
En Indonésie, il n'y aurait plus que 45.000 à 69.000 orangs-outans vivant à l'état sauvage à Bornéo et pas plus de 7.300 à Sumatra. Ces singes, parmi les plus proches de l'homme, sont en effet victimes de la déforestation massive dans le pays, notamment en raison d'une exploitation illégale de bois exotique ou pour céder la place à des plantations industrielles de palmiers à huile.
L'Indonésie qui possède près de 80% des dernières forêts tropicales primaires d'Asie du Sud-Est (îles de Bornéo, de Sumatra et en Irian Jaya), a ainsi perdu en 50 ans 72% de ses forêts anciennes. Les plantations de palmier à huile, qui ont sextuplé depuis 1985 en Indonésie, seraient responsables, selon les Amis de la Terre, d'au moins la moitié de la réduction de l'habitat des orangs-outans entre 1992 et 2003.
Si les forêts tropicales indonésiennes sont essentielles à la survie des orangs-outans, elles ne le sont pas moins pour d'autres espèces comme le tigre de Sumatra, le rhinocéros de Sumatra ou l'éléphant d'Asie. Par exemple, le nombre d'individus de tigres est passé de 100.000 au début du XXe siècle à 4.000 aujourd'hui en Asie. Ainsi, il ne resterait plus que 400 à 500 tigres à l'état sauvage sur l'île de Sumatra, selon le WWF.
Par ailleurs, d'après un rapport de Greenpeace, publié en marge de la conférence internationale ICOPE sur le palmier à huile et l'environnement qui s'était tenue en Indonésie en novembre 2007, la destruction des forêts et tourbières en Indonésie, pour répondre à cette demande d'huile, accélère le réchauffement climatique provoquant l'émission de 1,8 milliard de tonnes de CO2 chaque année, soit 4% des émissions mondiales annuelles de gaz à effet de serre.
A Sumatra et à Bornéo, les forêts sont détruites si rapidement qu'elles auront disparu à 98% en 2022 si des actions urgentes ne sont pas entreprises, avait prévenu le PNUE dans un rapport publié en février 2007 .
Dans ce contexte, à l'occasion du Congrès mondial de l'UICN à Barcelone, le Gouvernement Indonésien et le WWF ont annoncé le 10 octobre la signature d'un accord historique destiné à protéger les forêts tropicales et la biodiversité qu'elles abritent dans l'Ile de Sumatra qui a perdu, selon le WWF, 48 % de son couvert forestier naturel depuis 1985.
Cet accord engage tous les gouverneurs des 10 provinces de Sumatra, ainsi que les Ministres indonésiens de la forêt, de l'environnement, de l'intérieur et des infrastructures à restaurer les écosystèmes en danger de Sumatra et protéger les sites à haute valeur de conservation, explique Roosita Hermien, Ministre député de l'environnement.
Les gouverneurs vont maintenant travailler ensemble pour développer des plans pour une approche spatiale de la gestion des écosystèmes qui serviront de base pour le développement futur de l'île, précise-t-elle.
Comme plus de 13 % des forêts qui subsistent à Sumatra sont des forêts de tourbières, si l'on arrête la déforestation de ces forêts, Sumatra participera significativement à atténuer le changement climatique, déclare Marlis Rahman, Vice Gouverneur de la Province Ouest de Sumatra.
Pour le WWF, cet accord est une note d'espoir pour endiguer la disparition des forêts tropicales indonésiennes.