Directeur général adjoint Développement territorial de la communauté d'agglomération Durance Luberon Verdon et chef de projet HyGreen Provence
Actu Environnement : Le projet de production d'hydrogène vert HyGreen Provence engendrera l'installation, d'ici 2030, de 1 500 hectares de panneaux photovoltaïques. Son annonce a suscité des inquiétudes sur le territoire. Comment avez-vous travaillé depuis ?
Dominique Bertin : Les élus se sont tout de suite rendu compte que le développement du photovoltaïque pour ce projet pouvait susciter des interrogations : l'attractivité de notre territoire passe par la qualité des paysages. Des sollicitations d'opérateurs ou de propriétaires privés ont rapidement suscité une prise de conscience. Les élus ont donc posé d'emblée comme conditions la préservation des paysages et le respect de la biodiversité, et ils ont été proactifs sur ces sujets. Il ne s'agit pas de céder le territoire à des industriels mais d'avoir le souci de son développement harmonieux. L'Agglomération a donc pris l'engagement de maîtriser ce développement dans un véritable projet d'aménagement. Elle a travaillé avec les services de l'État, et notamment la DREAL (directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement), à l'élaboration d'une doctrine pour le photovoltaïque. L'idée était de regarder les endroits que l'on souhaitait protéger : les espaces à vocation agricole, à vocation trame verte et bleue (TVB) ou bénéficiant de protections patrimoniales. Nous avons été accompagnés par les parcs du Verdon et du Lubéron qui ont une expertise sur ce sujet. Ce travail avec la DREAL a été, en quelque sorte, pilote pour les doctrines liées à la transition énergétique, que les services de l'État voudraient développer à l'échelle des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI).
AE : Concrètement, à quoi ces travaux vont aboutir ?
DB : Le projet Hygreen devrait conduire, à terme, au développement de 1 500 hectares de solaire. Mais cela se fera sur plus de dix ans. Les élus ont donc essayé de « phaser » ce développement de manière réaliste et raisonnable : 300 hectares d'ici 2023, 500 hectares supplémentaires d'ici 2026 et enfin 700 hectares à horizon 2029-2030. Le travail de cartographie est achevé sur les 300 premiers hectares. Nous travaillons désormais au développement de cette première phase.
Afin de faciliter l'acceptabilité et de bénéficier des retombées économiques, les élus ont fait le choix de travailler uniquement sur des terrains publics. L'idée est de faire une déclaration de projet et que l'État précise que ce projet est d'intérêt général. Cela permettra de faire une mise en compatibilité de nos documents d'urbanisme avec la doctrine, plutôt qu'une révision complète de ces documents, qui prendrait beaucoup plus de temps. Un programme d'aménagement photovoltaïque sera alors adossé à nos documents d'urbanisme (Scot et PLU), avec une cartographie des parcelles.
AE : Comment comptez-vous travailler avec les opérateurs privés ?
AE : Vous travaillez avec la même logique sur le volet production d'hydrogène ?
DB : La question de la gouvernance est effectivement posée. L'Agglomération pourrait prendre part au projet. Si l'on veut être garant de ce qui se passe sur le territoire et de notre projet de territoire, nous devons entrer au capital du projet.
AE : Comment ces travaux ont-ils été accueillis par les industriels et opérateurs privés ?
DB : Si le dossier avance bien au niveau des services de l'État, c'est parce que c'est un projet de territoire et pas seulement un projet industriel. Cette relation est gagnant-gagnant.