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Actu-Environnement

Impact sanitaire des pesticides : une raison de plus pour s'en passer

Malgré des progrès depuis quelques années, la prévention des risques liés à la manipulation des pesticides est encore insuffisante. En attendant le développement de méthodes alternatives, les professionnels de la santé misent sur la formation.

Risques  |    |  F. Roussel
   
Impact sanitaire des pesticides : une raison de plus pour s'en passer
© CCMSA
   
Alors que le rapport publié fin avril par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques (OPECST) conclut à un rapport coût/bénéfice favorable à l'utilisation des pesticides, les professionnels de la santé ont tenu un discours moins optimiste à l'occasion d'un colloque organisé par l'Agence Nationale pour l'Amélioration des Conditions de Travail (ANACT) en mai à Paris.
La manipulation des pesticides est en effet une source majeure de problèmes sanitaires chez les agriculteurs et autres professionnels utilisant ces produits (entretien des espaces verts) d'autant que cela concerne un million de personnes. La mutualité sociale agricole (MSA) a présenté les résultats de son dispositif Phyt'attitude, réseau de signalement des cas d'intoxication aiguë des professionnels agricoles. Depuis que le réseau a été mis en place en 2004, 1.500 à 1.600 dossiers ont été constitués. Les trois-quarts des symptômes recensés sont cutanés, digestifs, neuromusculaires et ophtalmologiques. 57,2% des personnes ont eu recours à une intervention médicale et 30,6% des salariés ont eu un arrêt de travail.

Des situations d'exposition variées…

Les conditions d'exposition peuvent être directes ou résulter de la préparation, de l'application des produits mais aussi du contact avec les végétaux traités et du nettoyage du matériel. Les opérations de réglage, le relâchement de vigilance lors d'un long traitement ou encore l'absence de gestes d'hygiène (lavage de mains) sont autant de causes d'intoxication. Plusieurs études ont également démontré que la dose reçue par les utilisateurs n'était pas liée à la surface traitée mais plutôt au type de produit, aux méthodes d'application et aux équipements de protection (EPI) utilisés. Ces EPI ont ainsi une importance primordiale. Pourtant certains sont loin d'assurer les fonctions attendues. Une étude de l'Afsset réalisée sur des combinaisons a ainsi démontré que les performances affichées par les fabricants étaient moindres en réalité.
À cette protection parfois médiocre, s'ajoute la méconnaissance des produits, de leur dangerosité et des moyens de s'en protéger : ''les agriculteurs ne comprennent pas l'ensemble des informations fournies sur les fiches de données de sécurité'', a témoigné Sybille Czerniakowski de la coopérative Cap Seine. ''Il faudrait simplifier ces informations'', ajoute-t-elle. Amandine Paillat de l'Afsset rappelle quant à elle qu'il existe plusieurs types de combinaisons en fonction des produits utilisés mais que sur les emballages de produits, il est seulement marqué ''porter un EPI adapté'' sans préciser le type. Pour Alain Garrigou de l'Université Bordeaux 1 & 2, l'usage des pesticides nécessite par conséquent ''un niveau de connaissance et de technicité élevée. On est sur des questions de transfert de technologie'', selon lui.

…difficiles à maîtriser

La gestion du risque chimique reste toutefois plus difficile à maîtriser en milieu agricole que dans le monde industriel. Depuis 1999, des Commissions Paritaires d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail ont été créées afin de permettre aux entreprises et exploitations agricoles n'ayant ni Comités d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail, ni de Délégué du Personnel (à savoir essentiellement celles ayant moins de 10 salariés), de bénéficier à leur tour d'une instance d'échange sur les questions de santé et de sécurité au travail. Cependant selon Henri Rocoulet, élu de Picardie et Président du Comité de Protection Sociale des Salariés de la MSA, seul une vingtaine de commissions est en place, et la moitié seulement fonctionne. Si l'élu constate que ''les conditions de travail s'améliorent en agriculture'', il ne veut pas s'en contenter aux regards des risques émergents notamment sur les effets à long terme : ''sur ce dossier, restons vigilants, faisons tout pour que les pesticides ne soient pas demain l'amiante de l'agriculture''.

La MSA envisage de développer la sensibilisation et l'information des professionnels. Un nouvel étiquetage des produits plus simple et lié aux EPI pourrait voir le jour en partenariat avec les fabricants. Le suivi sanitaire des agriculteurs pourrait également être renforcé par l'intégration d'un questionnaire santé dans le recensement agricole national 2010. La formation aux techniques alternatives aux pesticides n'est pour l'instant pas l'une de ces priorités même si ces sujets sont évoqués localement.

Réactions7 réactions à cet article

Etudiant Environnement

Bonjour,

Je suis actuellement étudiant en fin de troisième année de licence environnement et j'ai effectué au préalable un BTSA Technologies végétales (un BTS agricole).

Pour avoir été en contact avec des agriculteurs et surtout fils d'agriculteurs et ayant été leur camarade je peux confirmer qu'il existe une partie d'agriculteurs qui n'ont pas ou peu conscience de l'impact de ces produits non seulement sur l'environnement mais aussi sur leurs santé. Il n'est pas rare d'entendre "Ce produit X est interdit ?! Mince il me reste 5 bidons... Pas grave, je les passe en douce" ou "Pfff n'importe quoi de devoir mettre un masque par cette chaleur dans le tracteur ! En plus y a des vitres sur la cabine, ça passe pas"

Pour en revenir à l'environnement il faut reconnaitre que la législation en terme de stockage est (pour ce que j'ai pu en voir) peu respectée. D'après moi certains agriculteurs se sentent oppressés par la réglementation (ce qui peu se comprendre). Néanmoins il existe également des agriculteurs très consciencieux qui parfois ne peuvent pas répondre à ces contraintes (par manque de temps ou de moyens).

Pour finir j'ajouterai que tant que le monde agricole (que ce soit les agriculteurs ou les acteurs tels que la MSA) n'auront pas compris que les pesticides (d'origine chimique) sont voués à l'abandon pur et simple (que ce soit pour des raisons légales ou économiques), de l'argent inutile sera brûlé dans l'usine à gaz de la prévention des risques liés à l'utilisation de ces produits.

Très cordialement et sans animosité aucune envers les différents acteurs cités,

Mantorn (22 ans)

Mantorn | 01 juin 2010 à 09h44 Signaler un contenu inapproprié
Complément à étudiant environnement

Bonjour à toutes et tous,
Spécialiste de l'eau, mais aussi très sensible aux questions environnementales tout autant qu'au développement local en milieu rural, je ne peux qu'approuver le message de Mantorn. Je côtoie de nombreux agriculteurs ou jardiniers amateurs peu conscients des risques à manipuler les pesticides.
Si l'on poursuit leur usage tel qu'actuellement, je pense que nous allons droit dans le mur. Mais comment faire poids en face du lobby des industriels, voire des chambres d'agriculture. Peut-être que la nouvelle PAC permettra cette mutation !!!!!!!
Il faut continuer à faire en sorte que les acteurs se parlent...sans animosité, puis se mettent à construire enfin quelque chose de nouveau, un nouvel ordre dans lequel l'Homme au sein de la Nature aura toute sa place.
Gardons espoir !!!

Citoyen de la terre | 01 juin 2010 à 11h12 Signaler un contenu inapproprié
Supprimer pour remplacer par quoi?

Supprimer les pesticides c'est une idée simple. Il est illusoire de vouloir les remplacer en jouant sur les cycles lunaires.
L'agriculture bio propose le remplacement par les métaux lourds, cuivre en particulier ou par les rares insecticides naturels auquels les prédateurs s'habituent rapidement.
Plusieurs pistes:
- favoriser, financer la recherche pour la mise au point de pesticides moins toxiques pour l'environnement et pour les agriculteurs
- mettre au point des variétés résistantes aux maladies et insectes. Il existe déjà plusieurs variétés résistantes aux insectes , elles sont pour l'instant refusées par le mouvement écologiste.

VD69 | 03 juin 2010 à 09h20 Signaler un contenu inapproprié
Pourquoi simplifier les FDS ?

Bien sûr que les Fiches de Données de Sécurité des produits sont difficile à interpréter : une grande partie des informations contenues sont destinées à servir aux professionnels de la santé voire aux pompiers en cas d'accident. Il n'a jamais été question pour les applicateurs de savoir lire leur contenu mais uniquement de les avoir à disposition en cas de besoin, ce qui est obligatoire pour les produits toxiques ou classés c,m,r.
Si au moins l'étiquette est lue correctement ....

Formatrice | 03 juin 2010 à 13h23 Signaler un contenu inapproprié
Formation aux techniques alternatives aux pesticid

On peut lire à la fin de l'article : "La formation aux techniques alternatives aux pesticides n'est pour l'instant pas l'une de ces priorités même si ces sujets sont évoqués localement."
C'est là un erreur car il faut agir d'urgence en amont et faire plus de préventif que de curatif. Former les gens prend du temps car si on leur dit il faut faire différemment mais qu'on ne les forme pas aux alternatives, je ne vois pas comment un message efficace peut passer...
Pourtant pour la santé de tous et pour l'environnement, il faut se passer des pesticides qui contaminent notre eau, nos sols, notre alimentation...
De toutes façons d'ici quelques années quand le pétrole sera hors de prix on n'aura plus le choix car les pesticides (issus de la chimie) coûteront très chers et il faudra donc bien que les agriculteurs sachent faire autrement (certains le font déjà mais trop peu nombreux encore...) et pour cela il faut les former dès maintenant et anticiper, ne pas attendre de se trouver dans le mur... car il n'est pas si loin que ça le mur et ça va faire mal...

steph73 | 05 juin 2010 à 10h29 Signaler un contenu inapproprié
Re:Supprimer pour remplacer par quoi?

Le cuivre n'est qu'une petite part des alternatives aux fongicides, et ne constitue pas l'exclusivité du bio. Au contraire le cahier des charges bio est le seul à limiter son utilisation.

La résistance des ravageurs aux insecticides n'est pas l'exclusivité des insecticides naturels, c'est une réalité pour tous les insecticides mal utilisés (pléonasme).

La courses éfreinée à de nouveaux pesticides dure depuis 60 ans, le Gaucho en est un bel éxemple : beaucoup d'argent investit donc on fait ce qu'il faut pour que cela soit utilisé, toxique pour les abeilles, ou pas.

Les résistances sont depuis longtemps utilisées...on a replanté tout le vignoble français avec des pieds résistant au Philloxéra (pieds qui ont servi de porte greffe)...à la fin du XIX ème siècle...

Les variétés OGM qui sont conçues en laboratoire pour résister à des pesticides (glyphosate) ou produire un pesticide (maïs Bt) sont là non pas pour apporter un plus écologique mais de la semences brevetée non réutilisable.
Depuis quelques décennies de sélection variétale, les résistances ont été recherchées dans des espèces sauvages pour les introduire par hybridation dans des variétés cultivées...mais issues d'espèces sauvages elles ne sont pas brevetable.


L'alternative bio éxiste bel et bien même si l'exclusivité des recherches portent sur l'agriculture pesticide...
Cela consiste par éxemple à nourrir des vaches avec de l'herbe ou des produits de l'exploitation et pas gaver des vaches parquées dans un box de soja OGM d'outre atlantique.
Mais peut être que le lait bio ne rapporte pas assez aux multinationales.

Mac le Givré | 02 juillet 2010 à 00h44 Signaler un contenu inapproprié
C'est beau l'illusion, mais c'est nuisible

- Le cuivre quand c'est la seule solution de traitement on en met plus.
- Les abeilles disparaissent, c'est certains, mais entre les frelons et le gaucho, je crois plutot à la première solution surtout dans des campagnes sans grandes cultures.
- Aux USA dans la "Corn Belt", l'utilisation d'insecticides a été réduite de près de moitié depuis l'utilisation de maïs Bt. Je n'ai pas noté de résultats aussi encourageants suite au respect des cycles lunaires.
- Les sélectionneurs qui ont mis au point des variétés résistantes grace à des apports génétiques sauvages et qui n'ont pas les moyens de protéger leurs souches doivent s'adresser d'urgence auprès des producteurs floraux (Meillant par ex) pour qu'ils leur donnent les procédures . Les brevets sont une piste, pour les américains (ils n'ont pas du percuter qu'un brevet est caduque en 20 ans); la propriété intellectuelle des souches peut utiliser d'autres moyens.
- Deux types d'alimentation bovine coexistent en France. Pour faire court, alimentation laitière de base à base de céréales dont soja dont soja OGM, et alimentation AOC ou viande préférentiellement à base d'herbe ou de foin.

VD69 | 02 juillet 2010 à 15h10 Signaler un contenu inapproprié

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