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Injection de biométhane dans le réseau : les professionnels restent dans l'expectative

En attendant le décret sur l'injection de biogaz dans le réseau, les pros ont débattu du fragile équilibre entre l'autorisation et la mise en oeuvre de projets à l'occasion de la conférence Biogaz Europe. Exemple sur une installation pilote agricole.

Energie  |    |  C. Saïsset
   
Injection de biométhane dans le réseau : les professionnels restent dans l'expectative
Unité de méthanisation de la SCEA du Bois Brillant / Pays-de-la-Loire
© Ets Claie
   

Mauritz Quaak et son frère rêvent d'être les premiers agriculteurs de France à injecter dans le réseau du biogaz produit à partir de l'exploitation de leur ferme-prairie située en Seine et Marne, dans la Brie boisée. Ils attendent avec impatience la parution du décret d'autorisation annoncé et surtout la précision du tarif d'achat du biogaz, pour s'assurer de l'équilibre financier du projet pilote avant d'en lancer la réalisation. "Le rendement énergétique de cette nouvelle filière méthanisation est tout à fait intéressant", précise cet homme devant les quelques 300 professionnels assistant à la conférence de Biogaz Europe 2011 ce mardi 25 octobre à Nantes. "Si avec certains digesteurs on atteint un rendement de 39 % pour la production d'électricité, il atteint 85 % pour la production de biogaz, le reste servant au fonctionnement du digesteur." D'où cette motivation pour la filière biogaz-réseau et non pour la cogénération (d'électricité et de chaleur), même si "les coûts de raccordement et d'injection sont sans commune mesure avec ceux du réseau électrique".

Impératifs techniques et investissements

Pour ces exploitants agricoles, l'idée est d'injecter le biogaz produit non pas dans le réseau de production de GRTgaz (groupe GDF-Suez) qui alimente une grosse industrie du coin par un "gros tuyau", mais dans les "petits tuyaux" du réseau de distribution des cinq communes voisines exploité en contrat de concession par GrdF (groupe GDF-Suez). "Ce qui suppose d'investir dans la pose de 3 kilomètres de canalisation depuis le village le plus proche, de prévoir des frais de branchement, et surtout une installation de compression et des frais courants de compression étant donné que le réseau est à 4 bars", explique-t-il. A quoi s'ajoutent les frais d'injection d'environ 100.000 €/an selon GrdF. Ainsi que les frais de contrôle de conformité de la qualité du biogaz injecté au niveau du poste d'injection. "Au nombre de quinze la première année, et un peu moins les années suivantes", précise Dominique Bégoc, responsable du bureau d'étude région Pays de la Loire de Gaz de France, réseau distribution.

Si Mauritz Quaak comme d'autres dans la salle s'étonnent du coût dispendieux des frais d'injection sur le réseau, dix fois supérieurs à ce qu'il a pu voir à l'étranger, il le comprend comme le moyen de répondre aux besoins d'installation du poste d'injection, de maintenance, de renouvellement, de surveillance, de redevance d'injection, etc. Par contre, il espère bien une réduction drastique des frais de contrôle qualité du biogaz au niveau du poste d'injection : environ 2.500 €/analyse. A ce prix là, un système d'analyse en continu serait peut être plus intéressant... Sachant qu'en aval, l'installation nécessite un coût d'investissement de près d'1 million d'euros, selon plusieurs intervenants à cette conférence. Etant donné qu'en plus du digesteur anaérobie de fumier, lisier, lactosérum des laiteries, poussières de céréales, CIV (Cultures intermédiaires à vocation énergétique) etc, il faut prévoir un système d'épuration du biogaz pour qu'il atteigne un taux de 97% de méthane. Et aussi un système d'odorisation du biogaz, comme pour le gaz naturel, pour qu'il soit détecté en cas de fuite (risque d'explosion et source de fortes émissions de GES !). Quant aux périodes de moindre consommation sur le réseau, un stockage à pression atmosphérique est prévu dans une fosse couverte, "avec une capacité de 8 à 10 heures le temps que les gens prennent leur douche".

(Des)équilibre financier

Dans ces conditions, l'équilibre financier d'un tel projet n'est pas acquis. Et dans la salle, les participants s'accordent sur le fait que l'injection de biogaz sur le réseau n'est pas réaliste pour les petites installations dont la capacité de production est inférieure à 50 m3/h. Quant à la transformation en carburant de véhicules adaptés pour rouler au GNV, il va falloir envisager des stations services en pleine campagne et dans des petits bourgs pour que la filière soit rentable. "Les filières énergétiques autour du gisement naturel de biomasse commencent à avoir une certaine maturité à condition qu'elles ne viennent pas concurrencer la production agricole à vocation alimentaire", estime Dominique Tremblay, maire de Varades et conseiller régional des Pays de la Loire. "Concernant la valorisation de la production du biogaz, il est évident que donner un sens à la politique énergétique ne peut se faire sans soutien public".

D'où le soutien de ce conseil régional, du conseil régional de Bretagne et de l'Ademe à l'association Aile qui a recensé un potentiel énergétique théorique d'environ 980 ktep à partir de substrats organiques provenant à plus de 80 % de la filière agricole, dans chacune des deux régions. D'où aussi le soutien du CR Rhône Alpes et de l'Ademe à Rhônalpénergie-Environnement qui, avec la Dreal et dans le cadre de l'élaboration du SRCAE Rhônes Alpes, a participé à l'estimation du potentiel énergétique annuel de production de biogaz à l'horizon 2020 : 200 Gwh/an par la filière agricole, 60 Gwh pour la valorisation des ordures ménagères hors installations de stockage de déchets non dangereux, et 60 Gwh pour la filière industrielle. Ces deux associations sont les partenaires français du projet européen Bio-méthane Regions qui vise à promouvoir ce marché au niveau européen. Déjà, un fabricant suédois propose un tracteur roulant au biogaz et en Autriche, des constructeurs automobiles se pencheraient sur le sujet.

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