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Changement climatique : le risque incendie doit être mieux anticipé

Aujourd'hui, 6.000 communes françaises sont classées ''à risque feux de forêts''. Avec le changement climatique, les zones à risque devraient s'étendre significativement d'ici 2040, notamment vers les régions du Nord de la France.

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
   
Changement climatique : le risque incendie doit être mieux anticipé
   

Chaque année en France en moyenne, 4.000 départs de feux sont signalés et 24.000 ha de forêts sont incendiés. Ainsi, 6.000 communes françaises, soit une sur six, sont classées ''à risque feux de forêts'', d'après une étude sur le risque de feux de forêts en France (1) , publiée en août par le Commissariat général au développement durable (CGDD). Les trois quarts de ces communes se situent dans la moitié Sud du territoire, en raison des essences qui y poussent mais aussi d'un climat propice au départ d'incendies.

Outre les risques pour les riverains des zones à risque, les incendies engendrent des conséquences généralement néfastes sur les écosystèmes. Après les incendies survenus entre 2000 et 2006, les forêts du Var, de la Lozère et des Alpes-de- Haute-Provence se sont restaurées beaucoup plus lentement que celles de Haute-Corse, des Alpes-Maritimes, des Pyrénées-Orientales ou de l'Hérault.

Si le nombre de feux a tendance à stagner, les surfaces brûlées sont en diminution, grâce aux interventions précoces, aux outils de surveillance des services de lutte et de secours et à la gestion forestière. Mais ces chiffres risquent d'augmenter avec le changement climatique. Alors que la surface sensible aux feux de forêts est estimée à 5,5 millions d'hectares sur la période 1989-2008, elle pourrait atteindre 7 millions d'hectares à l'horizon 2040.

Le risque incendie va croître avec le changement climatique

D'après Météo-France, le nombre annuel moyen de jours avec risque d'incendie est en augmentation sur l'ensemble du territoire français (+ 22 %) entre les périodes 1961-1980 et 1989-2008. La probabilité d'occurrence de feux de forêts a nettement augmenté dans le Sud de la France et devient significative dans le Centre, en Poitou-Charentes, en Pays de la Loire, en Bretagne et jusqu'en Île-de-France.

Les années 1997 et 2003, marquées par des températures moyennes particulièrement élevées, ont été très propices aux incendies. D'après les prévisions climatiques, ces années pourraient devenir la norme. De nombreuses études montrent en effet que le nombre de feux est assez bien corrélé aux températures moyennes annuelles observées. Par exemple, en 2003, les surfaces incendiées ont été trois fois plus importantes qu'en 1997. La raison ? Un écart de température de 0,4°C en moyenne et un facteur foudre particulièrement élevé.

D'ici 2040, les territoires à risque d'incendie de forêt devraient donc s'étendre et évoluer vers les régions du Nord de la France : le Poitou-Charentes, les Pays de la Loire, le Centre, la Bretagne, et le Nord de la région Midi-Pyrénées. Les communes de la moitié Nord pourraient même être concernées plus souvent que la moitié Sud à terme. En revanche, la Corse et les Alpes-Maritimes devraient profiter d'une pluviométrie plus abondante et voir leurs surfaces à risque élevé diminuer.

L'urgence de la prévention et de la maîtrise de l'urbanisme

''La politique de prévention des risques d'incendie de forêt repose sur 4 piliers : prévoir le risque et traiter les causes, surveiller les forêts pour détecter les départs de feux et intervenir rapidement, équiper, aménager et entretenir l'espace rural dont l'espace forestier et informer le public et former les professionnels'', note le CGDD. Si la prévision, la surveillance et l'aménagement de l'espace forestier (entretien des massifs boisés, débroussaillement, création d'allées pare-feu) ont été améliorés, la mise en place d'outils réglementaires visant notamment à encadrer l'urbanisme dans les zones à risque tarde.

Ce que prévoit le PNACC

Le Plan national d'adaptation au changement climatique prévoit plusieurs mesures sur le risque incendie :
- maintenir et développer la base de données interministérielle sur les incendies de forêt en France et en faciliter l'accès au public,
- consolider la cartographie des zones potentiellement sensibles aux incendies de forêt d'été à moyen terme (2040),
- suivre l'évolution de l'indice forêt météorologique établi par Météo France, afin d'établir un suivi en fonction du changement climatique,
- étudier le pouvoir de régénération naturelle des différents peuplements forestiers après incendie (selon leur provenance, leur caractère hybride), à l'échelle du pourtour méditerranéen, dans la perspective de définir des stratégies de plantation,
- prendre en compte des impacts potentiels du changement climatique dans les documents d'urbanisme de type SCOT ou PLU, notamment le risque incendie.
Entre 1995 et 2007, la population s'est accrue de 10 % dans les communes à risque, tandis que les surfaces de logements autorisés dans les zones naturelles et forestières de ces communes ont augmenté de 20 %. Pourtant, ''ne pas urbaniser les zones naturelles ou rurales qui deviendront probablement dangereuses et ne pas densifier les zones déjà urbanisées sur lesquelles les aléas doivent augmenter restent les meilleures stratégies pour maîtriser l'évolution de la vulnérabilité de ces zones et ne pas avoir à délocaliser ensuite'', note le Plan national d'adaptation au changement climatique (2) , publié le 20 juillet 2011.

Les préfets disposent d'outils réglementaires, les plans de prévention des risques d'incendie de forêt (PPRIF), qui délimitent les zones à risque, définissent des mesures de prévention et de protection pour les constructions existantes et limitent les nouvelles constructions. Ce PPRIF doit être annexé au Plan local d'urbanisme (PLU) et est donc opposable. Mais fin 2010, sur 6.000 communes concernées, seulement 152 plans de prévention étaient prescrits, c'est-à-dire que la procédure d'instruction par les services de l'Etat a débuté. 81 plans étaient approuvés, ils sont donc actuellement mis en application et annexés aux PLU. Tandis que 24 plans ont été appliqués par anticipation, c'est-à-dire que le PPRIF n'a pas été finalisé mais que certaines de ses prescriptions sont rendues applicables en raison de l'urgence à agir. Pourtant, les départements ayant adopté le plus grand nombre de PPRIF ont des surfaces de logements autorisées dans les zones à risque qui diminuent entre 1995 et 2007.

Vers une réglementation européenne ?

Après la publication par la Commission européenne du Livre vert sur l'impact du changement climatique, le Parlement européen a recommandé, dans un rapport rendu en avril 2011, l'adoption d'une réglementation européenne pour mieux protéger les forêts contre les incendies. Parmi les pistes d'action identifiées, le financement des plans de prévention des risques, le développement du système européen d'information sur les feux de forêt, la formation en matière de remise en état après les incendies et enfin l'interdiction de toute construction pendant une durée déterminée après un incendie de forêt.

1. Consulter l'étude du CGDD
http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publications/publication/1808/1239/risque-feux-forets-france.html
2. Consulter le PNACC
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ONERC-PNACC-complet.pdf

Réactions1 réaction à cet article

Ancien Colonel des sapeurs-pompiers de Nice, ayant combattu les feux de forêts durant 33 ans , j'apprécie que l'on prenne, enfin ,conscience du risques " Feu de Forêt " , compte tenu du dérèglement climatique qui crée une extension des zones susceptibles de subir cet calamité brutale et destructrice , vers la moitié Nord de notre territoire.
Il conviendrait néanmoins de mieux diffuser aux populations menacées des recommandations d'auto-protections.
Heureusement que des hautes autorités insistent maintenant sur la culture du risque quel qu'il soit ( inondations,éboulement etc..;)

regor85 | 02 août 2011 à 18h20 Signaler un contenu inapproprié

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