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Ile-de-France : préserver la biodiversité en changeant les pratiques agricoles

Natureparif, dans son diagnostic de la biodiversité francilienne, souligne l'impact de l'agriculture sur la faune et la flore ordinaires. La solution : diversifier les cultures et les pratiques, relancer l'élevage extensif et créer des réserves.

Ile-de-France : préserver la biodiversité en changeant les pratiques agricoles

Si l'Ile-de-France est la région la plus anthropisée de France, avec en son cœur une densité record (8.600 hab/km2), elle reste néanmoins en grande partie rurale (79% du territoire). Cependant, "les zones non directement affectées par les activités humaines sont inexistantes. Des zones refuges de taille suffisante pour accueillir une biodiversité remarquable telles que celles dont sont dotées les régions montagneuses de l'est et du sud de la France (forêts peu accessibles) n'existent pas en Ile-de-France", note l'agence régionale pour la nature et la biodiversité Natureparif, dans son diagnostic de la biodiversité (1) en Ile-de-France, publié en décembre.

La biodiversité ordinaire représente donc l'enjeu majeur. La fragmentation des espaces naturels, l'étalement urbain, l'exploitation de la forêt, l'artificialisation des zones humides ou encore l'intensification de l'agriculture ont fragilisé la faune et la flore locales : des espèces autrefois abondantes se raréfient ou sont menacées de disparition. Natureparif estime donc que la biodiversité francilienne est aujourd'hui "en état très précaire".

Si l'agence se penche sur l'ensemble des enjeux (forêt, zones humides, centre urbain, milieux ouverts), elle souligne que "la superficie régionale des milieux agricoles en fait de facto le milieu à enjeux prioritaires en termes d'amélioration de la biodiversité". Près de 47% du territoire est cultivé.

Aujourd'hui : uniformité végétale et pollutions agricoles

"Les terres agricoles franciliennes, parmi les plus fertiles et les plus rentables au monde, se matérialisent essentiellement par de vastes étendues cultivées, exploitées de façon intensive et ne laissant, de fait, qu'une faible place à la biodiversité". Près de 90% des exploitations sont dans les grandes cultures spécialisées et 60% de la surface agricole est consacrée aux céréales.

Cette homogénéisation, conjuguée à l'usage de produits phytosanitaires (qui ont causé la quasi-disparition des rapaces), est l'une des causes de l'appauvrissement de la diversité biologique dans ces espaces. "Les vergers ne représentent qu'une surface très faible (845 ha, soit 0,6% de la superficie nationale) et les cultures maraichères ont connu un grand déclin et se maintiennent principalement en zone périurbaine. Les surfaces allouées à l'élevage ont également suivi un déclin continu, celui-ci ne représentant aujourd'hui que 0,15% du cheptel national".

Résultat : les prairies permanentes, refuge de biodiversité, ne représentent plus que 4% de la surface agricole utile. "Au sein des milieux agricoles, à peine 12% ont un couvert herbacé (bandes enherbées, prairies de fauche, pâtures, jachères, friches agricoles), soit moitié moins que les 20% reconnus comme seuil critique nécessaire au maintien d'une biodiversité fonctionnelle". En Brie et en Beauce (50% de la surface agricole francilienne), ce pourcentage passe à 7,3%... Sur l'ensemble du territoire, les haies, les fossés, les mares, les bosquets… ont également disparu avec l'agrandissement des parcelles (112 ha en moyenne, + 26% entre 2000 et 2010). Résultat, la grande majorité des plantes menacées sur le territoire francilien sont les espèces messicoles, c'est-à-dire associées aux cultures, qui abritent insectes, pollinisateurs sauvages et même reptiles.

Enfin, "on constate évidemment que le prélèvement humain est maximum sur les terres agricoles, zones sur lesquelles le solde, à savoir la part de production restant disponible pour le vivant lui-même, est réduit à 0".

Redonner vie aux zones humides

"Les milieux humides ont perdu environ la moitié de leur surface au cours du dernier demi-siècle, et ceux qui perdurent sont fréquemment artificialisés". L'agriculture, qui draine les zones marécageuses, l'urbanisation et les infrastructures sont pointés du doigt. "Les principaux enjeux globaux liés aux zones humides franciliennes sont liés à leur état (trop simplifié ou dégradé), leur superficie (trop faible), et leur qualité (pollutions, entretien)".

Pour remédier à cet état, l'agence préconise de restaurer les régimes hydrauliques naturels sur une partie des cours d'eau (effacement des obstacles à l'écoulement, reméandrages, zones d'expension des crues via la restauration des prairies inondables). Elle constate qu'aujourd'hui encore, certains projets vont à l'encontre de ces objectifs, comme en Bassée, avec l'extension du canal à grand gabarit ou des casiers de retenue.

Sur les cours d'eau secondaires et les milieux stagnants, il faut supprimer les plantations ou aménagements réalisés par l'homme (peupleraies…) et favoriser les prairies , les forêts alluviales ou les espèces aquatiques (roselières…). "La restauration de zones alluviales fonctionnelles (forêt alluviale, prairies inondables) est susceptible de jouer un rôle important de filtration, en particulier de dénitrification".
Demain : agroécologie, élevage extensif et réserves de biodiversité agricole

Après cet état des lieux alarmant, Natureparif tend à rester optimiste : "La tendance à la disparition des éléments semi-naturels des milieux agricoles tend à s'inverser. Les politiques européennes favorisent désormais le maintien de bordures enherbées non cultivées et la plantation de haies, pour permettre un accueil de la biodiversité et limiter la pollution des aquifères".

Mais il faut aller plus loin, selon l'agence. En mettant en œuvre sur ce territoire la transition agro-écologique, qui associe changement des pratiques (rotations, diversification des cultures, des variétés, agroforesterie…) et réduction du recours aux produits phytosanitaires. La transition devra se faire à l'échelon collectif. "La réconciliation de l'agriculture et de la biodiversité peut également être localement un facteur de création d'emplois : alliée au génie agroécologique, l'augmentation de la main d'œuvre humaine est probablement le principal moyen de parvenir à une diminution des traitements phytosanitaires, le coût de la première devant être considéré en tenant compte de l'économie effectuée sur les seconds".

Le développement d'un élevage extensif permettrait de valoriser les prairies et d'augmenter la surface enherbée. "L'ensemble des facteurs pouvant permettre d'inverser la déprise de l'élevage francilien doit faire l'objet d'un puissant volontarisme politique".

Les collectivités ont un rôle à jouer via la création de réserves de biodiversité agricole, "grâce à des contractualisations passées avec les propriétaires et à l'achat de terres, sur une surface totale d'un seul tenant de 500 ha au minimum, comprenant de grandes prairies gérées de manière extensive, des parcelles d'agriculture biologique, de l'expérimentation de pratiques agro-écologiques et des cultures et aménagements destinés à certaines espèces menacées ou susceptibles de favoriser le retour d'espèces disparues".

1. Consulter le diagnostic
http://tk3.sbn57.com/sy/ev?3&9494-298&2&cOZIfg67FCiy9fU78V3K6A

Réactions1 réaction à cet article

On ne peut en vouloir aux agriculteurs de supprimer des haies pour gagner un peu plus tant leur métier est peu valorisé.
Gageons que l'Europe soutiendra d'avantage les plantation de haie en "indemnisant" les agriculteur pour la "surface perdue".
Bien sur on peut considérer que cette surface n'est pas perdue, mais seul des financements spécifique pourront éviter la disparition des haies.

Terra | 05 février 2014 à 10h59 Signaler un contenu inapproprié

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