Depuis, les initiatives se multiplient au niveau national et international pour mesurer la biodiversité et les impacts de l'homme sur cette dernière. Etant donné que les moyens humains, techniques et financiers sont insuffisants pour évaluer précisément la biodiversité, chaque étude met en place des indicateurs. Ceux-ci tendent à donner une idée réaliste de l'état de la biodiversité, des pressions qu'elle subit et des réponses éventuellement apportées. Ces outils favorisent également la communication à travers la mise en place d'un langage et d'un référentiel communs et permettent d'évaluer les politiques de conservation ou de compensation.
Néanmoins, comment mettre en place des indicateurs pertinents ? C'est la question qui était posée lors d'une conférence organisée par l'agence régionale NatureParif et l'association Orée, mercredi 27 mai.
Définir les bons indicateurs
Aujourd'hui, chacun y va de sa méthode pour établir les indicateurs de biodiversité. Selon Jacques Weber, du Cirad, la pertinence des indicateurs dépend des questions que l'on se pose. Que veut-on comme indicateur ? Que veut-on montrer ? En Ile-de-France, ce peut-être par exemple la multiplication des espèces invasives, l'imperméabilisation des sols…
Pour Harold Levrel, de l'Ifremer, qui a longtemps travaillé sur la question des indicateurs de biodiversité, nous avons souvent tendance à développer des indicateurs avant de développer une stratégie. Pour que ce soit pertinent, il faut faire l'inverse. Le succès de l'empreinte écologique définie par le WWF le prouve. C'est un indicateur simple, parfois même trop simplifié, mais qui permet de donner une vision sur quelque chose qui est trop complexe à mesurer.
Aujourd'hui, les indicateurs s'orientent davantage sur les fonctions et services des espèces et des écosystèmes, ce qui permet de mieux appréhender l'intérêt de préservation et de compensation. Cela aboutit à définir la valeur financière de la biodiversité, les coûts liés à sa perte et le prix d'une compensation.
Chiffrer la valeur financière de la biodiversité
Le rapport du banquier Pavan Sukhdev, celui de Bernard Chevassus-au-Louis tentent en effet de donner un prix à la biodiversité. Pas dans l'idée d'en faire une marchandise mais pour démontrer l'importance des services rendus par la diversité biologique, le coût d'une perte de cette diversité et de sa compensation.
Par exemple, le rapport Chevassus-au-Louis a identifié trois types de services rendus par la forêt, ce qui lui a permis en suite de lui donner une valeur. Les prélèvements (coupe du bois, cueillette des champignons), les services de régulation (climat, pluie, traitement naturel de l'eau…), les activités culturelles et récréatives (ballades, sport, chasse…) ont ainsi été chiffré en valeur monétaire. Par contre, certains services de régulation identifiés, comme la stabilisation du sol, n'ont pas pu être mesurés économiquement. Néanmoins, l'ensemble des services écologiques rendus par la forêt a été évalué à 970 euros par hectare et par an.
Selon le rapport, la perte des services écologiques induite par la dégradation de l'environnement pourrait représenter jusqu'à 7 % du PIB mondial en 2050, ou encore 13.938 millions d'euro par an.
En donnant ainsi un coût à la biodiversité, on donne également un coût à son gaspillage. Ces outils devraient constituer une aide à la décision, dans les choix qui sont opérés par l'Etat ou les entreprises. Selon Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'écologie, l'enjeu est que la valeur économique de la biodiversité soit intégrée dans les décisions publiques dès 2010, l'année où jamais de prendre des décisions pour stopper l'érosion de la biodiversité.