac et 10.301 MW d'hydraulique au fil de l'eau et d'éclusée.
Toutefois si les températures chutent en dessous des normales saisonnières, l'importation sera nécessaire "en complément de la mise en œuvre des effacements de consommation sur leurs portefeuilles de clients", prévient RTE. Une baisse de 1°C de la température moyenne pourrait entraîner une augmentation de la consommation de 2.300 MW à 19h. Les niveaux d'importation nécessaires sont évalués à 5.400 MW, un niveau "compatible" selon RTE avec les disponibilités du réseau électrique (entre 7.000 et 10.000 MW). Encore faudra-t-il que cette production européenne soit disponible. Une analyse offre/demande au niveau européen est attendue pour fin novembre mais la Belgique a d'ores et déjà annoncé qu'elle devra être en "situation d'importation marquée".
La Bretagne et PACA toujours fragilisés
Si au niveau national l'inquiétude n'est pas de mise, pour la Bretagne et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), la situation reste critique : "malgré les renforcements déjà effectués, [ses régions] sont déficitaires en moyens de production et restent des « péninsules électriques »", prévient RTE. Le gestionnaire pourra cette année encore en appeler aux habitants de ses régions pour limiter les pics via les dispositifs d'effacement Ecowatt. Les fournisseurs d'électricité nationaux peuvent également être sollicités pour l'effacement via leurs clients avec un potentiel de 2.000 MW.
Parallèlement à ces mécanismes, RTE peut faire appel aux sites de production opérationnels mais non utilisés par les producteurs pour ajuster en temps réel l'offre à la demande et maintenir la marge de sécurité d'exploitation du système. Via une expérimentation menée dans le cadre du Pacte électrique breton, le gestionnaire pourra compter pour la première fois cette année sur 70 MW supplémentaires dès le mois de novembre. Outre les sites français, RTE peut faire appel à des centrales suisses, allemandes, anglaises et bientôt espagnoles.