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« La survie de la tortue d'Hermann sera menacée en cas de multiplication des incendies  »

Après l'incendie de la réserve naturelle de la plaine des Maures, Jean Untermaier, administrateur de la SNPN, présente l'impact écologique du sinistre et les leçons qui peuvent en être tirées.

Interview  |  Biodiversité  |    |  L. Radisson
Actu-Environnement le Mensuel N°417
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°417
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« La survie de la tortue d'Hermann sera menacée en cas de multiplication des incendies  »
Jean Untermaier
Administrateur - Société nationale de protection de la nature (SNPN)
   

Actu-Environnement : Quel est l'impact de l'incendie sur la réserve ?

Jean Untermaier : Cette réserve fait 5 300 hectares. Quatre-vingts pour cent de la surface auraient été affectés. Pour ce qui concerne l'espèce emblématique qui est la tortue d'Hermann, les premiers recensements montrent qu'une partie importante y a réchappé. Il y a une majorité de survivantes qui ont pu trouver leur salut sous des roches, en s'enfouissant ou en se déplaçant. C'est une espèce relictuelle dans la mesure où on ne la trouve plus que dans le département du Var, précisément dans la plaine des Maures, et en Corse. Je pense qu'elle survivra à cet épisode. Mais si on se place à plus long terme, on peut avoir des doutes si on a une accélération de la périodicité des incendies dans le contexte du réchauffement climatique.

AE : Le classement de la réserve est-il justifié par la seule tortue d'Hermann ?

JU : Non pas seulement. La réserve est un témoignage du milieu traditionnel méditerranéen originel, qui est très intéressant en soi. Au-delà de la tortue d'Hermann, c'est une nature très riche. Il y a près de 240 espèces protégées, dont 70 espèces végétales. Il est difficile pour le moment de dire quel est l'impact de l'incendie sur les autres espèces. Il faudra faire le bilan après. En tout cas, l'incendie a affecté des milieux tout à fait intéressants comme le milieu herbacé qui se trouve sous la forêt. La suberaie, c'est-à-dire la forêt de chênes-lièges a, quant à elle, survécu car elle résiste au feu.

AE : Ces milieux peuvent-ils être restaurés et, si oui, combien de temps cela prendra-t-il ?

JU : Ça prendra des années. Mais d'un point de vue strictement écologique, dimensions humaines et économiques mises à part, le feu n'est pas forcément la catastrophe. Il entraîne une diversification du milieu et la nature a du répondant. Heureusement ! Avant l'époque historique, les feux étaient beaucoup plus importants car personne ne les éteignait. Le problème aujourd'hui, c'est l'accélération de leur fréquence dans le contexte du réchauffement.

AE : Quelle leçon peut-on tirer de cet événement ? Quelles mesures doivent-elles être prises ?

JU : Il y a deux points de vue qui s'opposent assez frontalement sur cette question. D'un côté, certains milieux, notamment agricoles et viticoles, disent qu'il faut renforcer la défense des forêts contre l'incendie en élargissant les voies coupe-feu. Il y a aussi l'idée de développer un éco-pastoralisme qui permettrait de maîtriser plus facilement les incendies. Cela reviendrait, sinon à faire disparaître, du moins, à banaliser ces milieux. D'un autre côté, nous, protecteurs de la nature, estimons qu'il faut renforcer la réglementation de la réserve. D'une part, pour faire face à l'urgence. Ce qui n'est pas forcément prévu dans le décret de création de la réserve. Et, d'autre part, pour réglementer la circulation de manière plus drastique qu'elle ne l'est actuellement afin de mettre les tortues à l'abri. L'une des causes de la raréfaction de l'espèce, ce sont les prélèvements humains. Les gens ramassent des tortues pour les garder… le temps qu'elles s'échappent.

AE : La nécessité de renforcer la réglementation est-elle consensuelle ?

Cette réserve a été créée en 2009 dans des conditions difficiles. Plusieurs projets étaient très menaçants pour ce milieu, en particulier un circuit automobile par la société Michelin qui aurait neutralisé près d'un millier d'hectares, mais aussi la décharge de Balançan et le golf de Vidauban. Les oppositions n'ont pas désarmé. On le voit bien aux réunions du comité consultatif de la réserve.

AE : Des enseignements sont-ils à tirer au-delà de la seule réserve de la plaine des Maures ?

JU : La SNPN a prévu la mise en place d'un groupe de travail qui va réfléchir sur la réglementation des réserves en relation avec les phénomènes d'incendie. On veut approfondir d'un côté notre connaissance des impacts écologiques des incendies et, de l'autre, voir si la protection qui découle d'une réserve naturelle nationale est suffisante pour faire face à ce genre de situation. Un phénomène que j'observe déjà depuis longtemps et qui vaut déjà depuis des décennies, y compris pour les parcs nationaux, c'est une tendance générale à l'édulcoration du régime de protection. C'est une évolution générale qui connaît peu d'exceptions. La chasse, par exemple, est par principe presque toujours autorisée dans ces zones protégées, en même temps que d'autres activités.

Réactions1 réaction à cet article

ce qui tue massivement et durablement la biodiversité sur tous les continents c'est la sécheresse, les feux ne font que terminer le travail !
Pas d'eau pas de vie, après la sécheresse et les feux il faut maintenant se préparer à des inondations tout aussi dramatique pour la biodiversité et les humains !
Les inondations et les sécheresses ne sont pas les conséquences du dérèglement climatique mais bien les causes, c'est en retenant l'eau en amont des bassins versants qu'il n'y aura plus d'inondation et donc mathématiquement plus de sécheresse et plus de canicule !

laurent | 30 août 2021 à 09h13 Signaler un contenu inapproprié

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