Alors que le potentiel considérable des énergies marines reste quasi inexploité, le premier prototype d'hydrolienne sous-marine française a été baptisé dans le Finistère. Objectif : convaincre les investisseurs et lever les barrières technologiques.
Afin de répondre à ses objectifs de production d'
énergies renouvelables, à savoir 20 % dans la consommation d'
énergie primaire, l'
Europe mise notamment sur l'éolien, l'
hydraulique et le solaire mais se tourne également vers des sources moins conventionnelles et encore peu exploitées à grande échelle :
les énergies marines. La mer est en effet un milieu riche en flux énergétiques qui peuvent être exploités sous différentes formes : l'éolien offshore, l'énergie des vagues, l'énergie des courants, l'
énergie thermique des mers grâce à la différence de température entre les eaux de surface et les eaux profondes, l'énergie marémotrice ou encore l'énergie osmotique. Théoriquement le potentiel est énorme. L'ordre de grandeur de l'énergie naturellement dissipée annuellement par les marées par exemple est évalué à 22.000 TWh soit 1/5 de la consommation d'énergie mondiale. Globalement, malgré un potentiel physique relativement important, la France n'a pour l'instant que peu investi dans le domaine contrairement à d'autres pays européens. Dans un rapport publié en décembre 2006, le secrétariat général de la mer estimait que les types d'énergie marine et les solutions techniques étaient confrontés à de nombreux problèmes nécessitant des mises au point technologiques.
C'est dans ce contexte qu'encore au stade de prototype, une hydrolienne à l'échelle 1/4 des machines industrielles futures a été baptisée vendredi dernier à Bénodet dans le Finistère, et sera testée dès lundi si les conditions météorologiques le permettent dans l'estuaire de l'Odet. Dénommée « Sabella » - c'est le nom d'un ver marin qui aura été choisi pour dénommer notamment ce projet - et mesurant 3 m de diamètre pour 5,5 m de haut, cette hydrolienne sera plongée dans l'eau à 19 mètres de profondeur sous le niveau des plus basses mers.
Initié par le consortium Sabella lequel regroupe autour d'Hydrohelix Energies créée en 2001 à Quimper à l'origine du concept, les partenaires finistériens Sofresid (Brest) pour l'ingénierie mécanique, Invivo Environnement (Fouesnant) pour l'océanographie et les aspects réglementaires, et Dourmap (Brest et Quimper) pour le génie électrique, le projet vise à récupérer l'énergie des courants de marée pour produire de l'électricité. Au même titre qu'une éolienne permet de produire de l'électricité des flux d'air (le vent) une hydrolienne fonctionne sous l'eau et y transforme une partie de l'énergie des courants de marée en énergie mécanique grâce à une hélice, qui entraîne une génératrice qui produit de l'électricité.
L'expérimentation qui durera 6 mois permettra, à l'aide d'une instrumentation embarquée, de mesurer les courants amont et avals dans le rotor, l'énergie électrique produite, les températures dans la nacelle, les vibrations rencontrées et les points de défaillance possible. Des plongeurs vérifieront une fois par mois le bon fonctionnement de la machine et s'assureront de la neutralité de celle-ci sur l'environnement. Une caméra sous-marine implantée devant l'hydrolienne filmera également le comportement de la faune. Une transmission acoustique sous-marine ou par fibre optique permettra enfin de relever ces données et de les exploiter pour développer entre autres un modèle de captage d'énergie, d'appréhender d'éventuels soucis de panne et de qualifier les opérations de maintenance et de contrôle commande.
Le projet s'élève à 750.000 euros dont 40% est financé par le Conseil Régional de Bretagne, le Conseil Général du Finistère, les communautés de communes de Brest et de Quimper, et l'
Ademe Bretagne, le reste étant à la charge des partenaires du consortium Sabella.
Dotée d'un rotor de 3m de diamètre et posée sur le fond sur une structure lestée par des sacs de sable, l'hydrolienne sera retirée à l'issue de la période d'essai et exposée à Brest 2008, la fête internationale de la mer et des marins qui se tiendra en juillet. L'objectif de l'opération est d'intéresser les financeurs pour développer le projet à l'échelle industrielle. L'ensemble de ces retours d'expérience sera en effet intégré dans la définition de la machine « vraie grandeur » du projet « Marenergie » qui consiste à concevoir et à construire une machine en module de 5 turbines de 200 KW de puissance chacune, soit 1MW au total. Ce projet, labellisé par le Pôle Mer de Bretagne en décembre 2005, n'a toujours pas reçu de financements nécessaires à son développement. Gageons que la situation évoluera après cet essai !
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