Un suivi systématique des dioxines et furanes bromés (PBDD-DF) à l'émission des incinérateurs de déchets dangereux (UIDD) et de sites chimiques ne paraît pas pertinent. C'est la conclusion à laquelle parvient l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) dans une étude publiée le 6 juillet dernier et portant sur 22 lignes d'incinération réparties dans treize sites.
Ces sites ont été choisis sur la quarantaine d'installations de ce type en prenant en compte plusieurs critères : présence de brome dans les produits entrants, dispositifs d'épuration installés, niveaux d'émission en dioxines chlorées, tonnage annuel de déchets incinérés, avis des inspecteurs des installations classées. Un accord de participation a été demandé aux exploitants sélectionnés. Les sites ne sont toutefois pas identifiables dans l'étude.
« Pour chaque ligne, deux campagnes de mesurages d'un mois chacune ont été réalisées au cours du second semestre 2021, à l'occasion des contrôles habituels menés dans le cadre de l'autosurveillance », explique l'établissement public. Les auteurs de l'étude ont également recueilli les résultats des contrôles réglementaires de dioxines et furanes chlorés (PCDD-DF) et mesuré les polychlorobiphényles de type dioxine (PCB DL).
Selon le résumé de l'étude, les analyses réalisées montrent que :
- les teneurs brutes en PBDD-DF sont globalement inférieures à 0,01 nanogramme par mètre cube (ng/m03) sec à 11 % d'O2, à l'exception de deux lignes d'une même UIDD ;
- pour les dioxines chlorées, en équivalent toxique, toutes les valeurs déterminées sont faibles (inférieures à 0,006 nanogramme par mètre cube en équivalent toxique international (ng I.TEQ/m03) sec à 11 % d'O2), et donc inférieures à 10 % de la valeur limite à l'émission (de 0,1 ng I.TEQ/m03) définie dans l'arrêté du 20 septembre 2002 relatif aux installations d'incinération et de co-incinération de déchets dangereux ;
- la teneur moyenne en équivalent toxique en PBDD-DF représente globalement 5 % de la teneur en PCDD-DF correspondante. « Soit une valeur très faible », explique l'Ineris. Mais ce chiffre est obtenu en retirant une ligne présentant des résultats atypiques, avec des teneurs en PBDD-DF entre cinq et dix fois celles des PCDD-DF ;
- concernant les PCB DL, en équivalent toxique, la teneur moyenne représente 18,1 % de la teneur en PCDD-DF correspondante. Mais, là aussi, ce chiffre est obtenu en excluant deux lignes de deux UIDD présentant des « résultats très élevés », allant jusqu'à 4 073 %. « Les PCB DL représentent donc une part non négligeable de l'équivalent toxique global », conclut l'étude.
Les auteurs ont par ailleurs observé l'influence du type de traitement effectué, sec ou humide, sur la répartition des résultats des mesures de PBDD-DF. « Les teneurs brutes sont plus élevées pour les types de traitement secs, d'un facteur 10 sur la moyenne et d'un facteur 8 sur la valeur maximale. Les teneurs en I.TEQ sont un peu plus élevées pour les types de traitement secs, d'un facteur 3 sur la moyenne, mais quasiment identiques sur la valeur maximale », rapportent-ils.