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HVE : la pertinence de l'indicateur d'autonomie aux intrants en question

Le CGDD s'est penché sur l'un des critères retenus pour sanctionner la Haute valeur environnementale d'une exploitation agricole. Selon lui, celui de l'autonomie aux intrants n'est pas le plus pertinent pour constater l'efficience environnementale.

   
HVE : la pertinence de l'indicateur d'autonomie aux intrants en question
   

L'obtention de la certification Haute valeur environnementale (HVE) des exploitations agricoles, lancée fin juin, est conditionnée au respect de seuils de performance environnementale dans le domaine de la biodiversité, de la stratégie phytosanitaire, de la gestion de la fertilisation et de la ressource en eau.

L'exploitant doit soit satisfaire aux objectifs de quatre indicateurs composites, soit respecter deux indicateurs globaux : garantir qu'au moins 10 % de sa surface agricole utile (SAU) soient constitués en infrastructures agro-écologiques (ou qu'au moins 50 % de la SAU soient des prairies permanentes de plus de cinq ans) et respecter un ratio de 30 % du poids des intrants dans le chiffre d'affaires (ratio des intrants en euros divisés par le chiffre d'affaires hors aides PAC en euros). Ce dernier indicateur global doit permettre de garantir l'autonomie de l'exploitation agricole, c'est-à-dire ''sa capacité à limiter le recours à des produits achetés sur les marchés de fournitures agro-industrielles (intrants) et sources d'impacts négatifs sur l'environnement'', indique le Commissariat général au développement durable (CGDD), qui s'est penché sur ce critère dans une étude (1) .

Les auteurs s'interrogent en effet sur sa pertinence : ''Le ratio des intrants sur le chiffre d'affaires peut-il caractériser une exploitation plus autonome et ainsi plus respectueuse de l'environnement ?''.Pas si sûr. Après avoir étudié deux filières spécialisées en lait et en céréales, les auteurs estiment que cet indicateur prouve plutôt la performance économique d'une exploitation et ''peut éventuellement aider à discerner les exploitations exerçant une moindre pression environnementale''. L'indicateur retient des exploitations très productives mais sur la base d'une forte mobilisation d'intrants et exclut des exploitations peu consommatrices d'intrants mais au faible chiffre d'affaires.

Les études de cas montrent un manque de pertinence

Par intrant, les textes réglementaires définissant la HVE entendent les produits achetés à l'extérieur de l'exploitation agricole (engrais, carburants, produits phytosanitaires, aliments pour animaux…) et pouvant avoir un impact direct sur l'environnement.

L'indicateur choisi pour définir la dépendance aux intrants par donc d'un postulat : ''Plus le ratio est faible, plus l'exploitation agricole est considérée comme autonome. Le ratio augmente à l'inverse avec la dépendance de l'exploitation''.

Selon le CGDD, cet indicateur a été choisi pour sa simplicité : un mode de calcul reposant sur des données comptables facilement accessibles et un seuil de 30 % commun à toutes les filières agricoles. ''Ainsi, toutes les exploitations ont un ratio de dépendance aisément calculable. Ceci permet d'établir des comparaisons de degré d'autonomie au sein d'un même système de production et entre des systèmes de production distincts''.

Mais en y regardant de plus près, après étude de deux filières (lait et céréales), le CGDD estime que cet indicateur montre davantage la performance économique d'une exploitation que la faible consommation d'intrants. L'indicateur ''révèle les exploitations les plus efficientes, c'est-à-dire celles capables de « convertir » des « euros d'intrants » en un maximum « d'euros d'extrants »''. Or, cela ne démontre pas systématiquement la moindre consommation d'intrants. ''Cette efficience peut s'atteindre par une technicité élevée de l'exploitant, des investissements productifs, un bon prix de vente des produits de l'exploitation, un prix plus faible des intrants''. Cela est particulièrement vrai pour certaines filières.

Ainsi, dans le cas de la filière bovins laits (OTEX pour orientation technico-économique), l'indicateur révèle une combinaison de l'autonomie et de la performance. ''Globalement, les exploitations autonomes se caractérisent par une plus grande spécialisation laitière - au détriment de la production de viande -, une moindre intensification fourragère - repérable au travers de l'indicateur classique du chargement bovin à l'hectare- et une mobilisation plus importante de l'herbe''. Finalement, ''les exploitations plus dépendantes dégagent un moindre revenu''. Mais ces conclusions sont nuancées dans une approche géographique. En effet, en comparant les régions de production laitière, les auteurs de l'étude pointent du doigt les disparités liées au prix du lait (valorisation d'AOC dans certaines régions) et aux contraintes naturelles (qui entraînent des surcoûts de production). Celles-ci peuvent influencer l'indicateur d'efficience et pénaliser des exploitations ''indépendamment de leurs modes de conduite de l'exploitation''.

Dans le cas des exploitations ''Céréales et oléagineux'', ''les exploitations les plus autonomes au sens du ratio (au ratio le plus faible) ne sont pas celles présentant la consommation d'intrants par hectare la plus faible''. L'étude compare deux régions : l'Île-de-France, région productrice de blé, et Midi-Pyrénées, région productrice de maïs, ''afin de prendre en compte les différences importantes entre systèmes de production céréaliers, et notamment pour différencier les exploitations spécialisées en cultures pluviales de celles spécialisées en cultures irriguées''.

Dans la région francilienne, l'indicateur est relativement représentatif : les exploitations plus autonomes se distinguent par une moindre consommation d'intrants par hectare de surface agricole utile. En revanche, en Midi-Pyrénées, ''le ratio de dépendance ne distingue pas cette fois les exploitations moins consommatrices d'intrants par hectare (mais les exploitations ayant à la fois de plus fortes charges autres que les intrants (notamment les dotations aux amortissements, traduisant une mécanisation plus intense), et à la fois un meilleur chiffre d'affaires''.

Privilégier une approche par filière et un ratio par hectare

Pour les auteurs de l'étude, cet indicateur peut donc être amélioré. D'abord, en retenant une approche par filière (ou OTEX) et par région, chacun ayant des seuils différenciés ''de façon à prendre en compte la diversité des systèmes de production et des milieux naturels''.

Ensuite, ''l'étude, sans conclure à ce stade, pose à nouveau la question de l'établissement d'un critère reflétant plus concrètement la pression environnementale de l'exploitation, par exemple la quantité totale d'intrants (exprimée en valeur monétaire ou encore en volume) par hectare (ou par unité de cheptel)''.

1. Consulter l'étude ou sa synthèse (http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ED46.pdf)
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/LPS95.pdfhttp://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/LPS95.pdf

Réactions1 réaction à cet article

Effectivement, un indicateur trop simple nuit.
D'autant plus qu'on imagine pas les agriculteurs impliqués dans le HVE travailler sans noter leur actions.
Si on prend le cas de la culture céréalière, avec des pratiques culturales précises on peut même calculer les émissions de CO2 par parcelle. Le guide méthodologique GES'TIM donne les règles de calcul.
Outre le CO2 un simple ratio PSV, fuel et engrais par hectare serait déjà un indicateur environnemental très performant.

ecolomy | 07 septembre 2011 à 21h51 Signaler un contenu inapproprié

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