Depuis plusieurs années les chutes de neige se font plus rares et le climat plus capricieux, alternant période de froid intense et de redoux. Bruno Muffat, responsable QSE de la Société d'Exploitation des Remontées Mécaniques d'Avoriaz (SERMA), remarque qu'« en 20 ans, on est passé d'un enneigement cumulé de 12 mètres en moyenne sur toute une saison à seulement 7 mètres ».
Une tendance incompatible avec l'attente des vacanciers pour un tapis neigeux abondant et une bonne qualité de service, par exemple en ce qui concerne les liaisons entre stations. Constituées traditionnellement de pistes à basse altitude ces pistes nécessitent en effet un enneigement permanent sur toute la saison. D'autant que le développement économique des stations passe par des domaines skiables plus vastes et répartis sur plusieurs vallées.
L'âge de raison ?
La nivoculture n'a pas bonne presse. Et pour cause. Pendant des années, les techniques balbutiantes ont été employées induisant - outre le nécessaire usage d'eau – d'importantes consommations électriques et même l'utilisation d'additif !
Domaines Skiables de France, la chambre professionnelle des opérateurs de domaines skiables, a imposé à l'ensemble des opérateurs de ne plus utiliser ces additifs.
Consommation d'eau
Si c'est souvent le premier grief établi à l'encontre de la nivo-culture, ce n'est pas forcément le plus justifié. Jean-Claude Morand, directeur adjoint du service des pistes de la SERMA se plaît ainsi à rappeler que l'eau est restituée au milieu. « Si 20 % de l'eau s'évapore, les 80 % restants retournent dans le milieu ». Il faut 1 m3 d'eau pour produire 2 m3 de neige artificielle. En une saison, pour une station comme Avoriaz dont environ 25 % du domaine skiable est couvert par 120 enneigeurs fixes (aussi appelés canon à neige) et une vingtaine d'enneigeurs mobiles, la production s'échelonne entre 160 et 300.000 m3 pour environ 80 à 150.000 m3 d'eau. En comparaison, une piscine olympique affiche un volume de 3.000 m3.
Pour autant, la station bien connue pour son festival du film fantastique, travaille à réduire ses pompages et accroître l'utilisation de l'eau de ruissellement. Alors que le ratio pompage / captage du ruissellement s'élève aujourd'hui à 50 %, la société d'exploitation du domaine projette de construire une retenue collinaire à plus haute altitude. Outre une meilleure gestion de l'eau, un bassin gravitaire permet également d'abaisser la consommation d'énergie en supprimant l'utilisation de pompes par ailleurs.
Maîtriser la consommation d'énergie
L'énergie constitue en effet le point le plus délicat de l'impact économique et environnemental de la production de neige de culture. À Avoriaz par exemple, sur une saison entre 450 et 500.000 kWh sont consommés pour la production de neige. L'électricité compte ainsi pour environ 30 % du prix de revient d'un m3 de neige. Et quand on sait qu'1 m3 coûte entre 80 centimes et 1 euro selon les conditions climatiques et le soin apporté à la gestion du manteau neigeux, on comprend qu'il est vital pour une société d'exploitation de réduire sa consommation énergétique.
L'époque où chaque nuit les canons à neige étaient systématiquement mis en fonctionnement est révolue, ou presque… Désormais, sur une saison, une usine de production tourne l'équivalent de 2 semaines. Le plus souvent en amont de la saison. L'objectif est double. D'une part, la consommation d'énergie n'est pas simultanée avec celle des remontées mécaniques. D'autre part, la neige de culture déposée en amont des chutes de neige naturelle a vocation à consolider la couche neigeuse pour toute la saison. Très humide, la neige de culture préparée dès novembre - quand les températures le permettent - fait office de sous-couche froide sur laquelle la neige naturelle tiendra plus longtemps. Les grains de neige artificielle présentent en effet une meilleure tenue dans le temps que les flocons naturels. La raison : ronds, ils présentent des propriétés mécaniques supérieures à la structure dendritique typique des flocons atmosphériques.
Gestion assistée par ordinateur
Parallèlement à l'
Alors la neige de culture serait-elle toute "blanche" ? Malgré les efforts "d'éco-efficacité", la nivo-culture conserve une part d'impact difficilement mesurable sur l'environnement. Par exemple les effets sur le milieu et la biodiversité, de la construction de retenue collinaire et de l'épandage d'un tapis de neige artificielle persistant tout au long de la saison, restent difficiles à évaluer. Pour autant la filière illustre bien la concomitance des objectifs économiques et écologiques : produire propre revient également à produire mieux et moins cher.